L'Autorité électorale en Turquie a rejeté les recours de l'opposition réclamant l'annulation du référendum sur les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan, alors que des militants impliqués dans des manifestations dénonçant des fraudes présumées ont été arrêtés.
Les membres du Haut-Conseil électoral turc (YSK) ont décidé à une majorité de dix contre un de rejeter les recours de l'opposition contestant la validité du référendum de dimanche renforçant considérablement les pouvoirs de M. Erdogan, selon le site officiel du YSK.
L'opposition dénonce notamment une décision de dernière minute de l'YSK de considérer comme valides les bulletins de vote non marqués du sceau officiel des scrutateurs.
Le principal parti d'opposition, le CHP, et la formation prokurde, le HDP, affirment que cette décision de l'YSK pourrait avoir favorisé la victoire du camp du +oui+ qui a remporté le scrutin d'une courte tête avec 51,4% des voix, selon un comptage provisoire des médias.
Réagissant à la décision de l'YSK, le vice-président du CHP, Bülent Tezcan, parlant à la chaîne CNN-Türk, a affirmé qu'elle provoquait une "sérieuse crise de légitimité".
"Nous activerons tous les moyens légaux", a-t-il déclaré, ajoutant que le parti établirait une feuille de route après avoir consulté des experts en droit jeudi.
Une mission commune d'observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et du Conseil de l'Europe a estimé lundi que le scrutin n'avait pas été "à la hauteur des critères" européens et souligné que la campagne s'était déroulée dans des conditions inéquitables favorisant le camp du oui.
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Militants arrêtés
Des manifestations quotidiennes qui ont mobilisé des milliers de personnes dénonçant des présumés fraudes ont eu lieu dans des quartiers d'Istanbul connus pour leur opposition au président Erdogan depuis l'annonce de sa victoire étriquée.
La police turque a arrêté tôt mercredi 16 militants de gauche à Istanbul à la suite de ces manifestations, ont indiqué un parti politique et un avocat.
Une petite formation politique de gauche non représentée au Parlement, le Parti de la Liberté et de la Solidarité (ODP), a annoncé que la police turque avait arrêté tôt mercredi le chef de sa branche d'Istanbul Mesüt Geçgel sous l'accusation d'avoir "incité à l'agitation" en questionnant la légitimité du référendum.
M. Geçgel a confirmé sur Twitter avoir été arrêté pour avoir protesté contre la victoire du oui.
L'avocat de M. Geçgel, Deniz Demirdögen, a affirmé à l'AFP que 16 personnes, dont son client, avaient été arrêtées, et que 38 mandats d'arrêt avaient été émis au total.
Aucun commentaire sur ces arrestations n'a pu être obtenu de source policière dans l'immédiat.
Parlant à Ankara mercredi matin, le Premier ministre Binali Yildirim a mis en garde contre toute manifestation de rue contestant l'issue du référendum.
"La Turquie est un Etat de droit et il ne saurait y être question d'anarchie ou d'activités (de protestation) dans la rue", a-t-il dit.
Ankara avait fermement rejeté mardi un appel de l'Union européenne à mener une "enquête transparente" sur les irrégularités présumées qui ont été constatées par les observateurs".
(Lire aussi : Face à une Turquie divisée, Erdogan doit choisir entre l'apaisement et la confrontation)
Rencontre Erdogan/Trump en mai
Les conclusions des observateurs avaient provoqué la colère du président turc qui les a sommés de "rester à (leur) place".
Si l'UE a fait connaître publiquement ses réserves, les présidents américain Donald Trump et russe Vladimir Poutine ne se sont pas encombrés de telle précautions en téléphonant à M. Erdogan pour le féliciter de sa victoire.
MM. Erdogan et Trump devraient se rencontrer avant le sommet de l'Otan en mai, a déclaré à la presse mercredi le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu.
Avec sa victoire, M. Erdogan, qui a échappé à une tentative de putsch le 15 juillet 2016, pourrait en théorie rester à la tête de l'Etat jusqu'en 2029. Il a occupé le poste de chef du gouvernement entre 2003 et 2014, avant d'être élu président.
Cette révision de la Constitution prévoit notamment le transfert du pouvoir exécutif au président, qui pourra gouverner par décrets, et la suppression de la fonction de Premier ministre.
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20 h 41, le 19 avril 2017