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Moyen Orient et Monde - Éclairage

L’attentat des Champs-Élysées aura-t-il un impact sur la présidentielle ?

L'attentat commis jeudi soir sur l'avenue la plus connue du monde a bousculé la campagne présidentielle française et remis la question sécuritaire au centre des débats.

À trois jours du scrutin du premier tour, une fusillade revendiquée par le groupe État islamique a éclaté sur les Champs-Élysées, à Paris, entraînant la mort d'un policier et blessant deux autres. Un message manuscrit défendant « Daech », acronyme arabe de l'État islamique, a été retrouvé près du corps du tueur, Karim Cheurfi, abattu par la police. Un fusil à pompe, deux gros couteaux et un Coran ont également été découverts dans le véhicule de ce Français de 39 ans. L'attaque a rapidement été condamnée par l'ensemble des grandes organisations musulmanes de France, qui l'ont qualifiée de « lâche et barbare ».

Cette nouvelle attaque n'est pas une surprise, étant donné que la France a été la cible de multiples attentats ces dernières années et que le niveau d'alerte sécuritaire était au plus haut. Mais elle suffit à réalimenter un climat de peur et de tensions, qui fait le jeu des discours alarmistes de la droite et de l'extrême droite.

La fusillade de jeudi, mais également l'arrestation mardi à Marseille de deux hommes prévoyant un attentat « imminent » ont en tout cas recentré les dernières heures du débat politique avant le premier tour sur la lutte contre le terrorisme, qui n'avait pas été le thème central de cette campagne jusqu'alors. « Le public français, dans sa très large majorité, n'était pas demandeur et avait d'autres attentes », note le politologue Thomas Guénolé, contacté par L'Orient-Le Jour. Le Premier ministre Bernard Cazeneuve a toutefois tenté de calmer le jeu en rappelant que « rien ne doit entraver le rendez-vous démocratique » de la présidentielle.

 

(Lire aussi : L’invité du soir, l'éditorial de Issa GORAIEB)

 

Résilience
Après une série d'attentats commis sur le sol français ces deux dernières années et revendiqués par l'EI, l'impact du dernier en date sur les résultats du premier tour reste tout à fait incertain. Si le président américain Donald Trump estime que l'attentat de Paris « aura un gros effet » sur l'élection française et « aidera probablement » la candidate du Front national Marine Le Pen, les experts et les instituts de sondage restent plus nuancés.

A contrario de Donald Trump, plutôt prompt à surfer sur le registre de l'émotion, la population française se montre assez résiliente, selon les experts. « Les Français vivent peu ou prou avec l'idée que la campagne s'inscrit dans un contexte d'attentats potentiels », abonde Jean-Daniel Lévy, directeur du service politique et opinion (Harris Interactive), interrogé par Reuters. « Il n'y a aucune raison pour que les électeurs, qui savent déjà pour qui ils vont voter, modifient leur vote après une fusillade sur les Champs-Élysées », estime Thomas Guénolé.

Mais il n'est pas à exclure qu'une partie des 30 % d'électeurs indécis soient orientés dans leur choix final, après l'attaque de jeudi. L'impact de tels événements à caractère sécuritaire sur le sort d'une élection française n'a pu être étudié de près, mais certaines concomitances ont pu être notées. Par exemple, les attentats de janvier 2015 ont favorisé la percée du Front national lors des régionales en décembre de la même année. Quand Jean-Marie Le Pen s'est hissé au second tour de l'élection présidentielle de 2002, il avait notamment profité de l'affaire Paul Voise, du nom d'un retraité agressé quelques jours avant le premier tour.

 

(Lire aussi : Présidentielle française : Pour les marchés, « jusqu’ici, tout va bien »)

 

« Réponse sécuritaire plus globale
» Hier, les candidats de droite et d'extrême droite n'ont pas tardé à tenter de capitaliser sur l'attentat des Champs-Élysées, en appelant le gouvernement à durcir drastiquement une lutte antiterroriste qu'ils jugent insuffisante.

La présidente du Front national, Marine Le Pen, a demandé au président François Hollande un « ultime sursaut » et l'adoption immédiate d'une « réponse sécuritaire plus globale ». Pas de surprise donc dans la rhétorique de la candidate FN qui incarne « la réponse, bien identifiée, raciste et xénophobe à la menace terroriste », poursuit Thomas Guénolé. La candidate du FN ne devrait dès lors pas bénéficier d'un sursaut au niveau de ses soutiens.

De même pour le candidat Les Républicains. Sur le même ton, le conservateur François Fillon a appelé à être « lucide » sur une « guerre qui sera longue » et a égrené les mesures sécuritaires draconiennes qu'il appliquerait « d'une main de fer ». Le Premier ministre Bernard Cazeneuve les a en retour accusés d'« instrumentaliser » l'événement, reprochant notamment à Marine Le Pen de chercher à « exploiter sans vergogne la peur et l'émotion à des fins exclusivement politiciennes ». Le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon a, de son côté, appelé au « premier devoir » de « sang-froid ».

Emmanuel Macron, qui a été le premier à réagir à l'antenne de France 2 jeudi soir, a lui aussi dénoncé les « surenchères » de ses adversaires et promis une lutte « implacable » contre le terrorisme. « Sur ce sujet, comme sur beaucoup d'autres, il apparaît toutefois trop vert et trop approximatif », lâche Thomas Guénolé. « La fusillade sur les Champs-Élysées nous rappelle que nous vivons à une époque de tempête, et donc, dans une époque de tempête, donner les clefs à quelqu'un qui est le plus inexpérimenté de tous, et le plus approximatif de tous, c'est moins tentant », conclut-il. Selon un dernier sondage Odoxa pour Le Point publié hier, Emmanuel Macron reste néanmoins en tête des intentions de vote pour le premier tour de l'élection présidentielle, avec 24,5 % (-0,5 point), devant Marine Le Pen (23 %, +1), François Fillon (19 %, -0,5) et Jean-Luc Mélenchon (19 %, -0,5).

 

 

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commentaires (1)

5 ans de multiples et divers attentats terroristes djihadistes en France ,ce pays vit sous le régime de "l'état d'urgence " avec un plan sécurité Vigipirate renforcé ...et voilà que pour les candidats des partis de gauche , le thème de la sécurité est minoré voir occulté ! comme ce pathétique personnage Poutou , candidat de l'extrême gauche, qui veut désarmer les policiers...! avec des cancres de ce niveau le terrorisme islamique à encore de beaux jours devant lui en France ...

M.V.

12 h 13, le 22 avril 2017

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Commentaires (1)

  • 5 ans de multiples et divers attentats terroristes djihadistes en France ,ce pays vit sous le régime de "l'état d'urgence " avec un plan sécurité Vigipirate renforcé ...et voilà que pour les candidats des partis de gauche , le thème de la sécurité est minoré voir occulté ! comme ce pathétique personnage Poutou , candidat de l'extrême gauche, qui veut désarmer les policiers...! avec des cancres de ce niveau le terrorisme islamique à encore de beaux jours devant lui en France ...

    M.V.

    12 h 13, le 22 avril 2017

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