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À La Une - Conflit

"Le diable lui-même serait surpris des techniques de torture de Daech"

A Hamman al-Alil, au sud de Mossoul, l'EI laisse derrière lui des récits d'horreur.

Des déplacés qui ont fui les jihadistes du groupe Etat islamique à Hamman al-Alil, au sud de Mossoul, en Irak, le 7 novembre 2016. REUTERS/Thaier Al-Sudani

Depuis la fenêtre de sa chambre, Riyad Ahmed a observé les combattants de l'organisation Etat islamique (EI) jeter des habitants de sa ville, Hamman al-Alil, dans une prison de fortune improvisée de l'autre côté de la rue. Il les a vus procéder à des exécutions sommaires en pleine nuit pour terroriser la population de cette localité située au sud de Mossoul, dernier grand fief des jihadistes dans le nord de l'Irak.
Riyad Ahmed a entendu les cris des victimes alors qu'il se cachait avec plusieurs dizaines de voisins. "Le diable lui-même serait surpris des techniques de torture de Daech", affirme cet ancien prof d'anglais âgé de 29 ans.

La ville a été libérée lundi. L'armée et la police fédérale irakiennes ont pris possession des lieux au cours du week-end dans le cadre de l'offensive contre Mossoul lancée le mois dernier. Aucun quartier d'Hamman al-Alil n'a échappé à la violence de l'EI.

Dans sa rue, raconte Ahmed, six personnes ont été exécutées dont son père et une famille de trois personnes qui vivaient à côté de chez lui. La plupart des victimes étaient d'anciens membres de la police et de l'armée, indique Abderrahmane el-Wagaa, membre du conseil de la province de Ninive. Le lycée agricole a servi de centre d'exécution. Plusieurs centaines de personnes y ont été massacrées, abattues ou égorgées, dans les jours précédant l'arrivée des forces gouvernementales, précise Ahmed.
La police irakienne a confirmé ce récit mais elle n'a pas encore pu se rendre dans l'établissement car la route qui y mène a été piégée avec des bombes artisanales.

 

(Lire aussi : Les forces kurdes poussent aux portes de Mossoul)

 

Ruse morbide
La prison qui se trouve face à la maison d'Ahmed était autrefois la résidence d'un officier de l'armée irakienne qui a fui devant l'offensive éclair des jihadistes lorsqu'ils ont conquis un tiers du territoire irakien en 2014. Les murs sont couverts de suie. Avant de fuir les lieux les combattants de Daech ont probablement provoqué un incendie. En revanche, les cages en fer, à peine plus grandes qu'un homme adulte, sont intactes.

Ahmed a appris l'anglais pendant les neuf années de présence des troupes américaines qui renversèrent Saddam Hussein en 2003. Parler avec un étranger lui procure un plaisir évident. Pendant deux années, il a vécu dans la peur d'être exécuté pour un simple mot de travers. "Nous vivions en enfer, comme des zombies", explique-t-il.

Les habitants d'Hamman al-Alil se sont cachés en groupes, à près d'une centaine par maison, afin de ne pas être emmenés de force vers Mossoul alors que les jihadistes devaient se replier. "Ils ne savaient pas que nous étions là. Nous ne faisions pas de bruit. Pas de lumière, pas de bruit, aucune parole", précise Ahmed. Sa famille avait fait des stocks de nourriture mais tout le monde a maigri. Aller aux toilettes était un risque. "Si les forces (gouvernementales) étaient arrivées quelques jours plus tard, nous serions à Mossoul en ce moment. Daech voulait nous emmener" pour servir de boucliers humains, précise Ahmed.

Pour débusquer les civils qui se cachaient, les jihadistes avaient inventé une ruse morbide. Ils enfilaient des uniformes et se faisaient passer pour des soldats irakiens. Quand les civils sortaient pour les accueillir, ils les exécutaient, raconte Tarik, étudiant dans une école d'ingénieur. "Même un nourrisson d'un an, ils lui logeaient un balle dans la tête."

 

 

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