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Campus - Ateliers

L’Université antonine remet la mosaïque et l’iconographie au goût du jour

Tout au long des mois de mai et de juin, des passionnés et des amateurs se rendent deux fois par semaine à l'Université antonine pour assister à des ateliers d'iconographie ou de mosaïque. Deux formations organisées par le Centre de formation permanente ouvertes au grand public.

« Le centre a ouvert une fenêtre sur des domaines oubliés ou des spécialisations qui ne sont pas enseignées dans les universités. »

Le Centre de formation permanente a inscrit l'art de la mosaïque et de l'iconographie dans son programme « vu qu'il y a une réelle demande. Ce sont des domaines artistiques un peu oubliés du grand public, donc nous avons voulu les retravailler d'une façon originale, les actualiser, en combinant différentes techniques et écoles », souligne Jenny Mchantaf, directrice du centre. Ces formations regroupent des profils de tout bord. Architectes, femmes au foyer, médecins, peintres y assistent les matinées ou les après-midi, selon leur disponibilité. Leur motivation : assouvir leur curiosité, s'essayer dans la création artistique, voire bénéficier de l'art comme thérapie. « Je crois que les gens attendent des formations pareilles où les connaissances artistiques s'ajoutent à une maîtrise technique », ajoute Dana Adada, cette artiste qui dirige la formation en mosaïque.
Dans une vaste salle calme, bien éclairée, celle-ci accompagne ses élèves dans le processus de réalisation de leur projet individuel, depuis le dessin jusqu'au produit final. Bocaux de tesselles de différentes couleurs, colle hydrosoluble ou pinces, les matériaux sont disposés sur les tables, où chaque participant s'applique devant sa planche. Les uns tracent au crayon les lignes de leur composition, les autres posent, minutieusement, des tesselles sur leur dessin. Pour Nancy Kaddoum qui termine sa thèse en muséographie, participer à cette formation répond à un double besoin. « Mon but, c'est de travailler dans des musées, ça m'intéresse donc d'apprendre la technique de la mosaïque. De plus, sur le plan personnel, je cherche une activité qui me calme. Pour moi, faire de la mosaïque, c'est un peu comme le yoga pour les autres. » Sa camarade Mayassa Haraty, pâtissière de métier, acquiesce. « Ce travail de précision est non seulement un passe-temps, c'est aussi une thérapie. On s'y concentre, on oublie le reste et on s'évade. » Pour elle, la mosaïque constitue ainsi une échappatoire artistique, comme, également, pour Micheline Imad, orthophoniste, qui avoue pouvoir travailler sur sa planche de mosaïque pendant des heures d'affilée : « C'est mon jardin, je m'y retrouve, pour un moment, avec moi-même, et ce qui est intéressant, c'est d'arrêter de penser à ses soucis grâce à cette activité. »

Théorie et pratique
Dans la salle d'à côté, pendant la formation en iconographie, un autre groupe de participants se rassemble autour d'une table. Objectif de la journée : réaliser de la tempera. Pour commencer, quelques élèves, à tour de rôle, séparent le jaune d'œuf du blanc. Préparé suivant une certaine recette, celui-ci sera ajouté, au compte-gouttes, aux pigments naturels, dilués au préalable avec de l'eau. « On enseigne la technique byzantine. On suit les règles canoniques et le style iconographique. Le but final, c'est que chaque participant réalise une icône qui recevra la bénédiction à la fin de la formation. Notre message est à la fois théologique et artistique », explique le père Charbel Bou Abboud, maître en iconographie spécialisé en Italie, qui dirige la formation avec l'iconographe Odile Chamoun. Celle-ci précise que « cette formation est une initiation qui permettra aux participants intéressés par cet art de poursuivre des études beaucoup plus approfondies plus tard ».
Pour les organisateurs, l'enjeu, aujourd'hui, serait de donner un nouveau souffle à cet art sacré. Certains participants s'en donnent à cœur joie. « Moi qui fais de la peinture, je vais pouvoir profiter du savoir-faire. C'est un plus au niveau de l'emploi des couleurs, la dégradation, la précision... C'est une méthode en elle-même, c'est tout un monde qu'on ne connaît pas et auquel on nous a ouvert les yeux », confie Marie-Thérèse Zouein Tabet, une artiste peintre qui suit la formation « par curiosité intellectuelle et religieuse ». En effet, le cours englobe trois dimensions, théologique, artistique et savoir-faire technique. « J'ai toujours été curieuse de savoir comment on fait une icône, les raisons pour lesquelles on en réalise une, son sens intrinsèque, pourquoi on l'a adorée puis rejetée, etc. C'est tellement loin que je sens le besoin de m'en rapprocher », continue-t-elle.
Les formations en iconographie et en mosaïque tablent sur l'apprentissage théorique parallèlement à la pratique. Ainsi, après une brève introduction sur l'historique et les éléments techniques de la mosaïque et de l'iconographie, c'est durant les ateliers que les participants apprendront le mieux. « La théorie et la pratique se font en même temps, c'est pour cela que le cours est assez animé et vivant, on ne s'ennuie pas. Par exemple, tout à l'heure, on a travaillé la couleur puis on est passé à la théorie et de nouveau nous appliquerons les notions apprises », confirme Marie-Thérèse Zouein Tabet.
Quant à Achtarout Awad, peintre et architecte d'intérieur, elle participe à la formation en iconographie non seulement pour s'informer sur la technique et les règles de l'icône, mais aussi pour « posséder une culture diversifiée ». « Le centre a ouvert une fenêtre sur des domaines oubliés ou des spécialisations qui ne sont pas enseignées dans les universités. Cela est important pour moi comme pour les autres amateurs qui souhaitent élargir leur culture. Et c'est ce dont on a besoin au Liban », estime-t-elle. D'ailleurs, le Centre de formation permanente mise sur la culture « comme arme pour éduquer les gens et pour se positionner dans cette société », affirme sa directrice, Jenny Mchantaf. Également, le centre « non seulement met à l'honneur l'art mais aussi la jeunesse, parce que ce sont les deux moteurs qui peuvent assurer la renaissance et le renouveau dans un pays comme le nôtre », assure-t-elle.
Enfin, le professeur en histoire de l'art, Mahmoud Zibawi, spécialiste en icône et mosaïque, interviendra lors des deux formations. Il expliquera notamment la symbolique des mosaïques qui se trouvent au Musée national. Suite à ces interventions sont prévues deux visites, l'une au Musée national de Beyrouth et l'autre au couvent Saint-Sauveur de Joun qui rassemble la plus grande collection d'icônes.

Le Centre de formation permanente a inscrit l'art de la mosaïque et de l'iconographie dans son programme « vu qu'il y a une réelle demande. Ce sont des domaines artistiques un peu oubliés du grand public, donc nous avons voulu les retravailler d'une façon originale, les actualiser, en combinant différentes techniques et écoles », souligne Jenny Mchantaf, directrice du centre. Ces...

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