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Lifestyle - La bonne nouvelle du lundi

« Tawouk et Falafel », le restaurant d’un jeune Libanais, récompensé en France

Crise des déchets, attentats, coupures d'électricité, malaise social, clivages politiques accrus, tensions communautaires... Face à l'ambiance générale quelque peu délétère, « L'Orient-Le Jour » se lance un défi : trouver une bonne nouvelle chaque lundi.

Le jeune Libanais Hussein Abou Ghaida cuisinant dans son restaurant « Tawouk et Falafel » à Orléans. Son établissement a remporté en juin le concours Talent des cités dans la catégorie « Jeune pousse ». (Photo fournie par Hussein Abou Ghaida)

Un jeune Libanais docteur en biologie médicale qui remporte un prix pour son restaurant, Tawouk et Falafel, ouvert il y a seulement cinq mois à Orléans. Telle est l'aventure de Hussein Abou Ghaida.
Ce jeune ingénieur de 28 ans, résidant à La Source à Orléans (Loiret), a gagné en juin dernier le concours Talent des cités dans la catégorie Jeune pousse pour son restaurant. L'établissement offre des plats libanais, tels que des falafels, du poulet tawouk, des kébabs et autres mets traditionnels. Des plats préparés à partir de produits frais et d'épices importées du Liban-Sud.
Depuis 15 ans, ce concours né d'une initiative du ministère de la Ville et du Sénat, et organisé par BGE (Boutique de gestion espace, organisme à but non lucratif) en partenariat avec la Caisse des dépôts, est décerné à 40 entrepreneurs de quartiers en région Centre-Val de Loire. Talent des cités veut « valoriser » ces entrepreneurs et « favoriser la cohésion sociale, la citoyenneté par l'insertion professionnelle et la création d'emplois ». Un rôle que Hussein Abou Ghaida a bel et bien rempli.

« Un pari lancé par des Libanais »
Mais que fait un détenteur d'un bac +8 derrière les fourneaux d'un restaurant libanais ? « C'était un pari lancé par des Libanais que j'ai rencontrés à Orléans », raconte à L'Orient-Le Jour le jeune entrepreneur originaire de Khiam, au Liban-Sud. « Il y a beaucoup de restaurants kébab à Orléans qui proposent souvent des plats qui ne sont pas très bons du point de vue de la santé. J'ai voulu m'en démarquer, poursuit-il. Mon établissement propose des plats faits maison. Je ramène des épices de mon village natal qui plaisent à tout le monde, j'adapte mes assiettes aux demandes de mes clients et je personnalise les sauces. » Ce sont surtout ses falafels qui font le bonheur des végétariens et végétaliens d'Orléans.
« Nous proposons des prix relativement bas par rapport à ceux pratiqués par les restaurants libanais en France. Ce qui plaît aussi à nos clients, ce sont nos portions généreuses. C'est ce qui fait le succès de l'établissement », se réjouit le propriétaire de Tawouk et Falafel.
Arrivé en France en 2011, Hussein Abou Ghaida obtient son doctorat trois ans plus tard. Mais après un an et demi au chômage, il rentre au Liban pour tenter sa chance dans le milieu universitaire. « La première question qu'on me posait toujours concernait mon affiliation politique. Quand je répondais que je n'appartenais à aucun parti, ma candidature était immédiatement écartée », se désole-t-il. Se décrivant « libre d'esprit », Hussein Abou Ghaida décide alors de retourner en France, tenté par l'entrepreneuriat.
En septembre 2015, ce jeune père d'un enfant s'installe à Orléans, où son épouse prépare une thèse de doctorat. Épaulé par BGE, il ouvre son restaurant trois mois après avoir constitué son dossier. « L'association était persuadée du succès qu'allait rencontrer mon établissement, explique-t-il. Il faut dire qu'à Orléans, il y a un seul restaurant libanais qui présente uniquement de la cuisine gastronomique. Mon établissement est donc le premier du genre dans la ville. »

