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Moyen Orient et Monde - Interview express

Vers une reconnaissance internationale du gouvernement d’union de l’opposition vénézuélienne ?

Le président de l’Assemblée nationale entouré des députés de l’opposition, lors d’une conférence de presse hier. Federico Parra/AFP

L'élection de l'Assemblée constituante au Venezuela était organisée dimanche par le président Nicolas Maduro pour asseoir son pouvoir. Émaillée de violences, elle a été vivement critiquée à l'échelle internationale. Spécialiste de l'Amérique latine et chercheur à l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), Christophe Ventura analyse pour L'Orient-Le Jour les conséquences de ce scrutin sur le pays.

 

Les États-Unis ont promis des « mesures fortes et rapides contre les architectes de l'autoritarisme » après l'élection de dimanche. Que peut-on attendre de leur part ?
Une décision unilatérale des États-Unis concernant ses importations de pétrole vénézuélien serait très encombrante pour le pays. Mais honnêtement, nous n'en sommes pas encore là. Rien ne laisse actuellement présager une telle décision. Il faut savoir que cette mesure ne ferait pas l'unanimité aux USA. Une bonne partie du secteur pétrolier américain, qui vit majoritairement du pétrole importé du Venezuela, y serait opposé. Cela représente quand même 800 000 barils par jour. De nombreux emplois pourraient être menacés. Je pense que les États-Unis vont maintenir les sanctions économiques décrétées par Obama et en vigueur depuis 2015. Ils ont aussi imposé, il y a cinq jours, des sanctions ciblées contre des responsables gouvernementaux. Il serait aussi symboliquement possible que les Américains reconnaissent le gouvernement d'union nationale que semble actuellement mettre en place l'opposition.

 

(Pour mémoire : Vote sous tension au Venezuela)

 

 

De nombreux pays d'Amérique du Sud, comme la Colombie, le Panama ou bien l'Argentine, ont annoncé qu'ils ne reconnaîtraient pas cette Assemblée constituante. Quel impact cette décision peut-elle avoir sur le Venezuela ?
Cela dépend. Concrètement, à ce stade-là, aucun. Mais symboliquement et politiquement, les conséquences peuvent être multiples. Cela va dépendre de l'opposition et de la construction d'un gouvernement d'union nationale. Il est possible que ces pays-là, très critiques depuis longtemps envers Nicolas Maduro, soutiennent cette nouvelle instance comme pourraient le faire les USA. Cela plongerait le pays dans un conflit de longue durée, avec une polarisation croissante autour de laquelle se réorganiseraient les rapports géopolitiques régionaux. Les pays de droite et libéraux soutiendraient l'opposition, et les pays « progressistes », comme le Nicaragua ou Cuba, resteraient indéfectiblement solidaires du Venezuela.

 

L'intervention armée d'une puissance étrangère pour destituer Nicolas Maduro est-elle envisageable ?
Cela me paraît assez peu probable. Ce genre d'intervention renforcerait le bourbier dans lequel est plongé le pays. Après, il peut y avoir d'autres formes d'actions, dont est coutumière l'Amérique latine. On pense notamment à l'envoi de groupes paramilitaires des pays voisins pour renforcer l'opposition et destituer Maduro. Des rumeurs courent actuellement dans le pays sur la mise en place prochaine d'un tel dispositif.

 

Le président Nicolas Maduro bénéficie-t-il de soutiens internationaux ?
Oui. Au niveau régional tout d'abord, il peut compter sur le soutien indéfectible de pays comme Cuba, le Nicaragua, la Bolivie et l'Équateur. L'Uruguay se place, elle, à mi-chemin. Elle joue un rôle de conciliateur et souhaite éviter la polarisation trop forte du conflit. À l'échelle internationale, la Russie et la Chine représentent deux alliés de taille pour le président Maduro. Les deux pays possèdent une forte présence militaire sur place. La Chine investit énormément. Le Venezuela est son deuxième partenaire commercial à l'échelle mondiale. La Russie critique toute forme d'ingérence étrangère. Cependant, aucun élément ne permet de dire, à l'heure actuelle, que les militaires russes et chinois pourraient combattre aux côtés de Nicolas Maduro en cas de militarisation du conflit.

 

 

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