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Cinema- - À l’affiche

Et vous, auriez-vous pardonné par amour pour votre fille ?

Réalisé par Sophie Boutros, produit par Nada Eliewat et distribué par M.C., « Mahbas » sort aujourd'hui en salle. Une comédie légère sur un sujet grave, mais qui n'entend sermonner personne.

Deux familles syrienne et libanaise sous un même toit.

Un solitaire est le symbole de l'union de deux personnes qui s'aiment, mais aussi de deux familles qui apprendront à se connaître. Sauf que cette bague, supposée sceller l'alliance de ces personnes, traduite ici à bon escient par le mot solitaire, fait allusion non seulement à la solitude des êtres confinés dans leurs préjugés, mais aussi à la prison (habs en arabe). La réalisatrice Sophie Boustros, qui a écrit le scénario à quatre mains en compagnie de Nada Eliewat, elle-même productrice du film, traite, dans le moule d'une comédie, d'un sujet délicat : celui du refus de l'autre, celui des idées préconçues et des préjugés qui emprisonnent la pensée d'une personne et l'incarcèrent dans sa solitude. Sur un ton léger, elle a su surfer sur la gravité et éviter les écueils qui auraient pu rendre le ton lourd et moralisateur. Pour elle, il n'était pas question de donner des leçons et de seulement pointer, d'un doigt accusateur, un problème auquel fait face toute l'humanité en général – et là, dans ce film, des Libanais et des Syriens.

À partir de ce concept à la fois simple et complexe, l'action s'est construite sous une forme de comédie légère, et les personnages – un très bon casting choisi parmi des acteurs et des actrices libanais(es) et syrien(nes) – sont venus compléter ce tableau humain. Julia Kassar (rôle principal) est l'axe autour duquel gravitent les autres, comme Ali el-Khalil, Séréna el-Chami, Bassam Koussa, Nadine Khoury, Jaber Jokhadar ou Betty Taoutel, apportant chacun à son tour ses singularités et son souffle. Le film pose une question épineuse et invite à la réflexion : qu'auriez-vous fait si un prétendant de nationalité syrienne venait à demander la main de votre fille alors qu'un membre très proche de votre famille avait été tué par une bombe syrienne ? Auriez-vous passé l'éponge et dépassé le problème ? Auriez-vous pardonné par amour pour votre fille ? Auriez-vous donc fait triompher l'amour sur la haine ? Autant de sentiments traités avec délicatesse et autodérision, sous l'œil vigilant et accusateur du frère disparu dont la photo encadrée trône dans la maison. Si les critiques faites à l'encontre des Syriens sont déplaisantes, ces derniers ne sont pas en reste : le regard désapprobateur qu'ils posent sur les Libanais est éloquent...

La réalisatrice ne caricature pas la vie, mais brosse au contraire des portraits justes et authentiques dans un quasi-huis clos théâtral. Dans son univers, les caractères ne sont pas manichéens, mais tout en nuances, prouvant que chaque personne pèche par ses imperfections et ses faiblesses, qu'elle est fragile. La cellule familiale ne navigue pas non plus en eau douce, mais fait face à des tempêtes violentes et souvent déstabilisatrices.

Pour son premier long-métrage, Sophie Boutros offre à voir une comédie dramatique qui vogue entre rires et grincements de dents et fait mouche.

 

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