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Liban - Que faire ce week-end

Ehden, l’Éden qui ne vous est pas interdit...

Une vue panoramique du village.

« C'est ainsi qu'il chassa Adam ; et il mit à l'orient du jardin d'Éden les chérubins qui agitent une épée flamboyante, pour garder le chemin de l'arbre de vie. » Le paradis fut alors interdit aux hommes. Ce devrait être la seule version de la Genèse proposée aux croyants. Mais les Ehdeniotes, tout aussi croyants, ont une autre histoire à vous raconter. Elle n'est pas forcément plus moderne, mais certes beaucoup plus amusante.
Dans la version ehdeniote, Dieu s'est montré un peu plus clément. Ainsi, il interdit le paradis à l'homme, mais il exclut de son ultime châtiment ce petit village de la montagne libanaise. Pourquoi ? Parce que, dit-on, ses hommes ont le visage tourné vers les étoiles et le menton un peu hautain. Ses femmes, reines de la kebbé, manient la magie du bout des doigts et en déposent le secret au fin fond des mortiers.
Si la beauté exceptionnelle du site d'Ehden et l'inévitable rapprochement entre Ehden et Éden ont favorisé la croyance que c'est l'emplacement réel du paradis terrestre, les Ehdeniotes l'ont, de leur côté, confirmée. Ne remettez surtout pas en cause leurs certitudes. Dans leur paradis, qui peut être le vôtre aussi, ils sont à la fois les pécheurs et les chérubins.

 

Une étendue verte
Pour ce qui est de leur rôle de chérubins, les Ehdeniotes ont, Dieu merci, su préserver jusqu'aujourd'hui la réserve naturelle d'Ehden, comme ils le feraient pour les pupilles de leurs yeux. Surplombant le village, Horsh Ehden, tel que les habitants l'appellent couramment, est une zone naturelle protégée, dernier témoin des forêts antiques du Liban, caractérisée par une grande diversité biologique. Elle est l'objet de visites scientifiques de spécialistes des sciences de la vie et de la terre du monde entier. Elle devrait faire également l'objet de la vôtre.

Garez votre véhicule à l'entrée de la réserve, à la fin de la route Nebeh Jouit. Oubliez vos portables dans votre voiture parce que le réseau téléphonique y est capricieux. De toute façon, à qui voudrait-on parler lorsqu'on a la chance de communiquer avec Dieu ? C'est ce qu'a dit d'ailleurs Saïd Akl pour décrire le village : « À Ehden, non seulement l'on peut contempler la face de Dieu, mais le saluer également. »
Prenez donc les escaliers qui vous mèneront, au fur et à mesure de votre montée crescendo, vers la réserve. Même à bout de souffle, une fois arrivé, vous vous rendrez compte que vous venez tout juste de prendre le Stairway to heaven. Et d'y arriver ! Une étendue couverte de forêts de pins, de sapins et de cèdres est aussitôt perceptible. Une couleur unique dont les nuances sont loin d'être unifiées : le vert des campagnes, de la petite enfance et des grands souvenirs.

Outre la randonnée, la réserve donne aussi accès à certaines activités sportives, comme la descente en rappel, l'escalade, le parapente, la tyrolienne, la spéléologie et le tir à l'arc. Un espace camping pouvant accueillir près de 250 personnes est également aménagé.

 

(Pour mémoire : En 2016, Akkar el-Atika et Ehden se sont battus jusqu'au bout)

 

Les plaisirs se multiplient...
Comme vous venez de perdre quelques calories grâce à la randonnée, il est maintenant temps de les reprendre... doublement. Kebbé nayyé (crue), kebbé nature, kabkoubé (boulette de kebbé) et la célèbre kebbé arass (grande boule) farcie de graisse vous attendent dans tous les restaurants de cuisine libanaise à Ehden. Pour une vue qui donne sur les montagnes vertes, dirigez-vous vers la route Nebeh Mar Sarkis et Bakhos. Une série de restaurants apparaîtra au bout de la rue. Patientez, vous n'êtes pas encore arrivé à destination.

