Vue générale du lac Qaraoun. Photo Saïd Maalaoui
Le ministre libanais de la Santé, Waël Bou Faour, a dressé samedi un sombre tableau de l'état des eaux du lac artificiel de Qaraoun, dans le Liban-Sud, déplorant un "taux de pollution très élevé".
Des analyses ont été effectuées sur ce lac à la suite de la découverte récente d'une grande quantité de poissons morts. Le ministre, qui effectuait samedi une tournée dans les villages avoisinants le fleuve du Litani et le lac Qaraoun, a toutefois affirmé que le décès des poissons n'est pas dû à la pollution du lac. Lundi dernier, il avait appelé le public à ne plus manger de poissons provenant de ce lac jusqu'à la publication des résultats des analyses.
"Il n'y a rien qui justifie la mort subite des poissons dans le Litani, a affirmé le ministre. Les tests montrent un taux d'ammoniac élevé dans l'eau mais pas dans les poissons qui sont décédés en raison du niveau peu élevé d'oxygène dans l'eau". "C'est le courant du Litani qui pose problème et non pas l'eau du lac", a-t-il ajouté.
Mercredi, le chef du Parlement Nabih Berry avait tiré la sonnette d'alarme, appelant les autorités compétentes à assumer leurs responsabilités et à protéger le fleuve du sable des carrières qui avaient jauni ses eaux, au grand désespoir des propriétaires de cafés et de parcs aménagés sur les rives du fleuve à Tayr Felsay et à Sir (Liban-Sud).
Ces derniers ont d'ailleurs appelé à manifester pacifiquement, lundi prochain, pour protester contre les "activités illicites" responsables de la pollution des eaux du fleuve, utilisé comme déversoir par toutes les carrières en amont des sites touristiques. M. Berry avait également dénoncé l'utilisation du cours d'eau, en amont du lac de Qaraoun, où son cours serpente et, par endroits, stagne, ainsi que sur le lac artificiel lui-même, pour y déverser toutes les eaux usées des villes et villages situés de part et d'autre de ses rives.
Vendredi; plusieurs responsables ont dénoncé ce "désastre écologique", dont le ministre de l'Industrie, Hussein Hajj Hassan qui a appelé à la mise en place d'un "programme national pour traiter ce dossier".
De son côté, le ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb, a indiqué que les nappes phréatiques et l'agriculture étaient menacées si les mesures nécessaires n'étaient pas prises. Pour sa part, le ministre en charge du Développement administratif, Nabil de Freige, a dénoncé l'égout à ciel ouvert qu'est devenu le Litani. "La pollution la plus grave ne provient pas des carrières, mais des eaux usées qui se déversent dans le fleuve", estime toutefois le ministre, qui se montre sensible à l'augmentation en nombre des "usagers" du fleuve, du fait de la présence massive de réfugiés syriens dans la Békaa.
Pour mémoire
Menaces d'escalade des riverains contre la pollution du Litani par les carrières
Des analyses ont été effectuées sur ce lac à la suite de la découverte récente d'une grande quantité de poissons morts. Le ministre, qui effectuait samedi une tournée dans les villages...