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À La Une - diplomatie

La relation UE-Turquie toujours à l'épreuve après le référendum

Le président Erdogan a évoqué l'organisation d'un référendum sur le rétablissement de la peine de mort, une ligne rouge qui excluerait de fait toute candidature d'adhésion.

 

La courte victoire du oui au référendum sur la réforme constitutionnelle voulue par le président turc Recep Tayyip Erdogan fait craindre un nouveau durcissement des relations avec l'Union européenne. REUTERS/Umit Bektas

La victoire étriquée du président turc Recep Tayyip Erdogan dimanche au référendum sur un renforcement de ses pouvoirs laisse augurer d'un nouveau durcissement des relations avec l'Union européenne, déjà très tendues, selon des analystes.

Dimanche soir, M. Erdogan a évoqué un référendum sur le rétablissement de la peine de mort, une ligne rouge pour l'UE qui exclurait de fait toute candidature d'adhésion. Et lundi il a enchaîné avec l'idée d'un troisième référendum, sur la poursuite ou non des négociations d'adhésion à l'UE.

"S'il pense que son discours anti-Européen peut lui faire gagner des votes, il peut poursuivre" dans cette voie, analysait lundi Esra Ozyurek spécialiste de la Turquie à la London School of Economics. M. Erdogan n'a en effet pas obtenu le plébiscite qu'il espérait, le oui l'ayant emporté avec 51,4% des suffrages, selon des résultats provisoires.

Ibrahim Dogus, directeur du Ceftus, un think tank sur la Turquie basé à Londres, jugeait lui aussi que M. Erdogan devait se montrer "de plus en plus dur sur certaines questions comme la peine de mort" afin de "galvaniser sa base". Ce d'autant plus que la grande majorité des réformes ne s'appliqueront qu'après l'élection présidentielle de 2019.

La campagne en Turquie avait déjà été marquée par un discours très virulent d'Erdgogan contre l'UE, dont il avait dénoncé des "pratiques nazies". "Il est d'autant plus important pour le pouvoir turc d'aller vite que la marge est étroite. La remise en place de la peine de mort a deux objectifs: casser encore un peu plus toute contestation interne et déclencher un arrêt formel par l'UE --et non par la Turquie-- des négociations d'adhésion", expliquait Marc Pierini, du centre de réflexion Carnegie Europe.

 

(Lire aussi : "Erdogan n'est pas seulement le leader de la Turquie, c'est un leader mondial")

 

 

Avertissement
Paris et Berlin ont émis la même mise en garde sur la peine de mort: une telle mesure serait "synonyme de la fin du rêve d'Europe" pour la Turquie, a déclaré le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel. La présidence française a vu dans l'organisation d'une consultation publique sur le sujet "une rupture avec (les) valeurs et (les) engagements" pris par Ankara.

La relation difficile entre l'UE et la Turquie, partenaires économiques mais aussi engagés l'un envers l'autre dans la gestion de la crise migratoire, pourrait le devenir "encore plus", selon Amanda Paul, analyste au European Policy Centre (EPC) basé à Bruxelles.  Néanmoins "il est clair que les presque 50% des Turcs qui ont voté +non+ attendent de l'Europe qu'elle continue à s'engager avec la Turquie", soulignait-elle.
"Certes, on sait que le processus d'adhésion est mort depuis longtemps, mais y mettre un terme officiellement serait quelque chose d'encore différent qui aurait d'énormes conséquences", ajoutait l'analyste.

Dimanche soir, l'UE a appelé au "consensus national le plus large possible" dans la mise en oeuvre des amendements constitutionnels, qui seront en outre "évalués à la lumière des obligations de la Turquie" envers l'Europe.
"Une relation entre la Turquie et l'UE basée uniquement sur l'économie et le commerce serait un énorme coup dur pour les démocrates turcs et ceux qui soutiennent la modernisation du pays. Et si l'UE continue de fermer les yeux sur les déficits démocratiques en Turquie, qu'est-ce que cela dit de l'UE comme acteur qui repose sur des valeurs", s'interrogeait Amanda Paul.

Les Européens les plus intransigeants ont d'ores et déjà réitéré leur appel à arrêter les négociations d'adhésion, comme le ministre autrichien des Affaires étrangères Sebastian Kurz ou le chef de file des socialistes au Parlement européen Gianni Pittella.

Les eurodéputés ont préconisé dès novembre le gel des négociations d'adhésion. Le rapporteur sur la Turquie Kati Piri (groupe socialiste) préfère retenir du référendum de dimanche "les millions de citoyens turcs qui partagent les mêmes valeurs européennes et qui ont choisi un avenir différent pour leur pays".
"Il y a en vérité peu d'espoir que, sous un régime constitutionnel autocratique et avec un état d'urgence qui sera prolongé ce mercredi, la Turquie revienne à une atmosphère sociale et politique apaisée. L'Europe le souhaite. Il n'est pas certain que le leadership turc y voit son intérêt", notait Marc Pierini.

 

 

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commentaires (2)

LE FANATISME RELIGIEUX EST A LA BASE... ET REVENT LES OCCIDENTAUX QUI EN ACCUEILLANT CEUX QUI LES QUALIFIENT DE MECREANTS PENSENT DE CHANGER LEURS PROGENITURES UN JOUR... AVEC LE TEMPS... LE NEGATIF Y RESTERA... DEUX NEGATIONS NE FONT PAS DES NATIONS, OU PLUTOT DETRUISENT LES NATIONS... QU,ON SE LE METTE DANS LA TETE !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 42, le 18 avril 2017

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Commentaires (2)

  • LE FANATISME RELIGIEUX EST A LA BASE... ET REVENT LES OCCIDENTAUX QUI EN ACCUEILLANT CEUX QUI LES QUALIFIENT DE MECREANTS PENSENT DE CHANGER LEURS PROGENITURES UN JOUR... AVEC LE TEMPS... LE NEGATIF Y RESTERA... DEUX NEGATIONS NE FONT PAS DES NATIONS, OU PLUTOT DETRUISENT LES NATIONS... QU,ON SE LE METTE DANS LA TETE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 42, le 18 avril 2017

  • Le retour à la culture théocratique en Turquie avec un pouvoir centralisé type sultanesque nous rappelle le proverbe « tu mets la queue du chien dans un moule pour le redresser durant cent ans il reviendra toujours à sa forme initiale » Aux pays du levant la religion est un axe politique incontournable, ils n’ont pas inventé trois religions et des dizaines de rîtes pour rien. L’occident n’est plus capable de comprendre ce phénomène pourtant l’union européenne lutte contre la résurgence des Etats-Nations souverainistes, mais reviennent au galop au moindre mécontentement.

    DAMMOUS Hanna

    11 h 19, le 18 avril 2017

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