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Moyen Orient et Monde - Éclairage

De l’importance de la reprise de Wadi Barada pour le régime syrien...

Damas récupère cette région qui lui échappe depuis 2012 et entreprend immédiatement des travaux hydrauliques à Aïn al-Fijé ; des centaines de rebelles évacués vers Idleb.

Des soldats du régime inspectant les dommages occasionnés par des semaines de combats à Aïn al-Fijeh, dans la région de Wadi Barada, hier. Handout/Sana/Reuters

« Avec la reprise de Wadi Barada, le régime syrien et ses alliés sont en passe de réussir ce qu'ils essaient d'accomplir depuis le début: l'établissement d'une ceinture chiite autour de la capitale. » Mohammad*, activiste, originaire de cette région qu'il vient de fuir, est catégorique. Cette nouvelle victoire du régime protège, selon lui, les intérêts du Hezbollah, et donc de Bachar el-Assad.
Car, en plus d'être essentielle en termes de ressources hydrauliques, notamment pour les quelque cinq millions d'habitants de la capitale et ses environs, Wadi Barada constitue une porte d'entrée de la Békaa vers la Syrie et représente un axe stratégique pour Damas. Mohammad n'hésite pas non plus, comme la majorité des détracteurs de Bachar el-Assad, à utiliser le terme d' « épuration démographique », expliquant que les nombreux combattants iraniens et irakiens chiites, et leurs familles, ont remplacé celles des militaires syriens dans de nombreux quartier de Damas et ses environs, relocalisés.
« Les familles des combattants iraniens et irakiens présents dans et autour de la capitale touchent plus de 1 000 dollars par mois, tandis que les Syriens combattant pour le régime touchent la moitié », affirme-t-il également à L'Orient-Le Jour.

(Lire aussi : En Syrie, une trêve aux accents de guerre intestine rebelle)

 

Pompage d'eau « bientôt »...
Les accusations de Mohammad surviennent alors que l'armée syrienne a repris hier la région de Wadi Barada près de Damas, qui lui échappait depuis 2012, et au lendemain de son entrée, pour la première fois, dans la station de pompage de Aïn al-Fijé, vitale pour l'alimentation en eau de Damas.
« Nos forces armées (...) ont accompli leur mission en rétablissant la sécurité et la stabilité dans les localités de Wadi Barada », à 15 km au nord-ouest de la capitale privée d'eau potable depuis le 22 décembre, selon le communiqué de l'armée repris par la télévision d'État hier. Le régime avait accusé les rebelles de sabotage ayant conduit aux pénuries d'eau. Les insurgés avaient affirmé de leur côté que les bombardements de l'armée loyaliste avaient détruit les infrastructures. Un accord de cessez-le-feu avait été conclu il y a quelques semaines pour permettre aux équipes techniques de rétablir l'approvisionnement en eau pour des millions de civils à Damas, mais il avait échoué, et les combats avaient redoublé d'intensité jusqu'à vendredi.

Hier, les premiers travaux de réparation et d'entretien ont donc commencé dans la station, selon le gouverneur de Damas et de son Rif, Ala' Ibrahim. Il a affirmé que les « dégâts étaient importants » mais que le pompage d'eau devait reprendre « bientôt ». En soirée, des informations selon lesquelles la capitale recommençait déjà à être approvisionnée en eau circulaient sur les réseaux sociaux.

Ces développements découlent d'un accord conclu la veille et en vertu duquel les rebelles ont le choix soit de déposer les armes, soit de se rendre dans la province d'Idleb, frontalière de la Turquie. Hier, des centaines d'insurgés ont d'ailleurs commencé à quitter la région de Wadi Barada à bord de bus vers Idleb. Plus de 700 combattants et leurs familles sont concernés par ces évacuations en plusieurs convois, précise Mohammad, soit 2 100 personnes en tout.

« Le régime essaie de s'emparer de la totalité de la province de Damas (...) Pour les rebelles qui perdent territoire après territoire, c'est la fin du rêve d'entrer dans la capitale », a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les insurgés n'ont plus désormais de véritables fiefs que dans la Ghouta orientale – prochaine cible du régime, d'après Mohammad – dans la province d'Idleb, ainsi que dans le sud du pays.

Idleb était jusque-là contrôlée par une alliance dénommée Armée de la conquête et formée des jihadistes du Front Fateh al-Cham (ex-branche d'el-Qaëda) et de plusieurs groupes rebelles. Mais cette alliance semble avoir implosé depuis mardi avec des affrontements inédits entre rebelles et Fateh al-Cham.

 

*Le nom a été modifié pour des raisons de sécurité.

 

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