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Économie - Liban - Agriculture

Importations de fruits et légumes syriens : Chehayeb revoit sa copie

L'interdiction temporaire d'importation de ces produits a été abandonnée, cinq mois avant son expiration prévue, par le ministre de l'Agriculture, qui lui substitue d'autres mesures plus souples.

Pour le ministre de l’Agriculture, Akram Chehayeb, l’interdiction temporaire des produits agricoles syriens aurait contribué à « stimuler la contrebande ». Photo Ani

Contestée dès l'origine par une partie des agriculteurs qu'elle était censée protéger, l'interdiction totale de l'importation de fruits et légumes en provenance de Syrie n'aura finalement duré qu'un trimestre...

Le ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb, a annoncé hier dans un entretien avec le quotidien al-Joumhouria avoir décidé d'y mettre fin la semaine dernière. Cette interdiction, décidée le 9 juin dernier et censée durer jusqu'à fin février 2017, avait pour but de protéger les « exploitations libanaises et leur production face à l'afflux des marchandises syriennes ».

Cependant, a reconnu le ministre, elle aurait en fait surtout contribué à « stimuler la contrebande », en particulier dans le Akkar et le Hermel, ce qui l'aurait conduit à revoir sa position. Contacté à plusieurs reprises, ce dernier n'était pas disponible pour répondre aux questions de L'Orient-Le Jour.

 

(Pour mémoire : Les agriculteurs en ont vu des vertes et des pas mûres)

 

Rétorsions syriennes
Autre argument avancé par le ministre, les « obstacles » dressés par les autorités syriennes face aux exportations libanaises. Bien qu'aucune mesure de rétorsion n'ait été annoncée officiellement de la part de la Syrie, son ambassadeur au Liban, Ali Abdel Karim Ali, avait réagi dès l'annonce de l'interdiction, appelant M. Chehayeb à « revoir cette mesure rapidement », ajoutant qu'elle n'était « ni dans l'intérêt de la Syrie ni dans celui du Liban » et qu'elle risquait par conséquent « d'affecter leurs relations bilatérales ». Des menaces à peine voilées qui avaient déjà valu à la mesure d'interdiction, pourtant réclamée puis saluée par plusieurs syndicats agricoles, d'être contestée par d'autres, comme l'Association des agriculteurs.

Confirmant l'existence d'une « guerre (commerciale) non déclarée », via une réduction du nombre d'autorisations d'importation aux produits agricoles libanais, son président Antoine Hoyek ne semble pas pour autant complètement rassuré par la levée de cette mesure. « Les commerçants de bananes continuent de craindre que la Syrie (NDLR : qui représentait 67 % des exportations de bananes libanaises en 2015) décide tout de même de freiner ses importations... Ils négocient donc les prix au rabais », avance-t-il, estimant que cette baisse peut parfois atteindre jusqu'à 50 % du prix habituel.

Et les mesures de rétorsion syriennes n'auraient pas frappé que les agriculteurs. Le président de l'Association des industriels libanais, Fadi Gemayel, confirme ainsi que les industriels ont rencontré des « problèmes » ces derniers temps, voire des « interdictions ». « Nous travaillons en partenariat avec le ministre de l'Agriculture et de l'Industrie pour trouver une solution », indique-t-il, avant d'ajouter qu'il espère que l'annonce de la levée de l'interdiction « va aider à assouplir la situation ».

 

(Pour mémoire : Chehayeb interdit les importations de fruits et légumes en provenance de Syrie)

 

Calendrier agricole
En attendant, la levée de l'interdiction temporaire ne signifie pas l'abandon total de toute mesure protectionniste vis-à-vis des produits agricoles syriens. M. Chehayeb a ainsi indiqué, toujours dans le même entretien, que les importations seront dorénavant réglementées et soumises à une licence préalable, ainsi qu'à des tests de laboratoire. Ces licences seront accordées en fonction des besoins du marché libanais, a-t-il ajouté, en coopération avec les coopératives agricoles et les syndicats. Par exemple, les importations « d'huile d'olive, de fromage blanc, de pommes, de raisin et de pommes de terre » seront interdites, car « la production locale est suffisante », a-t-il précisé.

Une initiative qui se rapproche de celle proposée en juin par le directeur du département agricole de la Chambre de commerce et d'agriculture de Zahlé, Saïd Gédéon, qui avait indiqué à L'Orient-Le Jour préférer l'adoption « de normes auxquelles devraient répondre tous les produits importés » à une suspension drastique des importations.

De son côté, Antoine Hoyek rappelle avoir « demandé (en juin) la mise en place d'un calendrier agricole » sur lequel s'appuierait une taxation flottante des produits importés. « Par exemple, les importations de tomates syriennes seraient taxées à 70 % pendant la saison de la récolte de la tomate au Liban, et ne seraient pas taxées en dehors de cette saison », explique le syndicaliste. Une proposition qui confirme implicitement que l'accord de libre-échange arabe (Gafta) qui régit notamment les échanges commerciaux entre la Syrie et le Liban (et 16 autres pays) depuis 2005 ne convient guère à la production agricole libanaise...

 

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C,ETAIT UNE GAFFE ! JE L,AVAIS DIT EN SON TEMPS...

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 58, le 07 septembre 2016

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Commentaires (1)

  • C,ETAIT UNE GAFFE ! JE L,AVAIS DIT EN SON TEMPS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 58, le 07 septembre 2016

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