Le président américain Donald Trump a accusé mardi le Qatar, pourtant allié des Etats-Unis, de financer les extrémistes, prenant fait et cause pour l'Arabie saoudite et des pays amis qui ont rompu avec ce riche émirat gazier du Golfe.
Sur Twitter, M. Trump a écrit que l'isolement du Qatar marquera "peut-être le début de la fin de l'horreur du terrorisme", indiquant que "tous les éléments pointent vers le Qatar" dans le financement de l'extrémisme religieux.
So good to see the Saudi Arabia visit with the King and 50 countries already paying off. They said they would take a hard line on funding...
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) June 6, 2017
...extremism, and all reference was pointing to Qatar. Perhaps this will be the beginning of the end to the horror of terrorism!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) June 6, 2017
Allié de longue date des Etats-Unis, le Qatar abrite la plus grande base aérienne américaine dans la région, siège du commandement militaire chargé du Moyen-Orient. La base d'Al-Udeid est cruciale pour la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie et Irak, menée par la coalition internationale dirigée par Washington et dont fait partie Doha.
Le Pentagone a toutefois assuré que les opérations militaires américaines au Qatar n'étaient "pas affectées" par la crise. "Au niveau des opérations militaires, il n'y a pas eu d'impact", a déclaré le porte-parole du Pentagone Jeff Davis.
Face à cette crise inédite, le Koweït a entrepris une médiation et l'émir Sabah Al-Ahmad Al-Sabah est arrivé à Jeddah, dans l'ouest saoudien, pour rencontrer le roi Salmane.
Lundi, l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, l'Egypte, le Yémen ainsi que les Maldives avaient annoncé rompre toute relation avec le Qatar, accusé de "soutenir le terrorisme", une décision qui a eu l'effet d'un séisme dans la région. S'ajoutent à la rupture des liens diplomatiques une suspension de vols aériens, des mesures économiques comme la fermeture des frontières terrestres et maritimes avec le Qatar, ainsi que des interdictions de survol aux compagnies qataries ou des restrictions aux déplacements des personnes.
Dès lundi, l'émir du Koweït avait reçu un conseiller du roi Salmane et appelé l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani pour l'inviter à la "retenue".
(Lire aussi : Quand le funambule qatari vacille, l'édito d'Emilie Sueur)
"Pas d'escalade"
Le Qatar a ensuite donné l'impression de chercher une issue à la crise, en appelant à un "dialogue ouvert et honnête". S'exprimant sur la télévision Al-Jazira, le chef de la diplomatie de l'émirat, cheikh Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani, a assuré qu'il n'y aurait "pas d'escalade" de la part de son pays et répété à l'occasion le caractère "stratégique" des relations avec les Etats-Unis.
Cette chaîne basée au Qatar a dénoncé, dans un communiqué, la fermeture, annoncée lundi par les autorités saoudiennes de son bureau à Riyad, y voyant une mesure "injustifiée".
(Lire aussi : Quelles répercussions de la crise du Golfe sur les Libanais ?)
Des pays, comme la Turquie, essaient aussi de jouer les médiateurs dans la crise, la plus grave depuis la naissance en 1981 du Conseil de coopération du Golfe (CCG - Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Qatar, Koweït, Oman).
Le souverain saoudien a reçu un appel téléphonique du président turc Recep Tayyip Erdogan qui selon son porte-parole, a entrepris "des efforts diplomatiques".
De son côté, la France a souhaité que "les tensions actuelles dans la région du Golfe soient résolues par le dialogue". Dans ce contexte, le chef de la diplomatie française doit s'entretenir mardi avec ses homologues saoudien et qatarien. "Nous avons un dialogue régulier et de longue date avec l'ensemble des pays de la région du Golfe, comme avec l'Egypte", a souligné le ministère français des Affaires étrangères.
Paris entretient de bonnes relations, notamment commerciales, avec tous les pays concernés, et a vendu en 2015 les avions de chasse Rafale à l'Egypte et au Qatar.
(Lire aussi : Crise dans le Golfe : la suspension de vols avec le Qatar entraîne des perturbations)
Alliés à la fois de Riyad et de Doha, les Etats-Unis avaient invité dès lundi les pays du Golfe à rester "unis" par la voix du secrétaire d'Etat Rex Tillerson. Mais, mardi le ton a changé avec les tweets de M. Trump, qui a aussi établi un lien entre son discours en mai à Riyad sur l'extrémisme islamiste et la décision d'isoler le Qatar. "Durant mon récent voyage au Moyen-Orient, j'ai affirmé que le financement de l'idéologie radicale devait cesser. Les dirigeants ont montré du doigt le Qatar - Et regardez !" a écrit le président.
Riche pays gazier à la politique étrangère controversée, le Qatar avait au départ réagi avec colère à la décision de rupture, accusant ses détracteurs de vouloir le mettre "sous tutelle" et de l'étouffer économiquement.
Le Qatar a toujours poursuivi sa propre politique régionale, affirmant son influence par le sport -il accueillera le Mondial 2022 de football- et par les médias avec Al-Jazira. Il est aussi accusé d'entretenir des liens avec les réseaux jihadistes el-Qaëda et EI, ainsi que les Frères musulmans classés "terroristes" par certains pays arabes.
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DES CHIMPANZERIES A LA PELLE !
LA LIBRE EXPRESSION
17 h 07, le 07 juin 2017