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Lifestyle - La bonne nouvelle du lundi

Les Beyrouthins dans les dicos français : le pari réussi de Tania Hadjithomas Mehanna

Crise des déchets, attentats, coupures d'électricité, malaise social, clivages politiques accrus, tensions communautaires... Face à l'ambiance générale quelque peu délétère, « L'Orient-Le Jour » se lance un défi : trouver une bonne nouvelle chaque lundi.

Le mot « Beyrouthin » dans l’édition 2017 du dictionnaire « Larousse ».

Le combat acharné de Tania Hadjithomas Mehanna s'achève en apothéose. Après deux années de pétitions et de multiples démarches, le mot «Beyrouthin» fait pour la première fois son apparition dans l'édition 2017 du dictionnaire Larousse, parue le 26 mai en France, entre les mots beylisme et bézef. Le gentilé (terme désignant les habitants d'un lieu) a également été introduit dans la version électronique du Robert.

«Je suis très contente. Il s'agit d'une victoire symbolique, mais pas que», se réjouit la cofondatrice et directrice des éditions Tamyras à L'Orient-Le Jour. «Ces petites victoires sont une marque de résistance culturelle», ajoute-t-elle, insistant sur la nécessité de «continuer à promouvoir les richesses du Liban», dont la francophonie, qui fait partie de l'identité culturelle du pays.

Tania Hadjithomas Mehanna raconte son épopée avec passion. «Pour qu'un mot soit éligible pour une introduction dans le dictionnaire, il doit être usité depuis plusieurs années, aussi bien à l'oral qu'à l'écrit», explique-t-elle.

«Le mot Beyrouthin apparaît pour la première fois en 1844 dans un article publié dans L'Écho de la fabrique, un journal hebdomadaire édité par les ouvriers tisserands de la soie de Lyon, qui établissait une comparaison entre la soie lyonnaise et la soie beyrouthine», raconte l'éditrice, précisant que la première manufacture de soie au Liban a été créée en 1841 par les frères Portalis. «On retrouve par la suite le mot dans de très nombreux écrits d'orientalistes.»

Tous les critères d'éligibilité du terme étant remplis, la directrice de Tamyras décide alors de lancer une campagne de promotion. Une pétition en ligne, visant à «sensibiliser les gens» et appelant à l'intégration de Beyrouthin dans le dictionnaire, recueillera près de 900 signatures.



Mais le combat se déroule aussi sur d'autres terrains. «Après l'organisation d'une table ronde, notamment avec l'écrivain Marc Lambron, membre de l'Académie française, nous avons sollicité l'institution pour que le mot soit introduit dans le dictionnaire qu'elle édite chaque année», raconte Tania Hadjithomas Mehanna. «Mais la procédure est rigide et longue. Les académiciens se penchent sur une lettre par an. Et le B était encore loin», ajoute-t-elle. Avec Loup de Tenishev Aganin, écrivain et historien français amoureux du Liban, dont elle salue «l'aide précieuse et l'amitié», l'éditrice parvient à contacter les éditions du Larousse et du Robert. Le pari finit par payer.

« Tous francophones dans l'âme »

Ce combat synthétise les multiples vies de cette femme très active. Après des études en lettres françaises, elle enseigne le français dans le secondaire pendant quatre ans. Elle devient ensuite journaliste, dirigeant notamment le magazine culturel Esquisse et le magazine littéraire en ligne Alinea. L'autre passion de l'éditrice, c'est la promotion du Liban à travers son patrimoine historique et culturel.

La campagne autour du mot Beyrouthin «n'est pas un caprice», souligne-t-elle. «Toute cette démarche s'inscrit dans le cadre de la campagne de Tamyras, Positive Lebanon, qui met en avant les acteurs de la société civile libanaise», explique-t-elle. «La société civile est fantastique, elle ne baisse jamais les bras! Et les initiatives venues de la base se multiplient», ajoute-t-elle, déplorant le vide créé par l'absence de l'État. Tania Hadjithomas Mehanna tient d'ailleurs une rubrique dans les colonnes de L'Orient-Le Jour, un mercredi sur deux, intitulée Positive Lebanese, dans laquelle elle met en avant les initiatives positives et concrètes de la société civile.

Pour l'éditrice, l'entrée du mot Beyrouthin dans les dictionnaires français de référence constitue également une victoire pour la place particulière de la francophonie au Liban.
«Certes, je suis fière de parler plusieurs langues. Mais, comme l'arabe ou l'anglais, le français au Liban n'est pas qu'une langue, c'est une culture. Nous sommes tous francophones dans l'âme», déclare-t-elle. «Nous ne devons jamais perdre de vue ce que nous sommes. Nous avons beaucoup de choses à dire et à défendre comme la coexistence. Notre histoire est riche, comme notre patrimoine culturel et religieux», dit-elle encore avec conviction.

Lorsqu'on l'interroge sur ses combats à venir, Tania Hadjithomas Mehanna répond: «Il est temps de nous réapproprier notre territoire culturel. Beyrouth et le Liban méritent que l'on s'y intéresse.»


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Le combat acharné de Tania Hadjithomas Mehanna s'achève en apothéose. Après deux années de pétitions et de multiples démarches, le mot «Beyrouthin» fait pour la première fois son apparition dans l'édition 2017 du dictionnaire Larousse, parue le 26 mai en France, entre les mots beylisme et bézef. Le gentilé (terme désignant les habitants d'un lieu) a également été introduit dans...

commentaires (2)

Bravo Madame !!!!,

Kelotamam

19 h 07, le 01 août 2016

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Commentaires (2)

  • Bravo Madame !!!!,

    Kelotamam

    19 h 07, le 01 août 2016

  • Bravo Tania pour y avoir pensé et pour l’avoir accompli ! Une victoire bien méritée !

    Citoyen volé

    15 h 55, le 01 août 2016

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