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Liban - Conseil des ministres

Le gouvernement se débarrasse du fardeau : au Parlement de prendre les décisions impopulaires

L'exécutif fait assumer aux députés la responsabilité des taxes à trouver pour le financement de la grille des salaires.

Le Conseil des ministres poursuivant l’examen du budget.

Contrairement aux pronostics débordant d'optimisme qui avaient prédit l'adoption de l'avant-projet du budget de 2017 au début de cette semaine, celle-ci pourrait encore traîner jusqu'à la semaine prochaine.

Le Conseil des ministres, qui s'est réuni hier pendant trois heures consécutives, a certes marqué une avancée en finalisant notamment le budget de quatre ministères-clés. Mais il faudra encore patienter une petite semaine au moins pour voir enfin surgir un texte attendu depuis douze ans, soit plus d'une décennie entière au cours de laquelle le pays a fonctionné sans budget, effectuant des dépenses sur la base du douzième provisoire. Si l'adoption de l'avant-projet du budget devrait se prolonger au-delà d'un seuil normal – qui reste d'ailleurs à définir – le gouvernement se mettrait alors dans une situation d'autant plus embarrassante qu'il a pris le soin d'alléger la tâche qui lui incombait. En lançant, il y a quelques jours, la balle du financement de l'échelle des salaires dans le camp du Parlement, il s'est ainsi débarrassé de la lourde responsabilité qui lui incombait en résumant sa tâche au minimum. Et ce faisant, le gouvernement s'est également déchargé des décisions impopulaires d'aller puiser les revenus nécessaires là où le bât blesse.

Ce serait donc par le biais de l'augmentation de 1 % de la TVA, mais aussi, entre autres, à travers l'imposition de taxes supplémentaires sur les bénéfices des banques et des sociétés de financement – une suggestion qui n'enchantait pas particulièrement le courant du Futur – que la grille des salaires devra notamment être financée. Mais ce sera aux députés, réunis hier dans le cadre des commissions mixtes, d'assumer la responsabilité de telles décisions et non plus à l'exécutif qui s'est judicieusement débarrassé de ce lourd fardeau.

 

(Lire aussi : Face aux atermoiements, les Kataëb dénoncent « une menace à l'existence de l'État »)

 

Les divergences apparues hier sur ce plan entre le leader des Kataëb Samy Gemayel – qui a questionné la pertinence de ce transfert des tâches – et Ibrahim Kanaan, du Courant patriotique libre, justifiant sa régularité, annonce d'ores et déjà le climat houleux qui devra accompagner ces discussions à l'Assemblée.
Résultat pratique : le gouvernement n'a plus à repérer que près de 50 pour cent des revenus manquants, la grille des salaires devant à elle seule happer un peu moins de 50 % des revenus, comme le confirme à L'OLJ le ministre de l'Économie, Raëd Khoury.

C'est ce qui explique l'optimisme affiché hier par plusieurs ministres qui se sont targués d'avoir avalisé la première clause du projet du budget prévoyant principalement les amendements fiscaux. Parmi les nouvelles taxes envisagées, celle que l'on prévoit sur le mazout, une « décision qui a toutefois été reportée au prochain Conseil des ministres, mais qui risque de ne pas être prise en définitive », comme le confie une source ministérielle à L'OLJ. L'imposition sur la mécanique des véhicules (et non du contrôle) pourrait également être augmentée, pour ne citer que ces quelques exemples encore en suspens.

Le gouvernement a également évoqué la possibilité d'augmenter de près de 2 000 les effectifs des Forces de sécurité intérieure, une suggestion pour laquelle il faudra également trouver les fonds nécessaires, ce qui n'est pas encore acquis.

 

(Pour mémoire : L’adoption d’une loi électorale, précondition à l’approbation du budget)

 

Selon des sources concordantes, le gouvernement a progressé par ailleurs sur la discussion des budgets à allouer à chaque ministère et a avalisé ceux qui seront affectés aux portefeuilles considérés comme les plus importants, les Affaires étrangères et l'Intérieur, ainsi que les budgets de la présidence de la République et de la présidence du Conseil. Les autres ministères suivront, vendredi prochain, date de la reprise des discussions autour du budget, la séance du Conseil des ministres de mercredi devant être consacrée aux nominations sécuritaires, convenues à l'avance, sauf surprise de dernière minute. D'où une forte improbabilité pour le gouvernement de pouvoir clore les discussions sur le budget vendredi.

Prudent, le ministre de la Culture, Ghattas Khoury, qui a fait le point hier avec la presse sur la réunion du Conseil des ministres, a indiqué, en réponse à une question sur les délais, qu'il ne pouvait « prédire combien de réunions il faut encore ». Ce qui est certain, c'est qu'il n'existe « aucun lien entre l'adoption du projet du budget et l'entente autour d'une nouvelle loi électorale », devait encore assurer le ministre qui réagissait aux propos exprimés la veille par le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil. Ce dernier avait assuré, lors d'un dîner, que l'adoption d'une nouvelle loi électorale avait la priorité sur la loi du budget, soulignant que ce dernier ne passera pas avant. Des propos qui, selon le ministre de la Justice (CPL), Salim Jreissati, « sont de l'ordre du politique », entendre qu'il ne faudra pas les prendre au mot ni au sérieux.

 

 

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Le Conseil des ministres, qui s'est réuni hier pendant trois heures consécutives, a certes marqué une avancée en finalisant notamment le budget de quatre ministères-clés. Mais il...

commentaires (4)

Une nouvelle qui n'a rien à voir : Je viens d'apprendre de la rubrique "Dernières infos" que le ministère des Affaires étrangères demande à Boutros Harb de... prouver sa qualité de député (sic). Savez-vous pourquoi ? Parce que Boutros Harb, député de Batroun, avait renvoyé deux fois à ses pénates, le ministre des AE, lors des élections législatives de 2005 et 2009. Ceci explique cela !

Un Libanais

11 h 54, le 07 mars 2017

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Commentaires (4)

  • Une nouvelle qui n'a rien à voir : Je viens d'apprendre de la rubrique "Dernières infos" que le ministère des Affaires étrangères demande à Boutros Harb de... prouver sa qualité de député (sic). Savez-vous pourquoi ? Parce que Boutros Harb, député de Batroun, avait renvoyé deux fois à ses pénates, le ministre des AE, lors des élections législatives de 2005 et 2009. Ceci explique cela !

    Un Libanais

    11 h 54, le 07 mars 2017

  • ON SE LA BALANCE D,UN COTE A L,AUTRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 39, le 07 mars 2017

  • On n'a que des brigands dans ce pays vereux...on ne s'en sortira pas

    George Khoury

    09 h 31, le 07 mars 2017

  • Et on continue de gratifier cette assemblée d'INCAPABLES-CORROMPUS ET LACHES du nom de "gouvernement" ? Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 21, le 07 mars 2017

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