Rechercher
Rechercher

À La Une - Tunisie

Le Premier ministre tunisien réclame mobilisation et "sacrifices"

Sauf surprise, une majorité des 217 députés de l'Assemblée des représentants du peuple devrait voter en faveur de l'équipe de Youssef Chahed.

Le chef du gouvernement "d'union nationale" en Tunisie, Youssef Chahed, a appelé vendredi à la mobilisation et prédit des "sacrifices" à venir face aux lourds défis économiques et sociaux du pays. REUTERS/Zoubeir Souissi

Le chef du gouvernement "d'union nationale" en Tunisie, Youssef Chahed, a appelé vendredi à la mobilisation et prédit des "sacrifices" à venir face aux lourds défis économiques et sociaux du pays, unique rescapé des Printemps arabes, avant de solliciter la confiance du Parlement.

Sauf surprise, une majorité des 217 députés de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) devrait voter en faveur de l'équipe de Youssef Chahed qui, à 40 ans, deviendrait ainsi le plus jeune Premier ministre de l'histoire moderne du pays. Mais preuve que la Tunisie cherche encore ses marques malgré le succès de sa transition démocratique, M. Chahed deviendrait aussi le septième chef de gouvernement en moins de six ans.

 

(Pour mémoire : En Tunisie, un ministre de 40 ans désigné chef du gouvernement d'union)

 

'Rigueur'
Dans un discours combatif, peu après l'ouverture de la séance, le Premier ministre désigné a justifié la "nécessité" de son gouvernement d'union par un sombre diagnostic économique et social, ouvrant la voie à une politique de rigueur.

"Nous avons jusque-là été incapables de réaliser les objectifs de la révolution (de 2011). (...) Nos jeunes ont perdu espoir, la confiance des citoyens dans l’État a reculé", a déploré M. Chahed, issu du parti Nidaa Tounès fondé par le chef de l'État. "Nous sommes tous responsables" et "serons tous amenés à faire des sacrifices (...). Si rien ne change d'ici 2017, nous procéderons à l'austérité", a-t-il prévenu.

Très applaudi au terme de son intervention, M. Chahed, un libéral jusque-là ministre des Affaires locales, a de nouveau égrené les autres priorités, dont la lutte contre le terrorisme --après une série d'attaques jihadistes sanglantes-- et la corruption. Dans un souci de transparence, il a indiqué que ses ministres publieraient sous 15 jours une déclaration de patrimoine.

 

(Pour mémoire: La Tunisie en quête d’un modus vivendi entre islam politique et démocratie)

 

Le vote de confiance ne devait intervenir qu'en fin de soirée. Une issue favorable marquerait la fin de plusieurs semaines d'intenses tractations: le 2 juin, le président Béji Caïd Essebsi s'était dit favorable à un gouvernement "d'union nationale" face aux critiques persistantes contre le cabinet de Habib Essid, un indépendant.

Malgré des "réserves" émises jusque parmi ses alliés, M. Chahed a exclu de procéder à des "modifications" de dernière minute du gouvernement qui compte 26 ministres et 14 secrétaires d'État. Outre la soixantaine de parlementaires de Nidaa, il devrait pouvoir compter sur les 69 députés du parti islamiste Ennahda, première force à l'ARP.

Après des heures de débats internes, le parti de Rached Ghannouchi, qui continue de digérer son exercice chaotique du pouvoir entre 2011 et 2014, a laissé entendre qu'il voterait pour ce gouvernement, au sein duquel il compte trois ministres.

 

'Soutien conditionné'
Cet apport doit garantir la majorité absolue à Youssef Chahed, qui pourra à défaut s'appuyer sur le "soutien conditionné" de 24 députés d'al-Horra, bloc parlementaire né d'une scission avec Nidaa, et des 10 représentants d'Afek Tounès (libéral).

S'il est rajeuni et féminisé, le gouvernement "d'union nationale" ne consolide toutefois que modérément son assise partisane: l'Union patriotique libre (UPL), 4e composante de la coalition sortante, n'est plus représentée.

Deux personnalités d'al-Joumhouri (centre) et al-Massar (gauche) entrent, mais à titre individuel. Le Front populaire (FP, gauche) reste lui solidement ancré dans l'opposition. "Vous voulez l'austérité mais vous avez un gouvernement de 40 membres. (...) Vous obtiendrez la confiance de l'ARP mais pas celle des chômeurs et des pauvres!", a asséné le député Ammar Amroussia.

L'équipe Chahed intègre en revanche de nouvelles personnalités indépendantes ainsi que deux "ex" du puissant syndicat UGTT. Cette ouverture permettra-t-elle une forme de paix sociale, indispensable à la relance de l'économie?

Le gouvernement ne pourra bénéficier d'aucun état de grâce dans un pays qui a vécu en janvier sa plus importante contestation sociale depuis la révolution, preuve de la persistance des maux (pauvreté, disparités régionales...) à l'origine de la chute du dictateur Zine el Abidine Ben Ali.
Il devra aussi rapidement améliorer le cadre de vie des Tunisiens, sensiblement dégradé, un point sur lequel le Premier ministre a insisté. A ce sujet, plusieurs députés ont souligné la nécessité de tenir les premières élections municipales de l'après-révolution dans les meilleurs délais.

 

 

Pour mémoire

Une question sociale orpheline d’un parti politique

Un an après les attentats, le tourisme peine à se relever à Sousse

Plus qu'au référentiel islamique, « c'est à la révolution » qu'Ennahda renonce

Marzouki à « L'OLJ » : « Le monde arabe de papa, c'est fini »

Le chef du gouvernement "d'union nationale" en Tunisie, Youssef Chahed, a appelé vendredi à la mobilisation et prédit des "sacrifices" à venir face aux lourds défis économiques et sociaux du pays, unique rescapé des Printemps arabes, avant de solliciter la confiance du Parlement.
Sauf surprise, une majorité des 217 députés de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP)...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut