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Liban - Crise des déchets

Après un début d’amoncellement dans les rues, Costa Brava rouverte par la justice

La décharge accueillera de nouveau les déchets d'une partie de Beyrouth et du Mont-Liban pour une semaine, jusqu'au 24 janvier. Ensuite, c'est l'inconnu...

Les déchets commençaient à s’amonceler dans la banlieue-sud, ici à Mreyjeh, avant la réouverture de la décharge pour une semaine. Mais le spectre d’une nouvelle crise rôde toujours. Photo Nasser Traboulsi

L'affaire des mouettes attirées par la décharge de Costa Brava et de leur danger sur l'aviation civile, suivie de l'épisode sanglant de la chasse ce week-end, a débouché sur un autre aspect du problème, hier : les ordures ont commencé à s'amonceler ces derniers jours, notamment dans la banlieue sud de Beyrouth et dans d'autres régions, du fait que la décharge située sur le littoral de Choueifate, qui accueille une partie des déchets ménagers de Beyrouth et du Mont-Liban, a été fermée par décision de justice il y a quelques jours. Le spectre d'un renouvellement de la crise des déchets a ainsi refait surface, par-delà les risques qui pèsent sur l'aéroport. La compagnie Sukleen, toujours en charge du transport des déchets, avait déclaré en matinée devoir interrompre la collecte dans les régions desservies par la décharge de Costa Brava, étant donné que la capacité d'accueil du centre de tri à Amroussieh est largement dépassée.

Mais cette situation ne devait pas durer. À la demande des municipalités de la banlieue sud de Beyrouth, présentée le 16 janvier, suite au début d'amoncellement des déchets dans les rues, le juge unique civil de Baabda Hassan Hamdane, en sa qualité de juge des référés, a pris la décision de permettre le transport des déchets de nouveau à l'aire de stockage de Costa Brava jusqu'au 24 janvier. Cette date est celle qu'il avait fixée dans sa première décision pour recevoir des rapports sur le risque des oiseaux, de la part des ministères de l'Environnement, de la Santé, de l'Agriculture, et de la Direction générale de l'Aviation civile. « Or il s'avère que seul le ministère de l'Environnement a présenté un rapport présentant un apport technique sérieux, souligne le juge dans le texte de sa décision. Les ministères de la Santé et de l'Agriculture n'ont toujours pas donné signe de vie. Quant à la réponse de l'Aviation civile, elle ne se fonde sur aucune étude scientifique. »

Toutefois, la décharge sera entièrement fermée le 24 janvier, jusqu'au jugement final, affirme le juge dans sa décision. Cela signifie que le répit n'est que d'une semaine à peine. De plus, personne n'explique vraiment comment la décharge, mise en cause dans un risque très sérieux encouru par l'aviation civile, peut fonctionner à nouveau sans que nul ne proteste. Seul un rassemblement d'avocats, le même qui a porté plainte à la justice pour la fermeture de la décharge, compte intenter un procès contre la MEA et les chasseurs pour leur activité dans la décharge ce week-end. L'avocat Hassan Bazzi a indiqué à la LBC que cette action est contraire à la loi libanaise et aux lois internationales, et que, même en cas d'urgence, c'est au Conseil des ministres de prendre la décision d'aller à l'encontre de la loi, pas à une administration ou un responsable seuls.

 

(Lire aussi : La chasse aux mouettes enflamme une polémique sans pareille)

 

« Pas de décision gouvernementale »
Qu'adviendra-t-il donc à la décharge ? De toute évidence, les responsables se débattent toujours dans l'indécision. Cette décharge a été aménagée à cet endroit malgré de nombreuses mises en garde, et elle constitue l'un des piliers du plan gouvernemental, avec l'autre décharge située à Bourj Hammoud.

Dans un entretien à la Voix du Liban, hier, le ministre de l'Environnement Tarek el-Khatib précise qu'« il n'y a pas de décision du gouvernement de transporter la décharge dans un autre endroit ». Il a également indiqué que « le ministère a envoyé une équipe superviser les travaux à l'intérieur de la décharge ».
« Le ministère de l'Environnement a demandé qu'une étude d'impact environnemental de la décharge soit complétée, a-t-il ajouté. Un rapport nous est parvenu du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), et j'ai demandé au comité chargé de ce dossier de l'étudier afin de décider si le site répond aux critères environnementaux et sanitaires. »
M. Khatib a également reçu hier le député du Tachnag Hagop Pakradounian (l'autre décharge se trouvant dans la région de ce dernier, à Bourj Hammoud, cela aurait-il un lien avec sa visite ?).

