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Nos Lecteurs ont la Parole - par Sylvain THOMAS

La vraie amitié existe-t-elle ?

On ne peut pas espérer que les gens soient autres qu'ils ne sont. Cette pensée guide un très grand nombre de personnes dans les circonstances les plus graves de leur vie, celles où l'amitié est en jeu.
Un véritable ami se préoccupe des autres, de ce qu'ils pensent, de ce qu'ils ressentent, de ce qui les fait souffrir. Faute d'aimer les gens, on peut être pour eux une connaissance agréable, mais l'amitié, c'est une autre affaire ! On doit s'efforcer de comprendre ses amis, leurs espoirs, leurs craintes et leurs aspirations. Il y a tout de même un reste de dignité humaine qui se fait jour à travers les personnes que l'on connaît, qu'elles soient pauvres ou aisées.
La pierre d'achoppement de l'amitié est souvent dans la gêne qu'elle impose. En général, nous possédons quantité de généreux instincts que nous oublions de suivre ou que nous ne trouvons pas commode de mettre en pratique. La majorité des gens que nous rencontrons sont bien ou peu disposés. Dans l'ensemble, ils désirent agir avec générosité, s'ils peuvent s'en tirer sans trop de dérangements personnels. Ils sont pleins d'égards pour les chagrins et les besoins des autres, s'ils en ont le temps ou si l'occasion se présente. Il faut non seulement cultiver ses amis, mais cultiver en soi ses amitiés ; il faut les conserver avec soin, les soigner, échanger avec eux pour ainsi dire.
L'amitié est une plante qu'il faut soigner, arroser et surveiller pour qu'elle produise des fruits sains et délicieux. Il faut s'obstiner à inscrire ce que nous avons à faire. Féliciter une connaissance parce qu'elle a réussi à décrocher son doctorat, visiter à l'hôpital un camarade de bureau malade sont des gestes de vraie amitié.
L'amitié est une chose à laquelle on ne peut pas toucher, une sorte de halo qui entoure complètement un être, avec tout ce qu'il offre de bon et de mauvais, et l'embrasse dans sa totalité. Si on sympathise avec quelqu'un, si on se lie d'amitié avec lui, c'est que, tout au fond de lui, on a discerné quelque chose d'attirant et d'aimable, qui a du cachet, de la beauté ; et cependant, il peut se trouver — comme il nous arrive à tous — que de temps à autre un ami parmi les amis trahisse cette amitié qui nous était coutumière. S'il est notre ami, deux choses nous sont interdites : d'abord, on ne doit pas le blâmer ; ensuite, on ne doit pas le rayer de notre liste, sous prétexte qu'il s'est enivré, qu'il a fait une bêtise ou qu'il s'est comporté sans discernement. Pour certains d'entre nous, il est cruel de critiquer un ami autrement qu'en plaisantant. Il est préférable de laisser à d'autres ce soin. Puisqu'ils ne sont pas de ses amis, ils ne peuvent pas lui faire de peine.
Certains hommes aiment mieux croire et se tromper que de ne pas croire, et avoir raison. Voilà ce que nous devons attendre d'un ami. Rien n'a tant de poids sur le cœur humain que la voix de l'amitié bien reconnue ; car on sait qu'elle ne nous parle jamais que pour notre intérêt ; on peut croire qu'un ami se trompe, mais non qu'il veuille nous tromper ; quelquefois on résiste à ses conseils ; mais jamais on ne les méprise.
Nous sommes certains qu'il y a plus de vrais amis et de vraies amitiés que nous ne le croyions. Après avoir minutieusement observé la nature humaine, on a été amené à cette conclusion que l'individu moyen est meilleur qu'il ne paraît, et non pire.
Celui qui se pique d'une sincère bienveillance ne devrait pas juger trop sévèrement chez les autres les fautes de tact, les maladresses, le manque apparent de gratitude ou de reconnaissance. Tant de gens sentent vivement, sans avoir le don de le manifester ! Certains paraissent grossiers, qui sont seulement timides, ou semblent ingrats parce qu'embarrassés. Il est, au contraire, plus aisé, pour d'autres, de parler que de sentir. À ces malheureux, une qualité primordiale fait défaut : la sincérité. Le mensonge peut résonner agréablement, il n'a pas le son argentin de la vérité. Dans les relations humaines, la dissimulation tinte à la manière des cymbales.
Et surtout, l'amitié est, à notre sens, la source inépuisable du pardon. C'est en elle que nous puisons la force de tuer le ressentiment qui, s'il persistait en nous, empoisonnerait notre âme. Celui qui ne peut offrir un pardon sur une offense mortelle est un apprenti qui ne sait pas vivre. Rien n'est plus durable qu'une amitié réelle. Si elle passe, c'est qu'elle n'est pas vraie, qu'elle s'est égarée dans la multitude des relations banales et n'a pas su pénétrer dans le cercle intime du véritable dévouement.

 

On ne peut pas espérer que les gens soient autres qu'ils ne sont. Cette pensée guide un très grand nombre de personnes dans les circonstances les plus graves de leur vie, celles où l'amitié est en jeu.Un véritable ami se préoccupe des autres, de ce qu'ils pensent, de ce qu'ils ressentent, de ce qui les fait souffrir. Faute d'aimer les gens, on peut être pour eux une connaissance...

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