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Liban - Camps palestiniens

La poudrière de Aïn el-Heloué rallumée ?

Les factions palestiniennes ont conclu en soirée un accord de cessez-le-feu.

Photo archives JOSEPH EID/AFP

C'est du déjà-vu. La dégradation progressive de la situation dans le camp de réfugiés palestinien de Aïn el-Heloué est le énième remake d'un scénario qui perdure tant que les armes restent omniprésentes et les factions aussi nombreuses qu'hétéroclites dans l'un des plus grands camp du Liban. La multitude des factions en présence et la lutte pour le contrôle du terrain dans cet îlot sécuritaire qui échappe au contrôle de l'État résume la problématique létale dont les civils sont souvent les premières victimes.

La reprise hier des affrontements opposant des combattants du Fateh à des groupuscules islamistes radicaux – suspendus samedi pendant quelques heures après l'annonce d'un premier cessez-le-feu – est un signe qui ne trompe pas : le camp semble une fois de plus s'enfoncer dans le cercle vicieux de la violence, en attendant la prochaine accalmie. Celle-ci restera, comme à chaque round, provisoire, tant qu'un plan de sécurité rigoureux n'aura pas été entériné, pour pacifier les lieux ne serait-ce qu'à moyen terme.

L'intensification des combats a coïncidé avec la venue et le départ du chef de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, d'où la tentation d'établir un lien indirect entre les deux événements. La visite du leader palestinien a certes été placée sous le thème de la réinstauration de la sécurité dans les camps, M. Abbas ayant quasiment donné son feu vert aux autorités libanaises pour sévir, comme le confirment des sources concordantes à L'Orient-Le Jour.

Parallèlement, le membre du comité central du Fateh, Azzam al-Ahmad, venait d'entamer des rencontres à haut niveau à la recherche d'une solution au problème des camps et en vue de la restructuration de la hiérarchie au sein du Comité conjoint de sécurité après la démission notamment du chef militaire, Mounir Maqdah, et du mouvement Fateh de ce comité. Ce dernier, qui regroupe les représentants de plusieurs factions, avait quand même réussi durant plusieurs mois consécutifs à rétablir un semblant d'ordre et un modus vivendi dans le camp, sans toutefois parvenir à régler le fond du problème, notamment l'antagonisme entre les forces islamistes radicales et le mouvement Fateh, considéré comme le plus puissant en termes de rapports de force. Les relations entre ces deux pôles se sont dégradées depuis quelques mois, suite à l'assassinat par des éléments islamistes d'un membre du Fateh, « un incident qui a réveillé les vieilles inimitiés entre les deux factions rivales », témoigne une source informée. Pour cette dernière, la reprise de la violence à l'intérieur du camp est « purement locale, inutile d'aller chercher plus loin. C'est la reprise du cercle vicieux de la vendetta ».

 

(Lire aussi : Rapports de force et contrôle du camp au cœur des affrontements de Aïn el-Heloué, l'analyse de Scarlett Haddad)

 

Le collaborateur de Maqdah
Mais les choses avaient commencé à se compliquer lorsqu'un proche du responsable militaire du Fateh Mounir Maqdah, également de la famille Maqdah, s'est fait arrêter il a quelques mois par l'armée libanaise alors qu'il se trouvait dans un hôpital de Saïda pour recevoir des soins.

« Ce dernier était le confident de M. Maqdah et son plus proche collaborateur », atteste une source proche du dossier. Cette arrestation devait coïncider avec le plan de sécurité convenu entre l'armée et le comité conjoint. Selon ce plan, les factions devaient remettre les repris de justice et les criminels de droit commun recherchés à l'institution militaire, un accord que les deux parties avaient commencé à mettre en application.

La mise sous les verrous du proche collaborateur du général Maqdah « a toutefois remis en cause cette entente », croit savoir un responsable chargé du suivi de ce dossier. Selon lui, c'est également un message que tente d'adresser Mounir Maqdah à l'armée pour lui signifier que la sécurité n'est plus garantie depuis que le mouvement Fateh s'est retiré du comité conjoint. « Cela ne veut pas dire pour autant que les éléments armés du Fateh vont réintégrer leurs baraques et laisser le terrain libre aux autres factions ». Bref, poursuit une source informée, il s'agit d'un bras de fer sournois entre l'institution militaire et Mounir Maqdah, notamment, qui allègue les raisons de sa démission au fait que l'armée n'a pas appliqué les clauses qu'ils avaient convenues dans le cadre du plan de sécurité.

Entre-temps, les contacts se poursuivaient pour faire baisser la tension et arrêter les combats. En soirée, les factions sont parvenues à un accord de principe en vue d'un cessez-le-feu et du retrait des éléments armés des rues, en particulier du quartier de Barksat où étaient positionnés les éléments de Fateh, ainsi que du quartier Safsaf qui abrite les islamistes. Pour garantir l'application de l'accord, les participants se sont rendus sur les lieux, d'abord à Barksat, puis à Safsaf où ils ont rencontré le responsable de Isbat al-Ansar, Abou Tarek Saïdi, qui s'est engagé à faire respecter l'accord.

Il reste à voir si les efforts concertés de part et d'autre, et les promesses de Mahmoud Abbas sur ce plan pourront aboutir à un plan durable. L'histoire récente de ce camp n'est pas riche en expériences concluantes.



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commentaires (2)

Un accord de cessez-le-feu...quel numéro sur la liste interminable ? Et qu'est venu faire chez nous M. Mahmoud Abbas durant 3 jours ??? Et le soi-disant "Etat Libanais", dirigé par Messieurs Michel AOUN, Saad HARIRI et Nabih BERRY...que fait-il pour affirmer son autorité ? Irène Saïd

Irene Said

15 h 27, le 27 février 2017

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Commentaires (2)

  • Un accord de cessez-le-feu...quel numéro sur la liste interminable ? Et qu'est venu faire chez nous M. Mahmoud Abbas durant 3 jours ??? Et le soi-disant "Etat Libanais", dirigé par Messieurs Michel AOUN, Saad HARIRI et Nabih BERRY...que fait-il pour affirmer son autorité ? Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 27, le 27 février 2017

  • L'abrogation des accords du Caire ... serait déjà un pas vers la pacification de ces zones de non-droit , où les civiles sont les otages et les victimes permanents , des diverses bandes armées ..

    M.V.

    12 h 24, le 27 février 2017

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