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Nos Lecteurs ont la Parole

De la Turquie à l’Espagne

Par Jean-Louis CARDAHI
Dimanche 12 juin, on a voté islamiste en Turquie alors qu’en Europe, l’atmosphère était à l’euphorie, causée par le taux de croissance de l’économie turque.
Mais comment la communauté internationale évalue-t-elle un bilan de plus de huit ans avec l’AKP et son charismatique chef Recep Tayyip Erdogan ? Il est important de savoir que la communauté internationale voit certains événements et écrit souvent l’histoire à sa façon, en se trompant au gré du temps. Une majorité de pays occidentaux prennent position sur une affaire, des événements ou un pays, et édictent leurs vérités en fonction de leurs intérêts, véhiculant cette vision à travers les agences de presse et les médias pour la faire adopter par une opinion publique comme vérité historique ne supportant pas d’être mise en doute.
Revenons un peu à l’histoire de la guerre d’Espagne. Tous les francophones l’ont connue à travers les récits français sans qu’un doute prenne place dans leur esprit. La France avait tranché : « Le Panthéon pour les républicains et pour les autres le royaume des ténèbres », selon le chroniqueur Gilles Martin. Les fascistes, on les regardait comme des loups s’aiguisant les canines. On parlait d’eux et on voyait torture et inquisition. Aujourd’hui, l’édition française revient sur ses jugements. La biographie du Caudillo par Michel Del Castillo montre un Franco vainqueur impitoyable, mais aussi un Front populaire despotique, anarchique et criminel. Les républicains avaient renoncé à tous leurs idéaux et déclinaient l’alphabet de la haine de A à Z.
Plus récemment, la plus horrible des guerres a eu lieu au Moyen-Orient, en Irak. Sous des prétextes fallacieux, une guerre a fait plus d’un million de morts et continue à avoir des conséquences dramatiques. Les photos récentes d’enfants déformés, malformés, cancéreux ou morts prématurément dans des villes bombardées par des Américains, ayant utilisé très probablement des armes chimiques, sont insupportables. Mais comment la communauté internationale peut-elle pardonner à George W. Bush ce qu’elle n’a pas pardonné à « Ali le chimiste », tueur par arme chimique d’Irakiens sous le régime de Saddam Hussein? Tout cela est bien la preuve que le monde occidental émet ses jugements un peu trop vite ou en fonction de ses propres intérêts.
Pour revenir à la Turquie, durant les quatre dernières années, le gouvernement a mis en prison plusieurs milliers d’opposants laïques, magistrats, militaires, fonctionnaires, et particulièrement à ce jour 82 journalistes sous prétexte qu’ils avaient l’intention de réaliser un coup d’État. L’affaire, plus connue sous le nom d’Ergenekon, n’est toujours pas jugée et ne l’est pas au lendemain d’élections « libres », telles que reconnues par la communauté internationale. Tout le monde loue la croissance du PIB turc, mais personne ne signale que la dette publique en huit ans a été multipliée par 10 malgré les privatisations en masse réalisées par l’AKP.
Ce ne sont pas la bonne gestion publique, les libertés et les réformes qui vaudront à tel pays ou à tel autre d’être admis au « Panthéon » et d’éviter le « royaume des ténèbres », mais l’intérêt que peut avoir pour vous cette communauté internationale, dans le dessein de ses intérêts régionaux ou locaux.
Dimanche 12 juin, on a voté islamiste en Turquie alors qu’en Europe, l’atmosphère était à l’euphorie, causée par le taux de croissance de l’économie turque. Mais comment la communauté internationale évalue-t-elle un bilan de plus de huit ans avec l’AKP et son charismatique chef Recep Tayyip Erdogan ? Il est important de savoir que la communauté internationale voit certains...
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