Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Éclairage

Bataille de Mossoul : en échec en Syrie, les États-Unis jouent leur va-tout en Irak

Plus de 4 600 soldats américains, essentiellement des formateurs, soutiennent les forces fédérales irakiennes.

Des combattants peshmergas se préparant avant la bataille de Mossoul. Photo Reuters

Avec la bataille de Mossoul, dernier fief du groupe État islamique en Irak, les États-Unis espèrent engranger un succès militaire qui contrebalancerait leurs atermoiements stratégiques en Syrie. Après des mois de préparation, avec l'appui aérien de la coalition internationale pilotée par Washington, les forces irakiennes ont lancé hier une offensive cruciale pour reconquérir la seconde ville d'Irak, dans le nord du pays, qui était tombée aux mains de l'EI en juin 2014.
Au lendemain d'un week-end encore difficile pour la diplomatie mondiale réunie en Europe afin de tenter d'arrêter la guerre en Syrie, le patron du Pentagone Ashton Carter n'a pas manqué de souligner que la bataille de Mossoul représentait « un moment décisif dans (la) campagne pour infliger à l'EI une défaite durable ».
Il faut dire qu'aux yeux des stratèges militaires américains, l'Irak et l'emprise territoriale du groupe ultraradical sunnite ont toujours semblé supplanter la lutte contre l'organisation jihadiste en Syrie. De fait, les données du Pentagone parlent d'elles-mêmes : en un peu plus de deux ans, les États-Unis et les 66 autres pays de la coalition ont mené 15 634 frappes en Irak et en Syrie, dont les deux tiers (10 129) en Irak. D'ailleurs, l'Irak est bien la priorité de Brett McGurk, l'émissaire du président Barack Obama pour la coalition contre l'EI : « Bonne chance aux héroïques forces irakiennes, peshmergas kurdes (...) Nous sommes fiers d'être à vos côtés pour cette opération historique », a-t-il lancé hier sur Twitter.

« Califat bidon »
Quelques jours avant le déclenchement de la bataille, il avait souligné auprès de quelques journalistes au département d'État que « Mossoul, c'est bien sûr là où Daech a fait irruption sur la scène internationale, là où (le chef de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi) a proclamé son califat bidon » à l'été 2014 sur des pans de territoires conquis de manière fulgurante par les jihadistes en Irak et en Syrie. « Nous avons maintenant toutes les pièces en place pour expulser Daech de Mossoul », estime ainsi le diplomate américain. Les quelque 30 000 forces fédérales irakiennes vont pouvoir compter sur la coalition internationale qui compte des milliers de soldats, dont 4 600 soldats américains, essentiellement des formateurs. La coalition assure aussi l'essentiel de l'appui aérien des troupes au sol. M. McGurk a aussi souligné « l'énorme travail » de coordination entre Bagdad, les forces kurdes irakiennes et celles de la coalition pour que « tout le monde soit d'accord » afin de mettre hors d'état de nuire les 3 000 à 4 500 jihadistes qui tiennent Mossoul. « Récupérer Mossoul représenterait une défaite historique et symbolique pour l'EI » et permettrait à Washington de « proclamer mission accomplie », estime Vali Nasr, un ancien cadre du département d'État sous l'administration Obama, cité dans le New York Times.

« Succès catastrophique »
Mais si la ville est reprise dans plusieurs mois, « l'expérience malheureusement habituelle de l'Amérique dans la région risque de se répéter : un succès catastrophique », écrivaient il y a quelques jours dans un article de la Brookings Institution les experts Ian Meritt et Kenneth Pollack, citant la menace de « crises humanitaire et politique ». D'ailleurs, la chute de Mossoul ne sonnera pas « la fin du califat », reconnaissent aussi des responsables militaires interrogés par le New York Times, soulignant que la « capitale » de l'organisation jihadiste demeure Raqqa, en Syrie. La Syrie symbolise justement les hésitations stratégiques du président Obama, qui quittera le pouvoir dans trois mois. Grand sceptique de l'interventionnisme militaire à tout crin, élu pour sortir l'Amérique des guerres au Moyen-Orient, le lauréat du prix Nobel de la paix a toujours résisté à toute implication armée d'envergure de l'Amérique en Syrie. La décision choc du président Obama étant d'avoir fait machine arrière en août 2013 pour frapper le régime de son homologue syrien Bachar el-Assad. Au grand dam des alliés arabes et européens des États-Unis.
Aujourd'hui, même le secrétaire d'État John Kerry, réputé pourtant plus va-t-en-guerre, a écarté une nouvelle fois toute perspective d'une intervention armée américaine au sol, lors de réunions diplomatiques ce week-end à Lausanne et à Londres avec ses alliés arabes et européens. Dénonçant la « stratégie » de la Russie qui bombarde sans relâche la ville martyre d'Alep, M. Kerry n'a pu proposer que de nouvelles idées, sans en dévoiler la teneur, afin de tenter d'imposer un énième cessez-le-feu.

Avec la bataille de Mossoul, dernier fief du groupe État islamique en Irak, les États-Unis espèrent engranger un succès militaire qui contrebalancerait leurs atermoiements stratégiques en Syrie. Après des mois de préparation, avec l'appui aérien de la coalition internationale pilotée par Washington, les forces irakiennes ont lancé hier une offensive cruciale pour reconquérir la seconde...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut