Le sport de combat libanais s'est offert le premier titre mondial de son histoire grâce à une nouvelle étoile appelée à briller encore quelques années. À seulement 22 ans, Charbel Diab, alias Bilo, est devenu le 10 juillet à Las Vegas champion du monde amateur en arts martiaux mixtes (MMA), dans la catégorie des super poids lourds.
Il venge ainsi Richard Saliba, défait lors de son deuxième combat dans la catégorie poids plumes, et Hani al-Sardouk, battu dès son entrée en lice dans la catégorie poids moyens, les deux autres représentants du Liban dans cette compétition organisée par la Fédération internationale d'arts martiaux mixtes (Immaf) regroupant 250 pratiquants venus de 48 pays.
Le MMA est un sport de combat libre qui regroupe plusieurs techniques d'arts martiaux comme la boxe, le judo, le karaté ou le jiu-jitsu brésilien. Dans une cage octogonale, deux combattants s'affrontent pieds nus, sans casque ni gants, mais avec des protections équivalentes à des mitaines, et selon des règles internationales unifiées. Si tous les coups ne sont pas permis, l'adversaire peut tout de même être frappé quand il est au sol, y compris à la tête. La victoire se fait par K.-O., par arrêt du combat sur décision de l'arbitre, par soumission ou sur décision des arbitres à l'issue des 3 rounds de trois minutes chacun.
« Ce que je ressens est indescriptible. Devenir champion du monde en représentant un si petit pays, c'est tout simplement énorme », déclare à L'Orient-Le Jour ce colosse de 2,04 mètres affichant 135 kilos, originaire de la localité de Blat, dans le caza de Jbeil. Il parle avec modestie de l'accueil « très chaleureux » de ses proches à l'aéroport international de Beyrouth et de la cérémonie organisée en son honneur à Blat, en présence de nombreux notables de la région.
C'est avec la même humilité qu'il décrit sa compétition. Pourtant, Charbel Diab pourrait exulter, car il a littéralement terrassé ses adversaires. « En demi-finale, j'ai affronté le Sud-Africain Dwain Meredith. Je l'ai battu par K.-O. en 19 secondes, un record absolu pour cette compétition. En finale, j'étais face au Polonais Marcin Kalata, un combattant expérimenté, jusque-là invaincu, qui participait pour la troisième fois à cette compétition. Je l'ai battu en 2 minutes 30 par K.-O. technique », relate-t-il.
Longtemps confiné dans des cercles souterrains en raison de son caractère particulièrement violent, le MMA s'est particulièrement développé depuis le début des années 2000. Après s'être dotée de règles de combat pour éviter les interdictions et protéger la santé des combattants, la discipline s'est structurée et démocratisée, à la manière du catch américain, grâce à l'émergence d'une franchise américaine, l'Ultimate Fighting Championship (UFC), dont les combats, proches du sport-spectacle, sont télévisés et diffusés à travers le monde.
« Aller le plus loin possible »
Bilo souligne que sa victoire est la récompense d'un programme d'entraînement de six mois, concocté par ses entraîneurs du Tristar Gym Lebanon, un club d'arts martiaux domicilié dans les installations du Mtayleb Country Club. « Je me suis entraîné tous les jours. Mes journées débutaient par une séance de course puis je suivais, avec mes coachs et mes partenaires, deux séances intensives d'entraînement physique et technique », explique Charbel Diab. Et de souligner, non sans fierté : « Je n'ai pas adapté ma préparation à mes adversaires potentiels. Je me suis entraîné pour aller le plus loin possible. »
L'athlète tient à rendre hommage à son entraîneur principal Wissam Abi Nader, son préparateur physique Nidal Badawi, les spécialistes du MMA, Ali Hamadé et Imad Hoyek, ainsi qu'à son coach pour la boxe, Élie Zouein, et pour le jiu-jitsu brésilien, Ricardo Rubiz.
Pour financer sa participation à la compétition, le champion a fait la chasse aux sponsors et aux donateurs privés, notamment dans sa région natale. « Pour Las Vegas, nous avons levé un budget de plus de 8 000 dollars », indique-t-il, expliquant qu'il faudrait « entre 50 et 60000 dollars » pour pérenniser une carrière qui débute sur les chapeaux de roue. Le jeune homme refuse par ailleurs de prendre parti dans le conflit qui oppose son club à la fédération libanaise de tutelle, l'obligeant à assurer seul ses arrières.
Bilo s'est lancé dans le MMA il y a quatre ans, afin de canaliser une certaine colère. « J'ai commencé à 18 ans. J'étais un garçon turbulent, très nerveux. Ce sport m'a calmé. Je peux dire qu'il a donné un sens à ma vie », explique-t-il. Dès les premiers combats, son talent et son gabarit impressionnent. Il devient champion du Liban dans sa catégorie en 2013, moins d'un an après avoir débuté.
Son avenir, Charbel Diab l'écrit au jour le jour. « Toutes les possibilités sont ouvertes. J'ai eu des contacts avec plusieurs personnes venues de pays étrangers. Pour l'instant, je suis au Liban », assure-t-il.
Comme d'autres grands talents de sa discipline au Liban, il veut pouvoir continuer à porter haut les couleurs du pays, en espérant que les autorités libanaises du sport leur en assureront les moyens.
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À MA CONNAISSANCE, J'AI PAS VU AFFICHÉ LE NOM DU L'ENTRAINEUR FIRAS ZAHABI, D'ORIGINE LIBANAISE, QUI EST À L'ORIGINE DU CLUB TRISTAR GYM À MONTRÉAL. UN ENTRAINEUR ACHARNÉ QUI A FORMÉ PLUSIEURS CHAMPIONS, RIEN QUE CITER LE GRAND GSP GEORGES ST PIERRE. BRAVO CHARBEL.
13 h 23, le 25 juillet 2016