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Moyen Orient et Monde - Reportage

Fuir Mossoul et l’EI pour trouver refuge dans la Syrie en guerre

Face à l'afflux de réfugiés, les bulldozers s'activent pour élargir le camp de réfugiés d'al-Hol, à quelques kilomètres de la frontière.

Des réfugiés irakiens ayant fui Mossoul, dans le camp d’al-Hol en Syrie. Delil Souleiman/AFP

S'appuyant au bras de sa mère, Jawaher marche en boitant dans le camp de réfugiés d'al-Hol, dans le nord-est de la Syrie. Fuyant Mossoul, elle a été blessée au pied par un obus tiré par les jihadistes à la frontière irako-syrienne. « J'étais avec mes amis, j'ai juste vu un obus tomber entre nous et je me suis évanouie », murmure la fillette de 11 ans. Comme des milliers d'Irakiens, elle a quitté Mossoul, fief du groupe État islamique, juste avant l'offensive lancée le 17 octobre par l'armée et la coalition internationale dirigée par les États-Unis. Elle s'est réfugiée en Syrie ravagée par la guerre entre le régime de Bachar el-Assad, des groupes rebelles et des jihadistes.
« J'ai toujours mal, mais ça va mieux », confie la frêle jeune fille, vêtue d'une modeste robe ocre, les cheveux recouverts par un foulard rose. Autour d'elle, les tentes blanches du camp d'al-Hol s'alignent dans le désert, battues par la poussière. Hommes et femmes vont et viennent, un nourrisson au bras, transportant des cartons de provisions, des sacs à dos ou de lourdes valises calées sur l'épaule.
Selon l'ONG Save the Children, 5 000 civils irakiens sont arrivés ces dix derniers jours en Syrie.
Face à cet afflux, les bulldozers s'activent pour élargir le camp de réfugiés d'al-Hol, à quelques kilomètres de la frontière irakienne. Entre 6 000 et 6 500 personnes y sont hébergées depuis deux ans et la capacité d'accueil devrait atteindre 30 000, selon Roder Younes, un responsable du camp. « Il y a entre 2 000 et 3 000 personnes qui attendent à la frontière », souligne M. Roder, et « 500 Irakiens sont entrés dans le camp ces deux dernières semaines ». « Il y a des procédures de sécurité à suivre. On a peur que des éléments de Daech (acronyme en arabe de l'EI) ne s'infiltrent en se déguisant en civils », souligne-t-il, alors que Moscou et Paris ont mis en garde contre la fuite des « terroristes » de Mossoul vers la Syrie.

« Peur de tout »
Plus de 200 kilomètres de terre aride séparent Mossoul du camp d'al-Hol. Une distance que les réfugiés parcourent pour la plus grande partie à pied, bravant les mines plantées par l'EI et les tirs des jihadistes, qui cherchent à empêcher les civils de quitter leur fief. Assis sur sa valise, le visage fatigué et sa djellabah couverte de poussière après avoir marché pour fuir Mossoul, le père de Jawaher, Chams Mahdi, espère obtenir une tente pour sa famille. En attendant, ils sont hébergés dans une tente déjà occupée par une autre famille. « La situation est catastrophique, nous sommes ruinés », se lamente-t-il. « Mais c'est toujours mieux que de vivre sous le contrôle de Daech », ajoute le soixantenaire.
Environ 200 000 personnes pourraient être déplacées « dans les deux premières semaines » de l'offensive, un chiffre susceptible d'augmenter de façon significative au fur et à mesure de l'avancée de l'opération, selon l'Onu. Assis les jambes croisées sur le sol dans sa tente, Fayez Affar exhibe ses pieds gonflés et meurtris par la marche à travers le désert. « Sur la route, des mines ont explosé au passage d'une des familles qui nous accompagnaient. Certains ont perdu leurs enfants », raconte le trentenaire à la silhouette enrobée et au teint mat.
Si les jihadistes « savaient qu'on allait se sauver, ils nous auraient égorgés », confie de son côté Ibtissam Khedr, assise avec ses enfants à l'entrée de sa tente. « Nous avons marché toute la nuit, entre les explosions et les bombes. Les balles sifflaient au-dessus de nos têtes, jusqu'à notre arrivée à la frontière », se souvient cette femme, le bas du visage dissimulé par un voile noir. « On est venu ici grâce à des passeurs syriens. On avait peur de tout : l'aviation, Daech. La peur ne nous a pas quittés un instant. »
Delil SOULEIMAN/AFP

S'appuyant au bras de sa mère, Jawaher marche en boitant dans le camp de réfugiés d'al-Hol, dans le nord-est de la Syrie. Fuyant Mossoul, elle a été blessée au pied par un obus tiré par les jihadistes à la frontière irako-syrienne. « J'étais avec mes amis, j'ai juste vu un obus tomber entre nous et je me suis évanouie », murmure la fillette de 11 ans. Comme des milliers d'Irakiens,...

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