Abbas à Aïn el-Tiné : Nous sommes chez vous afin de discuter de notre avenir

Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui a été reçu vendredi en début d'après-midi à Aïn el-Tiné par le président de la Chambre, Nabih Berry, a évoqué de nombreux dossiers avec son hôte, notamment la politique de la nouvelle administration US, les élections en Europe, ou encore le prochain sommet de la Ligue arabe prévu le 29 mars à Amman.

"Le Liban est toujours un phare dans la défense de la cause palestinienne. C'est pour cela que nous sommes chez vous afin de discuter de notre avenir", a déclaré le président de l'Autorité palestinienne, lors d'un point de presse aux côtés de Nabih Berry. "Il y a une nouvelle administration américaine, des élections en Europe, un sommet de la Ligue arabe... tous ces dossiers ont fait l'objet de discussions hier avec le président Michel Aoun, et aujourd'hui avec le président de la Chambre, Nabih Berry. Je suis heureux d'être parmi vous, et ce soir je discuterai avec le chef du gouvernement, Saad Hariri", a conclu M. Abbas.

Prenant de son côté la parole, M. Berry a souligné que "cette visite vient à temps (...) afin que la coordination soit parfaite, car la cause palestinienne est celle qui nous unit", a-t-il dit, en allusion aux préparatifs pour le sommet de la Ligue arabe.

"Détourner l'attention de la cause palestinienne"
Plus tôt dans la journée, Mahmoud Abbas avait reçu à l'hôtel Hilton-Habtoor, son lieu de résidence, plusieurs responsables libanais, notamment les anciens présidents de la République Michel Sleiman et Amine Gemayel, ainsi que les députés Bahia Hariri et Talal Arslane.

"La rencontre était fraternelle par excellence (...) et nous avons eu l'occasion de confirmer les liens qui nous unissent", a déclaré le président Gemayel dont le parti, les Kataëb, avait combattu durant la guerre libanaise déclenchée en 1975 les factions palestiniennes armées présentes sur le territoire libanais. Au terme de son entrevue avec le président palestinien, Amine Gemayel a loué le rôle de Mahmoud Abbas et sa défense de la cause palestinienne.

^{Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas (d.), s'entretenant avec l'ex-président libanais Amine Gemayel, le 24 février 2017 à l'hôtel Hilton-Habtoor à Beyrouth. Photo Ani}

Michel Sleiman a pour sa part rappelé l'"amitié" qui le lie depuis 2007 au président "Abou Mazen", date à laquelle l'armée libanaise, dirigée à l'époque par M. Sleiman, avait affronté des groupes armés dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr el-Bared, au Liban-Nord.

Michel Sleiman a par ailleurs estimé que la politique de l'administration américaine du président Donald Trump était "inquiétante" pour la cause palestinienne, faisant notamment allusion à la volonté de Washington de déplacer son ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem, une mesure potentiellement explosive du fait que les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est en tant que capitale de leur futur Etat.

Michel Sleiman a également évoqué avec Mahmoud Abbas la question du terrorisme jihadiste et ses répercussions sur le Liban et la cause palestinienne. Enfin, l'ex-président libanais a loué les efforts de M. Abbas concernant la question des camps de réfugiés palestiniens au Liban. "Il est important que M. Abbas poursuive son action à ce niveau de manière que les réfugiés palestiniens au Liban ne soient pas source d'instabilité", a-t-il dit.

Pour sa part, le leader druze Talal Arslane a estimé que "les soit-disant printemps arabes" (en allusion aux révoltes en Tunisie, en Egypte, en Libye ou encore en Syrie depuis 2011) "n'étaient qu'une tentative de détourner l'attention de la cause palestinienne". Mme Hariri s'est pour sa part abstenue de toute déclaration.

M. Abbas a également reçu une délégation du Congrès populaire libanais, présidée par son chef Kamal Chatila. Cet entretien s'est déroulé en présence notamment de Azzam Ahmad, membre du bureau exécutif du Fateh, et de son secrétaire pour le Liban ainsi que d'autres groupes de l'OLP, Fathi Abou Ardat.

Le président palestinien a aussi reçu une délégation du parti arménien Tachnag, présidée par son secrétaire général Hagop Pakradounian. "Les peuples palestinien et arménien ont été déchus de leurs droits et poursuivent leur lutte", a déclaré M. Pakradounian à l'issue de cette rencontre.

Jeudi, M. Abbas, qui achèvera sa visite samedi, avait été reçu au palais de Baabda par le président de la République, Michel Aoun. M. Abbas avait loué le soutien du Liban à la cause palestinienne, et M. Aoun avait rappelé le rôle de son hôte au niveau de la sécurité à l'intérieur des camps de réfugiés palestiniens au Liban.

Dîner au Grand Sérail
En soirée, M. Abbas s'est entretenu avec Saad Hariri au Grand Sérail.

Une première rencontre a regroupé les deux hommes en présence, côté libanais, du ministre d’État pour les Affaires présidentielles Pierre Raffoul, de la députée Bahia Hariri, du président du comité de dialogue libano-palestinien, l'ancien ministre Hassan Mneimné et de l'ancien ministre Bassem el-Sabeh.

Côté palestinien, il y avait Azzam Ahmad, Fathi Abou Ardat, le chef du Renseignement palestinien Majed Faraj, le porte-parole de la présidence palestinienne Nabil Abou Roudeina, l'ambassadeur de Palestine Achraf Dabbour et un conseiller du président Abbas, Majdi Khaledi.

M. Hariri a ensuite donné un dîner en l'honneur de M. Abbas, en présence de Pierre Raffoul, du ministre d’État pour les affaires des réfugiés, Mouïne Merhebi, du ministre d’État aux Droits des femmes Jean Oghassabian, du vice-président de la Chambre Farid Makari, du chef du bloc parlementaire du Futur Fouad Siniora, de Mme Hariri, de M. Sabeh et du secrétaire général du Conseil des ministres Fouad Fleifel.

Par ailleurs, le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a reçu dans la soirée un appel téléphonique de la part du président palestinien qui a salué les prises de positions du prélat, ainsi que son soutien à la cause palestinienne et au droit au retour des réfugiés. M. Abbas a également remercié Mgr Raï pour sa visite en Terre sainte.

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