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Moyen Orient et Monde - Reportage

À la veille de la bataille pour Mossoul, la lune était pleine de promesses

La campagne pour reprendre la ville tenue par l'EI sera une bataille « pour l'Irak par l'Irak », promet un général kurde.

Les forces irakiennes hier à al-Chourah, à 45 km de Mossoul. Ahmad al-Rubaye/AFP

Il aura fallu l'esprit de George Miller pour l'imaginer et un commando kurde pour rendre son rêve réalité. « C'est mon bébé. C'est mon Mad Max », susurre le leader d'une unité de forces spéciales en posant un regard doux sur son monstre de verre et d'acier. Derrière lui, un camion qu'il dit avoir acheté « au marché » puis converti en blindé couleur noire sans espoir. « La force noire », c'est d'ailleurs le sobriquet dont s'est affublé ce groupe de commandos venu tout droit de la pétrolifère ville de Kirkouk, au sud de Bagdad.

Le commandant l'avoue, il ne connaît pas le nom des villages qu'il s'apprête à reprendre avec ses véhicules de guerre tout droit sortis d'un film post-apocalyptique. « On ne vient pas d'ici », se justifie-t-il avec un anglais parfait qui sent bon le sud des États-Unis. Ces combattants peshmergas ont prêté allégeance à l'UPK, parti politique opposé au clan au pouvoir dans la région kurde. Mais peu importe, la guerre aura vite fait d'unir les frères ennemis.

 

( Lire aussi : Mossoul tombera sûrement, mais après ?)

 

Debout autour d'un feu de camp, un groupe de peshmergas attendent patiemment que leur radio grésillante annonce le D-Day. « On va se rapprocher de Mossoul avec l'aide de l'armée irakienne, de la police, des milices chiites et avec le soutien des Américains et des Français », explique Jutyar Karim, un peshmerga UPK qui, à 31 ans, est plus que familier avec les termes « guerre globalisée ». À l'orée de leur campement, une colonne de chars se met déjà en route dans un tourbillon de poussière épaisse aux relents d'essence.

Le soleil n'est pas encore levé et la lune est pleine de promesses. « Je suis prêt à aller à Mossoul maintenant! » s'exclame Jutyar avec une haleine de cigarette froide et de soupe aux lentilles tiède. L'offensive que ces peshmergas s'apprêtent à lancer a pour seul but de reprendre à l'est de Mossoul une poignée de villages chrétiens et kakais, deux des nombreuses minorités d'un pays confessionnellement, politiquement et ethniquement fracturé où pratiquement chaque groupe bénéficie de sa propre milice armée.

 

(Lire aussi : La bataille de Mossoul fait craindre un désastre humanitaire)

 

Au premier jour de l'offensive, il y a sans doute dans la plaine de Ninive, qui mène aux portes de Mossoul, plus de journalistes que de jihadistes. Ce qui fait dire à un correspondant que les reporters auraient un avantage numérique à créer eux aussi leur propre groupe armé. De Bagdad à Erbil en passant par Tel Afar et Baachiqa, les murmures évoquent déjà le prochain conflit qui ensanglantera le pays après l'EI.

Pourtant, en cette nuit sans sommeil, le ton est insouciant – pire, optimiste. La campagne pour reprendre Mossoul sera une bataille « pour l'Irak par l'Irak », promet même un général kurde. Derrière les slogans bon enfant, des accords politiques âprement négociés dans les palais du pays – mais aussi une réalité de terrain inédite.

À quelques kilomètres de Jutyar et de ses camarades, la 9e division de l'armée irakienne, presque entièrement composée de soldats chiites, s'apprête elle aussi à marcher sur la cité interdite. Dans les bases arrières, les forces spéciales irakiennes, la « division d'or », comptent rejoindre les combattants kurdes pour prendre le relais une fois leur objectif atteint. L'envoyé spécial du président américain Barack Obama pour la coalition antijihadistes, Brett McGurk, s'en félicitait deux jours plus tôt sur les réseaux sociaux : la bataille pour Mossoul sera lancée grâce à « une coopération sans précédent entre les forces de sécurité irakiennes et les peshmergas kurdes ».

 

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Dans un acte teinté d'humour, l’armée du héros Bashar a largué des " surprises" aux bactéries à Alep. Selon Shaamtimes, les internautes ont publié des images sur les réseaux sociaux montrant les paquets largués par l'armée syrienne contenant le drapeau officiel syrien, des vêtements blancs, des rasoirs, du savon et un message écrit sur le papier. Le message demande aux bactéries de déposer leurs armes et de libérer les civils qu'ils utilisent comme bouclier humain à l’est d’Alep. Les internautes disent que le but de déposer des rasoirs dans des paquets est de faciliter la défection de ceux des éléments armés qui veulent quitter les rangs des bactéries Daech et d'Al Nosra. Pour d'aucuns, un message plus profond est contenu dans cet acte : «avant de vous rendre, abandonnez votre vision confessionnaliste ». "L’armée demande que les bactéries se rasent la barbe qui est le signe de l’extrémisme religieux, puisque les terroristes croient que plus leur barbe est longue, plus grande est leur foi. Les hommes armés qui se rendront pourront quitter Alep via les couloirs sécurisés par l’armée, rasés frais.

FRIK-A-FRAK

11 h 57, le 18 octobre 2016

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  • Dans un acte teinté d'humour, l’armée du héros Bashar a largué des " surprises" aux bactéries à Alep. Selon Shaamtimes, les internautes ont publié des images sur les réseaux sociaux montrant les paquets largués par l'armée syrienne contenant le drapeau officiel syrien, des vêtements blancs, des rasoirs, du savon et un message écrit sur le papier. Le message demande aux bactéries de déposer leurs armes et de libérer les civils qu'ils utilisent comme bouclier humain à l’est d’Alep. Les internautes disent que le but de déposer des rasoirs dans des paquets est de faciliter la défection de ceux des éléments armés qui veulent quitter les rangs des bactéries Daech et d'Al Nosra. Pour d'aucuns, un message plus profond est contenu dans cet acte : «avant de vous rendre, abandonnez votre vision confessionnaliste ». "L’armée demande que les bactéries se rasent la barbe qui est le signe de l’extrémisme religieux, puisque les terroristes croient que plus leur barbe est longue, plus grande est leur foi. Les hommes armés qui se rendront pourront quitter Alep via les couloirs sécurisés par l’armée, rasés frais.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 57, le 18 octobre 2016

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