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Liban - Réfugiés palestiniens

À Aïn el-Héloué, le mécanisme sécuritaire conjoint ou l’escalade

Des rues vides, des commerces fermés à Aïn el-Héloué. (ANI)

« Calmer la tension dans le camp palestinien de Aïn el-Héloué » et « réactiver le mécanisme sécuritaire conjoint ». C'est en substance la décision prise hier à l'ambassade de Palestine, lors d'une réunion qui a regroupé l'ambassadeur Achraf Dabbour et les forces palestiniennes proches du Fateh, comme le révèle à L'Orient-Le Jour une source proche du dossier. En cas d'échec, le Fateh pourrait néanmoins privilégier « l'escalade ».

Cette décision vient confirmer l'accord de principe auquel sont parvenues les différentes parties, la veille, pour un cessez-le-feu, après une nette dégradation de la situation sécuritaire. Dégradation qui a coïncidé avec la visite au Liban du président palestinien Mahmoud Abbas.

 

(Lire aussi : Rapports de force et contrôle du camp au cœur des affrontements de Aïn el-Helouél'analyse de Scarlett Haddad)

 

Calme précaire et manque de confiance
Une réunion élargie doit se tenir aujourd'hui, qui regroupera également des forces islamistes de Aïn el-Héloué, telles que Isbat el-Ansar et le Mouvement militant (al-Haraka al-Moujahida), deux forces islamistes ayant une autorité sur les groupuscules islamistes radicaux du camp. « Entre-temps, c'est non moins de 71 noms de criminels traqués par les forces de l'ordre, et qui se terrent à Aïn el-Héloué, que l'État libanais a remis au président palestinien avant son départ », révèle l'agence de presse al-Markaziya.
Pour l'instant un seul « chef », Mohammad Saddik, a été remis hier aux services de renseignements de l'armée par le commandement de Isbat el-Ansar. Parallèlement, le Premier ministre Saad Hariri s'est réuni hier avec les dignitaires de Saïda pour évoquer la question de Aïn el-Héloué et les questions sécuritaires liées au camp.

Un calme précaire régnait donc hier dans ce camp de réfugiés palestiniens de la banlieue de Saïda, après des affrontements qui ont fait une blessée et causé d'importants dégâts matériels sur la ligne de front Barksat-Safsaf (qui sépare le Fateh des islamistes). Un calme, entrecoupé de tirs d'obus, régnait hier en soirée. Les écoles sont donc restées fermées, de même que les commerces, à l'instar de l'ensemble des dispensaires et institutions de l'Unrwa. « Il faut dire aussi que la population civile, terrorisée, n'a pas réellement confiance dans le cessez-le-feu, depuis l'échec de la mission du comité conjoint de sécurité », ajoute la source précitée.

 

(Lire aussi : La poudrière de Aïn el-Heloué rallumée ?)

 

 

Le rôle de l'armée
Le cessez-le-feu tiendra-t-il à Aïn el-Héloué, alors que les armes demeurent omniprésentes dans ce camp qui regroupe, outre de nombreuses factions armées en lutte permanente pour le pouvoir, de grands criminels recherchés par la justice ? Rien n'est moins sûr, « cette autosécurité étant très fragile », répond à L'OLJ l'expert sur la question des réfugiés palestiniens Ziad el-Sayegh, qui rappelle que les débordements sécuritaires « se répètent régulièrement » à Aïn el-Héloué. Il constate à ce propos que « l'État libanais s'est désisté de son rôle », les accords du Caire ayant été annulés et l'État ayant repris « le contrôle total de Nahr el-Bared en 2007 ». « Les relations entre les Palestiniens et le Liban se font aujourd'hui d'État à État. Comment se fait-il que les Palestiniens soient autorisés à gérer leur propre sécurité ? » demande-t-il. Il martèle alors que « les armes palestiniennes n'ont nul lieu d'être, pas plus au sein des 12 camps palestiniens du pays qu'à l'extérieur de ces camps ». Et de rappeler les propos prononcés et répétés à plusieurs reprises par le président palestinien Mahmoud Abbas, selon lesquels « les réfugiés palestiniens du Liban sont sous la souveraineté totale des autorités libanaises ».
« Les armes palestiniennes deviennent un poids pour les Palestiniens eux-mêmes », constate Ziad el-Sayegh. L'expert déplore toutefois que « l'armée libanaise n'ait pas eu la couverture nécessaire pour prendre en charge la sécurité des camps palestiniens ».

Il est légitime de se demander pourquoi. Une question que se pose également le parti Kataëb, dans un communiqué : « Quelles sont les parties libanaises qui ne veulent pas le désarmement des camps palestiniens, alors que le commandement palestinien le réclame, comme l'a constaté le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel ? » Les regards se tournent vers le Hezbollah. Le parti de Dieu ne voudrait pas, semble-t-il, que soient démantelées les milices palestiniennes car il tient à préserver son arsenal militaire.

 

 

 

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