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Économie - Splendeurs et misères économiques

La Banque centrale du XXIe siècle

Né à Beyrouth, Michel Santi est un macroéconomiste franco-suisse qui conseille des banques centrales et des fonds souverains. Il est notamment l’auteur de « L’Europe, chroniques d’un fiasco économique et politique » et de « Misère et opulence ».

Les banques centrales ont les clés de notre rétablissement économique car elles peuvent se permettre de créer de la monnaie en quantité illimitée, sans jamais craindre la faillite. Si elles ne le font pas délibérément pour relancer la croissance, il est vrai que – à leur décharge – elles n'ont pas été fondées pour réguler la consommation des citoyens. Leur raison d'être fut historiquement de se constituer comme bras armé de leur État de tutelle en lui procurant de la liquidité, en émettant les billets de banque et – un peu plus tard – en atténuant les paniques bancaires et les tourmentes financières.
Pourtant, parvenues aujourd'hui au stade où elles doivent reconnaître que les QE (quantitative easings, ou assouplissements quantitatifs) ne déploient pas les effets bénéfiques escomptés sur l'économie réelle, les banques centrales doivent se jeter à l'eau et vaincre ces résistances politiques, idéologiques et parfois légales les empêchant de franchir le pas. Nos politiques – incapables de comprendre l'urgence du rétablissement de la croissance – ne prendront jamais l'initiative d'un transfert de liquidités vers les citoyens, sauf à en être contraints par une révolution qui ne manquera pas de survenir s'ils maintiennent leur posture attentiste et élitiste.
À cet égard, la droite et la gauche traditionnelles de toutes les nations occidentales ont bien du mal à accepter le principe théorique même de ce type de crédit social. Alors que la droite est emmurée dans une idéologie incapable de tolérer que des gens reçoivent de l'argent en contrepartie de nul labeur, alors qu'elle se refuse catégoriquement à ce que – par ce biais – l'importance de l'État ne s'en retrouve accrue, la gauche privilégie pour sa part des mesures fiscales le plus souvent complexes et inaudibles pour le citoyen moyen qui n'ont donc nul effet positif sur l'économie.
Il suffirait pourtant de considérer ce crédit social sous le même angle qu'un héritage qui constitue lui aussi un transfert de richesses n'ayant pas non plus été gagné par son bénéficiaire. En termes absolus, l'héritage déroule exactement les mêmes conséquences bénéfiques pour son destinataire que le crédit social, si ce n'est que ce dernier procède des pouvoirs publics et non du décès d'un proche. Comme les récessions n'ont pas d'effet thérapeutique, comme le chômage ne forme pas la jeunesse et comme nous ne sommes pas censés vivre dans une société où les plus démunis doivent expier leurs péchés, le crédit social est désormais la seule voie de redressement de l'économie profitant au plus grand nombre.
Cette mesure pourrait très rapidement être mise en place par les banques centrales, sans être retardée par les inévitables tempêtes dans un verre d'eau occasionnées par les consultations parlementaires. Contrairement aux réductions de taux d'intérêt et aux baisses de taux quantitatives, ce crédit social déploierait des effets immédiats sur la croissance. Il ne générerait donc pas de bulle spéculative allant de pair avec la création monétaire et soulagerait des inégalités, sans pénaliser les riches. Il est impératif que nos banques centrales cessent d'utiliser des instruments créés il y a un siècle et qu'elles s'adaptent à notre nouveau millénaire.

Les banques centrales ont les clés de notre rétablissement économique car elles peuvent se permettre de créer de la monnaie en quantité illimitée, sans jamais craindre la faillite. Si elles ne le font pas délibérément pour relancer la croissance, il est vrai que – à leur décharge – elles n'ont pas été fondées pour réguler la consommation des citoyens. Leur raison d'être fut...
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