Continuez dans la petite ruelle à gauche, faites fi du paysage peu ordonné, jusqu'à arriver au restaurant qui porte si bien son nom : al-Arzé. Pour ceux qui préfèrent une cuisine internationale, prenez la rue principale al-Moghtaribin et installez-vous chez Alonso. Leur atout, outre les plats succulents ? Les desserts signés « Crimes de la crème » que vous voudriez commettre sans le moindre sentiment de culpabilité.
Le soir, rendez-vous au cœur du village, la place Midane. Le cœur battant d'Ehden n'a jamais vieilli. La place Midane grouille de monde, à n'importe quel moment de la journée. Toutes belles, jeunes ou pas assez, les femmes s'installent pour siroter un jus d'orange. Les hommes, de leur côté, jouent aux cartes dans les cafés qui leur sont consacrés avec les nappes vertes et les hurlements de joie ou de frustration. Les enfants, eux, courent sur la place, autour de la fontaine. Installez-vous au café Aayrout qui continue, depuis des décennies, de servir le meilleur « sahlab » vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept.

Pour les amateurs de cette face quelque peu « urbaine » de ce lieu de villégiature, vous n'avez qu'à grimper un petit escalier au beau milieu de la place Midane pour vous retrouver dans votre chambre d'hôtel au Provençal. Pour ceux qui sont à la recherche de la sérénité, votre destination ultime serait Belmont Hotel, avec une vue qui donne sur Saydet el-Hosn et une terrasse où les habitants d'Ehden, résidents ou pas de l'hôtel, se rendent quotidiennement. Où que vous dormiez, n'acceptez pas de prendre le petit déjeuner à l'hôtel parce que l'octogénaire « Em Jouwwed » (et non pas « Jawad », si vous voulez respecter l'accent de la région...), fondatrice de la pâtisserie Angela, s'est levée à 4 heures du matin pour vous préparer des croissants « sans égal à Paris même », à en croire les Ehdeniotes et leurs visiteurs.

 

 

 

Paradis pour le tourisme religieux
Pour profiter à fond d'une visite à Ehden, il est impératif de faire un tour dans les différents églises et monastères qui font toute la richesse du patrimoine religieux du village. Une visite à l'église Mart Moura, construite en 1339, s'impose. Il s'agit du seul vestige préservé du premier monastère où les trois ordres monastiques maronites ont vu le jour il y a trois siècles.

Non loin de cette église se trouve le couvent Mar Yaacoub al-Ahbèche, résidence du grand ermite français François de Chasteuil, qui abandonna sa famille à Aix pour devenir ermite dans ce secteur. On raconte que dans des lettres qu'il envoyait à sa famille, il écrivait : « On ne sait rien de la chrétienté tant qu'on n'a pas vécu dans cette région. » Continuez votre tournée dans ce paradis pour le tourisme religieux et rendez-vous au couvent Saints-Sarkis-et-Bakhos, légué avec son vaste domaine à l'ordre des antonins par les cheikhs Douaihy, lieu de consécration à la prêtrise du jeune Istphan Douaihy, qui deviendra le plus grand patriarche maronite de tous les temps. Et n'oubliez pas de passer par l'église Mar Méma, première église maronite du Levant, dont les murs gardent des fresques où l'on peut détecter de l'ancien grec. Couronnez votre tournée par une visite de Saydet al-Hosn, forteresse avancée d'Ehden et du « pays maronite » dominant les plaines et la mer, tout au long de leur histoire agitée. Une statue de la Vierge Marie, la plus grande statue en granite de tout le Liban, y culmine. Attention, allez à la recherche de la petite église de Saydet el-Hosn, l'originale, où la Vierge siège sous un faisceau de lumière bleue. Et si dans la réserve vous êtes parvenu à communiquer avec Dieu, il est très probable que, dans cette petite église de Saydet el-Hosn, il vous répondra.

 

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