Le Conseil des ministres a tenu une séance hier au palais de Baabda, sous la présidence du chef de l'État, Michel Aoun. Dans un deuxième temps, c'est le Premier ministre Saad Hariri qui a pris la relève, en raison de la participation du président de la République à une cérémonie à l'Université libanaise.
Prenant la parole au début de la séance, M. Aoun a exhorté les formations politiques à aller de l'avant dans l'adoption d'une nouvelle loi électorale, notant que les « Libanais s'attendent à ce que le nouveau texte reflète une représentation juste et réelle au sein des communautés ». Exprimant l'espoir que les débats soient « rapides », Michel Aoun a fait valoir que « tout le monde refuse la prorogation de la législature ». « Le Conseil des ministres refuse toute prorogation » du mandat de la Chambre, a martelé le chef de l'État, soulignant qu'il était « nécessaire de respecter la Constitution ». « En cas de désaccord, il va falloir qu'il y ait un vote sur les projets de loi électorale, mais nous espérons aboutir à un accord », a encore lancé M. Aoun, qui s'est par ailleurs félicité des mesures de sécurité prises par les forces de l'ordre dans le cadre de la lutte contre les groupes terroristes.
À son tour, Saad Hariri s'est montré très optimiste concernant la loi électorale. Dans son intervention, le chef du gouvernement a été jusqu'à déclarer : « Nous sommes sur le point d'aboutir à une solution globale et nous devons encore faire des efforts pour voter un nouveau texte. Le pays est face à une occasion historique de traiter les causes des problèmes qui concernent les Libanais. »
En dépit du forcing effectué par Michel Aoun et Saad Hariri pour aller de l'avant dans l'adoption d'une nouvelle formule électorale, des sources ministérielles bien informées ont indiqué à L'Orient-Le Jour que les ministres se sont contentés de passer en revue les contacts menés actuellement pour la mise sur pied d'un nouveau code.
Dans les mêmes milieux, on fait valoir que la question du vote d'un texte en Conseil des ministres a été évoquée lors de la séance gouvernementale d'hier. Au lendemain du discours du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors duquel il avait plaidé pour une formule électorale qui bénéficierait de l'aval de tous les protagonistes – excluant ainsi le vote –, ce sont les ministres Marwan Hamadé et Ayman Choucair (joumblattistes) ainsi que Talal Arslane qui ont opposé un veto catégorique à cette option, dans la mesure où il s'agit d'une loi essentielle. Ils ont également mis en garde contre le vide institutionnel.
Face à cette situation complexe, le cabinet Hariri n'a pas trouvé meilleure « solution » que celle de redynamiser le comité ministériel ad hoc chargé du dossier de la législation électorale. Celui-ci avait tenu une seule réunion le 11 avril dernier, à la veille de la séance parlementaire du 13 avril suspendue par Michel Aoun, en vertu de l'article 59 de la Constitution.
(Lire aussi : Le Hezbollah réaffirme son attachement à la proportionnelle intégrale)
« Retouches cosmétiques »
Si d'aucuns s'attendent à ce que les débats autour du nouveau code électoral soient relancés, les proches des participants à la réunion d'hier se veulent beaucoup plus pessimistes. L'un d'eux va jusqu'à dire à L'OLJ que « ce comité ne peut qu'être assimilé à des retouches cosmétiques pour masquer l'incapacité du cabinet à faire progresser la réforme ». Selon lui, la date de la réunion du comité ministériel n'a même pas encore été fixée.
De son côté, Michel Pharaon, ministre d'État à la Planification, dresse pour L'OLJ le constat suivant : « L'incapacité à résoudre cette crise qui ne fait que s'amplifier depuis plus d'un mois exige un mécanisme bien défini, qui soit le fruit de plusieurs concessions, d'autant que le pays n'est pas en mesure de supporter les conséquences fâcheuses d'une crise politique ouverte. »
Bras de fer
Si l'équipe ministérielle dirigée par Saad Hariri a réussi à approuver l'ordre du jour, un bras de fer autour du plan de l'électricité présenté par le ministre de l'Énergie et de l'Eau, César Abi Khalil, a brisé l'atmosphère calme de la réunion.
Selon notre correspondante Hoda Chedid, c'est le Premier ministre qui a soulevé la question. Les ministres FL ont donc saisi l'occasion pour demander une modification du cahier des charges, en vue de permettre au Conseil des ministres de contrôler la mise en application du plan. Une proposition que MM. Aoun et Hariri ont refusée catégoriquement.
Un cadre FL interrogé par L'OLJ estime que ce refus « vise principalement à maintenir le plan douteux de M. Abi Khalil qui ne respecte pas les critères environnementaux ». Selon ce proche de Samir Geagea, ce bras de fer explique aussi le fait que certaines clauses de l'ordre du jour, relatives à des ministères détenus par les FL, n'ont pas été avalisées.
Pour ce qui est des décisions, le ministre Pierre Bou Assi a rapporté, lors de la lecture du communiqué à l'issue de la séance, que M. Hariri a proposé la création d'une commission ministérielle qui étudiera le dossier des carrières et prendra les mesures nécessaires. Il a également affirmé que le Conseil des ministres a adopté le projet du pont de Jal el-Dib (en forme de 2 L). Le gouvernement a aussi accepté de transmettre les données des télécommunications aux services de sécurité sur une durée de six mois.
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commentaires (4)
Voici les gloires nationales qui sont censées diriger notre pays: 1 chef de l'Etat...qui sert à quoi...au juste...mis à part de quitter une séance du gouvernement pour assister à une énième cérémonie ? 30 ministres incapables et inutiles, mais qui nous coûtent leurs salaires etc. Et, pour immortaliser ces 31 lumières, des journalistes aux aguets... Bons...puis après...quoi de neuf sous le ciel libanais ? Irène Saïd
Irene Said
11 h 17, le 05 mai 2017