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À La Une - Politique

En Tunisie, un ministre de 40 ans désigné chef du gouvernement d'union

"Nous entrons dans une nouvelle étape qui requiert des efforts, des sacrifices, de l'audace, du courage, de l'abnégation et des solutions sortant du cadre classique", a déclaré Youssef Chahed

Youssef Chahed, 40 ans, tout juste chargé de la formation d'un gouvernement d'union en Tunisie, le ministre des Affaires locales. REUTERS/Zoubeir Souissi

Tout juste chargé de la formation d'un gouvernement d'union en Tunisie, le ministre des Affaires locales Youssef Chahed a promis de lutter contre le terrorisme, la corruption et le chômage, dans un pays qui reste fragile plus de cinq ans après sa révolution.

Si M. Chahed et son équipe obtiennent la confiance du Parlement, il deviendra, à 40 ans, le plus jeune chef de gouvernement depuis l'indépendance de la Tunisie en 1956. Il deviendra également le septième Premier ministre en moins de six ans, signe que la Tunisie -considérée comme le seul rescapé du "Printemps arabe" malgré une économie en difficulté et des menaces jihadistes persistantes- cherche encore ses marques sur le plan politique.

"Aujourd'hui, nous entrons dans une nouvelle étape qui requiert des efforts, des sacrifices, de l'audace, du courage, de l'abnégation et des solutions sortant du cadre classique", a déclaré M. Chahed à la presse, juste après avoir été formellement désigné par le président Béji Caïd Essebsi.

La nomination de M. Chahed intervient après que le Parlement a retiré samedi sa confiance au chef du gouvernement Habib Essid, tout juste 18 mois après sa nomination.
Le président Essebsi s'était dit le 2 juin en faveur d'un gouvernement d'union nationale face aux critiques contre le cabinet Essid, accusé d'inefficacité alors que la Tunisie traverse une période sensible avec une économie en difficulté et la persistance de menaces jihadistes.

 

(Lire aussi : La Tunisie en quête d’un modus vivendi entre islam politique et démocratie)

 

'Compétences'
M. Chahed, qui a 30 jours pour former son équipe, a indiqué que les consultations sur la composition du futur cabinet démarreraient dès mercredi. "Ce sera un gouvernement politique, un gouvernement de compétences, de jeunes", a-t-il affirmé, en promettant que les femmes seraient "mieux représentées".

Ses priorités seront de "remporter la bataille contre le terrorisme, déclarer la guerre à la corruption et aux corrompus, augmenter le taux de croissance pour créer de l'emploi, maîtriser les équilibres financiers ainsi que (s'atteler à) la question de la propreté et l'environnement", a-t-il déclaré.

La Tunisie a été frappée par plusieurs attentats jihadistes sanglants ces dernières années. Son économie est aussi en crise, avec un tourisme et une croissance en berne et un taux de chômage très élevé, surtout chez les jeunes.

Nidaa Tounès a salué dans un communiqué "l'audace" de sa désignation, "un message fort pour l'intérieur et l'étranger disant que l'avenir de la Tunisie est dans ses jeunes".
"Nous n'avons pas de réserves particulières à l'égard de Youssef Chahed, mais nous restons prudents (...). Nous attendons de voir comment il va composer ce gouvernement", a dit à l'AFP une porte-parole d'Ennahda, Sayida Ounissi, d'après qui "la question (de la participation d'Ennahda) reste ouverte".

 

(Lire aussi : Une question sociale orpheline d’un parti politique)

 

Quelle marge de manoeuvre ?
Dès l'évocation du nom de M. Chahed ces derniers jours, certains ont salué sa jeunesse (il aura 41 ans en septembre). Mais d'autres ont critiqué la promotion d'un membre du gouvernement sortant, jugé en échec, en dénonçant aussi de lointains liens de parenté par alliance avec M. Caïd Essebsi.

Le chef de l'Etat est déjà très critiqué en raison de la présence de son fils Hafedh au sein de Nidaa Tounès.
M. Chahed a assuré à des journalistes après son point de presse n'avoir "aucun lien de parenté" direct avec M. Essebsi.

Mercredi, la presse s'est interrogée sur la marge de manoeuvre du chef du gouvernement désigné, en rappelant les conditions dans lesquelles Habib Essid a quitté le pouvoir. Ce dernier a en effet dénoncé des pressions pour le pousser à démissionner, que ses proches ont attribuées au camp de Hafedh Caïd Essebsi.
"Le nouveau poulain, taillé sur les mesures de la présidence, ne risque pas de faire de l'ombre" à Béji Caïd Essebsi, a ainsi jugé le journal Le Quotidien.

Sa nomination "va permettre à Nidaa Tounès de prendre les rênes du pouvoir (...). Youssef Chahed sera un Premier ministre et non un chef de gouvernement", a de son côté affirmé à l'AFP le politologue Hamza Meddeb. Alors que la Constitution adoptée après la révolution a réduit les prérogatives du chef de l'Etat, "on est dans la présidentialisation du régime politique en Tunisie", a-t-il ajouté.

 

 

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