« Je n'y croyais pas vraiment »
Encouragé par l'association, il postule au concours Talent des cités, sans grande conviction. « J'étais tellement débordé par le travail quotidien que je ne voyais pas comment remplir tous les formulaires. Ils y croyaient plus que moi », dit-il sur un ton amusé. Car Hussein Abou Ghaida passe entre 15 et 16h par jour dans son restaurant, où il s'occupe de presque tout : l'achat des produits, la préparation en cuisine, la vente... Il se fait uniquement aider par une serveuse.
Le 1er juillet dernier, BGE lui annonce la bonne nouvelle par téléphone : il vient de remporter le concours Talent des cités et la somme de 1 000 euros. « J'étais totalement surpris », se souvient-il. Cette récompense crée un vrai engouement pour son restaurant. Hussein Abou Ghaida confie avoir doublé son chiffre d'affaires depuis le prix. « Certains clients font parfois 20 ou 30 kilomètres pour venir goûter mes plats », se félicite-t-il.
S'il se dit déçu par son pays natal en raison du manque d'infrastructure et des problèmes liés à l'hygiène alimentaire, Hussein Abou Ghaida croit toujours au potentiel de ses concitoyens. « Je viens d'embaucher un chef libanais pour m'aider à préparer les plats, et je cherche encore à embaucher des Libanais pour me donner un coup de main », confie-t-il.
Prochain objectif : mettre en place un service de livraison à domicile, qui n'existe pas encore à Orléans pour la cuisine libanaise.
S'il affirme ne rien regretter concernant son parcours, ce jeune Libanais se pose parfois des questions : « Il m'arrive de me demander ce que je fais, surtout lorsque parfois je n'arrive plus à tenir debout, tellement je suis fatigué en fin de journée. Mais je me rappelle que je suis libre et content de faire ce que je fais. Et lorsque votre établissement obtient une certaine reconnaissance, vous vous accrochez encore plus. »
Aujourd'hui, certains de ses clients lui demandent son CV et lui proposent un emploi. « Je suis bien là où je suis et je compte rester dans mon restaurant pour le moment », dit-il. Voulant aller plus loin, Hussein Abou Ghaida a dans son viseur la prochaine étape du concours Talent des cités, cette fois à l'échelle nationale.

 

 

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Un jeune Libanais docteur en biologie médicale qui remporte un prix pour son restaurant, Tawouk et Falafel, ouvert il y a seulement cinq mois à Orléans. Telle est l'aventure de Hussein Abou Ghaida.Ce jeune ingénieur de 28 ans, résidant à La Source à Orléans (Loiret), a gagné en juin dernier le concours Talent des cités dans la catégorie Jeune pousse pour son restaurant....

commentaires (3)

Félicitations a ce jeune entrepreneur. Le Liban a depuis toujours exporté des talents qui ont surmonté les difficultés... toutes sortes de difficultés...

Spiridon Araman

14 h 11, le 15 août 2016

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Commentaires (3)

  • Félicitations a ce jeune entrepreneur. Le Liban a depuis toujours exporté des talents qui ont surmonté les difficultés... toutes sortes de difficultés...

    Spiridon Araman

    14 h 11, le 15 août 2016

  • "Je ramène des épices de mon village natal qui plaisent à tout le monde, j'adapte mes assiettes aux demandes de mes clients et je personnalise les sauces" ca c'est BEAU. Voila un vrai Libanais qui agit a l'exterieur pour la reconnaissance de ce que est le Liban: un pays acceuillant, de bon gout, de bonnes saveurs et de ... debrouillardise. un Bac+8 se lance dans le metier de la bouche et repond a un vrai probleme. c'est BEAU. Au fait ... combien de nos hommes politiques ont un Bac+8 et repondent a de VRAIS problemes de notre societe? Chers politciens, Si vous repondez a ces 2 criteres simples, levez la main ... sinon quittez la table, faites le pour le pays que vous pretendez aimer ... voire servir. Bon appetit

    Ana Lebnene, Lebnene ou bess

    12 h 36, le 15 août 2016

  • Cher Hussein Abou-Ghaïda, Suite à le lecture de ce récit, j'ai déjà l'eau à la bouche. Cela vaut la peine d'aller à Orléans distant de 135 kms de Paris pour manger un plat de falafel à condition qu'ils soient aussi bons que ceux que je mangeais il y 50 ans chez "Falafel Sahyoun" à Caracol el-Abed, rue de Damas.

    Un Libanais

    11 h 37, le 15 août 2016

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