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À La Une - Irak

La perte de Mossoul pourrait sonner la fin du rêve du "califat" de l'EI

"Si elle est mal gérée, cette bataille pourrait être une nouvelle pause avant une résurgence inévitable du terrorisme", selon le Soufan group, une société d'analyse des risques sécuritaires.

Abou Bakr el-Baghdadi, le numéro un de l'EI, proclamant l'instauration d'un "califat" sur les territoires conquis en Syrie et en Irak depuis la mosquée Nouri à Mossoul en juin 2014. AL-FURQAN MEDIA / AFP

Berceau du "califat" autoproclamé du groupe Etat islamique (EI), Mossoul constitue un important symbole dans la propagande jihadiste, et la perte de cette ville irakienne pourrait porter un coup fatal au rêve du fondateur de l'organisation.

Lorsque Abou Bakr el-Baghdadi, le numéro un de l'EI, a proclamé l'instauration d'un "califat" sur les territoires conquis en Syrie et en Irak depuis la mosquée Nouri à Mossoul en juin 2014, le groupe a invité tous les musulmans à s'engager sous l'étendard de ce nouvel "Etat". Mais deux ans plus tard, après avoir perdu plusieurs villes stratégiques en Irak et en Syrie, le projet jihadiste semble compromis et la perte de Mossoul pourrait sonner sa fin.
"La perte continue de portions de territoire rend le scénario du 'califat' encore plus difficile à tenir pour le groupe", écrit dans sa dernière analyse le Soufan group, une société d'analyse des risques sécuritaires.

En juin, les forces irakiennes ont ainsi repris Fallouja, une ville à l'ouest de Bagdad où les soldats américains avaient connu quelques années plus tôt leurs pertes les plus lourdes depuis la guerre du Vietnam.
Et pas plus tard que samedi, les forces antijihadistes ont repris Dabiq, dans le nord de la Syrie, une localité à la forte portée symbolique dans la mythologie du groupe et où les jihadistes ont prédit une bataille apocalyptique contre la coalition "croisée". La cité a même donné son nom au magazine de propagande en ligne de l'EI, édité en plusieurs langues. Son premier numéro, publié en juillet 2014, était consacré à la construction de l'Etat et tentait de dresser le "califat" comme une thèse crédible.

 

(Lire aussi : L’Europe craint le retour de jihadistes de Mossoul)

 

Image écornée
Le groupe s'est en partie greffé sur une infrastructure étatique existante, avec des fonctionnaires continuant d'être payés par Bagdad, affirme Aymen al-Tamimi, expert des mouvements jihadistes au Middle East Forum.
"Lorsque le gouvernement a arrêté de payer ces salaires l'été dernier, cela a causé un préjudice financier considérable à l'EI", dit-il, en référence à la partie du salaire que ponctionnait l'EI. "La puissante image d'Etat de l'EI a alors certainement été écornée et je pense que cela explique en partie la réduction de l'afflux des combattants étrangers", ajoute-t-il, estimant que les contrôles plus étroits à la frontière avec la Turquie ont joué également un rôle.

En dehors du fait d'être l'endroit où le "califat" a été proclamé, Mossoul a été le théâtre de plusieurs évènements qui ont façonné l'image du groupe ultraradical. La prise de Mossoul par quelque 1.500 combattants de l'EI en juin 2014, qui s'était accompagnée d'une débandade des forces irakiennes, a eu un effet domino ayant débouché sur la conquête de vastes territoires à majorité sunnite par les jihadistes.
Cet évènement a révélé au grand jour l'échec complet des forces armées irakiennes ainsi que de l'entraînement qu'elles étaient censées avoir reçu de la part des Etats-Unis.

 

(Lire aussi : "Reprendre Mossoul signifie un retour chez moi, chez ma famille et mon peuple")

 

Approche "plus graduelle"
Or, l'offensive, dont l'annonce a été faite lundi par le Premier ministre Haider al-Abadi, peut permettre à ces forces de regagner une réputation et un honneur.

M. Tamimi estime qu'el-Qaëda, dont les actions ont été éclipsées avec la montée en puissance du groupe sanguinaire, va exploiter son déclin, mettant en avant l'approche "plus graduelle" du groupe d'Oussama ben Laden. "Sur le plan international, l'EI ne sera plus vu comme la marque leader du jihadisme mondial", avance-t-il.

Si l'EI avait un temps le monopole de la terreur, sa défense médiocre de Dabiq, ville-symbole, a conduit des internautes à lancer des commentaires ironiques, disant notamment que l'apocalypse avait été reportée.
Mais la perte de Mossoul par l'EI, qui contrôlait il y a un temps un tiers du territoire irakien et une grande partie de la Syrie, ne marquerait pas forcément la fin du groupe jihadiste, qui encourage ses combattants à recourir à des attentats suicide et actes isolés au fur et à mesure que son territoire se réduit.

Au delà d'une éventuelle victoire à Mossoul, le groupe Soufan rappelle que de nombreux efforts devront être fournis pour éradiquer totalement l'EI. "Si elle est mal gérée, cette bataille pourrait être une nouvelle pause avant une résurgence inévitable du terrorisme", met-il en garde.

 

 

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commentaires (3)

Aussi longtemps que ceux qui ne réfléchissent pas...et sont juste prêts à se prosterner devant des Abou Bakr el-Bagdadi et autres comme eux, partout ainsi qu'au Liban, et suivre aveuglément leurs idées et leurs rêves fous, nous, peuples de cette région du Proche et Moyen Orient, ne vivrons jamais en paix ! Irène Saïd

Irene Said

15 h 37, le 19 octobre 2016

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Commentaires (3)

  • Aussi longtemps que ceux qui ne réfléchissent pas...et sont juste prêts à se prosterner devant des Abou Bakr el-Bagdadi et autres comme eux, partout ainsi qu'au Liban, et suivre aveuglément leurs idées et leurs rêves fous, nous, peuples de cette région du Proche et Moyen Orient, ne vivrons jamais en paix ! Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 37, le 19 octobre 2016

  • Qu'ils crèvent et soient engloutis dans les feux de l'enfer dans lequel ils voulaient envoyer le monde , eux et leurs sponsors occidentaux à la botte des comploteurs lobyistes .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 51, le 19 octobre 2016

  • POURQUOI POURRAIT ET PAS SONNERA LA FIN ETC ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 51, le 19 octobre 2016

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