La ministre française de la Santé souhaite lancer une dynamique de coopération dans la recherche médicale

Discrète, souriante, dynamique et soucieuse de donner un souffle nouveau à la francophonie et aux rapports de la France avec le monde francophone, la ministre française des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, a effectué à la fin de la semaine dernière une courte visite officielle à Beyrouth au cours de laquelle elle a conféré avec les responsables officiels, visité l'Hôtel-Dieu de France et l'association Amel et donné une conférence à l'ESA.

Dans le cadre d'un effort plus global visant à créer des passerelles de part et d'autre de la Méditerranée, la ministre Touraine a signé par ailleurs avec son homologue Ghassan Hasbani, ministre de la Santé, un protocole de coopération dans les domaines de la santé et de la médecine. Marisol Touraine a évoqué dans ce cas le cas des étudiants libanais et de la communauté médicale libanaise qui souhaitent suivre une formation en France. « Je souhaite que nous allions plus loin sur la voie de la coopération entre nos deux pays », a-t-elle déclaré sur ce plan lors de sa visite à l'École supérieure des affaires dont le directeur, Stéphane Attali, a rappelé que « ce protocole (signé avec le ministre Hasbani) symbolise la pérennité des projets menés entre la France et le Liban depuis de nombreuses années ».

Marisol Touraine est connue pour ses engagements en matière de santé concernant le système français, mais cette visite au Liban s'est inscrite dans le sillage d'une stratégie diplomatique de dialogue intensif pour renouer avec les territoires historiquement proches des références culturelles françaises. « L'une de mes priorités, c'est de favoriser l'expression de la francophonie », a ainsi souligné la ministre.

« Fellowship à la française »
La conférence donnée à l'ESA a été l'une des principales étapes de la visite de Marisol Touraine. Son homologue, le ministre Ghassan Hasbani, s'est même exprimé dans la langue de Molière lors d'une courte allocution, lui qui a grandi, en partie, en Angleterre. Quant à Mme Touraine, elle a rappelé les liens historiques qui unissent le Liban et la France. Elle a fait l'éloge de « l'optimisme » libanais « que beaucoup vous envient, malgré les menaces qui pèsent » sur le pays, évoquant le cas de la crise syrienne et la « présence massive de réfugiés » sur le sol libanais. Elle a cité l'Hôtel-Dieu de France et la faculté de médecine de l'Université Saint-Joseph, des lieux qui « occupent une place spécifique dans la relation entre les deux pays » : en effet, ils sont tous deux symboles de l'âge d'or de l'influence de la France grâce à l'œuvre missionnaire à la fin du XIXe siècle.

Le protocole signé à l'occasion de cette visite lancera le début d'une dynamique de coopération dans le domaine de la recherche médicale avec une promesse que « la France va s'ouvrir davantage aux médecins et aux étudiants libanais qui souhaitent se spécialiser en France », grâce à une loi déjà votée en France à l'initiative de la ministre, inaugurant un « fellowship à la française ».

L'impact est de taille : la ministre fait état de la possibilité d'obtenir le même diplôme que les élèves français pour les Libanais ayant achevé leur formation en médecine. « Je veux exprimer le souhait que le Liban soit le premier pays à signer un tel accord avec la France », poursuit Marisol Touraine, annonce qui est accompagnée d'applaudissements de la part du public qui acquiese face à ce nouveau rapprochement.

Les Libanais seront à même de fixer des objectifs chiffrés pour déterminer combien d'étudiants pourront être envoyés, et surtout dans quelle spécialisation. Elle a enfin rappelé l'aide de 50 millions d'euros accordée en 2016 au Liban afin qu'il puisse dépasser le problème des réfugiés syriens. Marisol Touraine conclut son discours par une citation d'Amin Maalouf, symbole par excellence de la diaspora libanaise en France.

Francophonie
Au terme de cette visite à l'ESA, l'ambassadeur de France au Liban Emmanuel Bonne nous reçoit à la Résidence des Pins. Marisol Touraine nous accueille avec le sourire. Elle ne paraît pas fatiguée. Elle maîtrise parfaitement son sujet, elle dont la mère était docteure en médecine. Elle énonce les domaines prioritaires de coopération où la France peut faire profiter les autres pays de son expertise, comme la transfusion sanguine ou le don d'organes. L'Établissement français du sang a déjà signé à ce propos des accords de ce type à l'étranger avec, notamment, le Chili et la Colombie.

Il s'agit pour la France de favoriser la demande des étudiants – notamment libanais – visant à choisir leur spécialisation dans un cadre français pour qu'« il y ait des ponts entre la France et le Liban », a souligné la ministre. Le phénomène de francisation avait déjà marqué le Liban des années 1930 – la mode tafarnuj de se rapprocher des références occidentales et françaises, en particulier. « L'enjeu pour moi, c'est de permettre que les références francophones demeurent fortes » face à la progression de l'anglais, explique Marisol Touraine en présentant l'intérêt de ce fellowship à la française, pour maintenir la clé de voûte du soft power (la « force tranquille ») de l'Hexagone : la francophonie. Cette dernière garantit des liens qui vont « durer une vie professionnelle, parce que là où on est formé, on invite, on échange, on discute », témoigne la ministre.

Ce qui attire également les étudiants étrangers, c'est la « conception inclusive du système médical » que Marisol Touraine défend corps et âme en cette période d'élection présidentielle française : accepter certains projets qui tournent le dos à celui mis en place actuellement « serait un retour en arrière », souligne-t-elle en conclusion.

Pour mémoire
Précieuse aide de la Fondation Mérieux aux protagonistes du secteur de la santé