La sécurité de l'aéroport a également fait l'objet d'une réunion tenue hier par le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk en son ministère, pour discuter de plusieurs questions concernant l'aéroport, notamment le risque représenté par les mouettes. Étaient présents le ministre des Travaux publics et des Transports Youssef Fenianos, le chef du département de sécurité de l'aéroport, le général Georges Doumit, le PDG d'Électricité du Liban (EDL), Kamal Hayek, et des représentants du commandement de l'armée, des Forces de sécurité intérieure (FSI), de la Sûreté générale et de la Direction générale de l'Aviation civile. La décision ? De se réunir le lendemain (aujourd'hui) au Grand Sérail pour informer le Premier ministre Saad Hariri des solutions envisagées pour développer les services à l'aéroport et sur les routes qui y mènent. M. Machnouk a précisé que certaines parties ont offert seize machines pour faire fuir les oiseaux. Ces machines commenceront à être installées aujourd'hui afin d'être utilisées plus tard.

 

 

 

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L'affaire des mouettes attirées par la décharge de Costa Brava et de leur danger sur l'aviation civile, suivie de l'épisode sanglant de la chasse ce week-end, a débouché sur un autre aspect du problème, hier : les ordures ont commencé à s'amonceler ces derniers jours, notamment dans la banlieue sud de Beyrouth et dans d'autres régions, du fait que la décharge située sur le littoral de...

commentaires (3)

"Les oiseaux libres ne souffrent pas qu'on les regarde". René Char - Les Matinaux Les mouettes, les aigrettes*, les cormorans et autres moineaux subissent à Costa Brava une tuerie de masse de la part de fusillots porteurs de carabines automatiques 5-coups, sur les ordres de responsables incompétents. Quelle honte ! * Aigrettes : Gérard de Nerval raconte dans son livre "Voyage en Orient" (1851) avoir aperçu des aigrettes dans le fleuve Nahr-el-Kalb venant à travers champs d'Antoura.

Un Libanais

14 h 16, le 17 janvier 2017

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Commentaires (3)

  • "Les oiseaux libres ne souffrent pas qu'on les regarde". René Char - Les Matinaux Les mouettes, les aigrettes*, les cormorans et autres moineaux subissent à Costa Brava une tuerie de masse de la part de fusillots porteurs de carabines automatiques 5-coups, sur les ordres de responsables incompétents. Quelle honte ! * Aigrettes : Gérard de Nerval raconte dans son livre "Voyage en Orient" (1851) avoir aperçu des aigrettes dans le fleuve Nahr-el-Kalb venant à travers champs d'Antoura.

    Un Libanais

    14 h 16, le 17 janvier 2017

  • "Les oiseaux libres ne souffrent pas qu'on les regarde". René Char - Les Matinaux Les mouettes, les aigrettes*, les cormorans et autres moineaux subissent à Costa Brava une tuerie de masse de la part de fusillots porteurs de carabines automatiques 5-coups, sur les ordres de responsables incompétents. Quelle honte ! * Aigrettes : Gérard de Nerval raconte dans son livre "Voyage en Orient" (1851) avoir aperçu des aigrettes dans le fleuve Nahr-el-Kalb venant à travers champs d'Antoura.

    Un Libanais

    14 h 10, le 17 janvier 2017

  • Une question pour commencer: que fait-on des cadavres d'oiseaux tués ? Vont-ils rejoindre les montagnes d'ordures qui décorent le bord de mer ? Hier, une énième réunion s'est tenue avec: ministre, général, Pdg d'EDL, représentant de l'armée, FSI etc. Une bonne douzaine de personnes ! Nos "responsables" sont avant tout...libanais...et aiment discuter, tergiverser interminablement avant de prendre une décision. Ce que nous constatons aux séances du Parlement d'Ali Baba et ses 40 voleurs (ajoutons directeurs, et autres soufifres aux 30 ministres, on atteint vite le chiffre de 40) au cours desquelles sont rarement prises des décisions rapides ! Donc, probablement le même scénario pour ces séances d'hier et d'aujourd'hui, avec des participants dont on se demande si ils ont les connaissances requises pour débattre de ce problème des oiseaux des environs de l'aéroport ? Nous attendons avec impatience de voir et d'entendre ! Irène Saïd

    Irene Said

    12 h 35, le 17 janvier 2017

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