À un peu plus d'une semaine des élections municipales de Beyrouth, une décision prise par le conseil municipal sortant de la capitale, le 21 avril, d'acheter des terrains sur la plage de Ramlet el-Beida, au prix de 120 millions de dollars, suscite un début de contestation. Cette décision a été prise « afin de préserver l'accès libre à cette plage publique à l'intention des habitants de Beyrouth », a expliqué à plus d'une reprise le président du conseil municipal, Bilal Hamad.
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Ces terrains, sur le sable de la plage, sont supposés être des biens-fonds maritimes publics, donc en aucun cas des terrains privés, si l'on s'en tient à la loi de 1925 qui régit le littoral. Or ils ont été progressivement privatisés depuis les années 60, passant d'acheteur en acheteur.
La décision du conseil municipal, qui porte le numéro 283, comporte au moins deux points susceptibles d'être attaqués, ainsi que le constate l'agence al-Markaziya dans une enquête : d'une part, le conseil municipal néglige d'obtenir l'aval du Conseil des ministres pour cette transaction importante ; d'autre part, la décision stipule que la vente se fera de gré à gré, ne laissant pas au mohafez une marge pour les négociations ou l'intervention, comme cela est d'usage en pareil cas.
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Interrogé par l'agence al-Markaziya, Raja Noujaim, représentant l'Association pour la protection du patrimoine libanais (APPL), se demande « sur quel principe ou texte légal on se base pour permettre au conseil municipal d'acheter des terrains de ceux qui n'en sont pas les propriétaires ». Il annonce que « plusieurs plaintes pour falsification et escroquerie seront déposées auprès de la Cour des comptes, du parquet financier et du Conseil d'état ». Le militant s'insurge contre le fait que le conseil municipal a pris cette décision sans en référer au ministère des Transports, qui est le ministère en charge du littoral, ni à personne d'autre d'ailleurs, n'hésitant pas à la qualifier « d'opération d'escroquerie ».
« Le vrai propriétaire de ces terrains est l'État libanais, et les preuves existent, même si les titres de propriété sont légaux dans la forme, ils ne le sont pas dans le fond », ajoute Raja Noujaim.
Il note que ces terrains privatisés ont changé plusieurs fois de main depuis les années 60, jusqu'à leur acquisition par l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, « qui, lui, les avait mis à la disposition du public ». Il note enfin que la décision ne tient pas compte des prérogatives du mohafez (qui est la partie exécutive dans la capitale), se demandant si celui-ci « n'a pas été soumis à des pressions ».
Contacté par L'Orient-Le Jour, Bilal Hamad n'était pas disponible dans l'immédiat pour réagir à ces critiques.
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commentaires (4)
Centre-Ville, Fronts de mer, Internet, caisses noires, ordures, carrières, hygiène etc. et maintenant Ramlet el beida. Toutes oeuvres de rastacouères chevronnés exécutées à coups de milliards d'abord au bénéfice de leurs auteurs et, accessoirement à celui des citoyens payeurs. Sauf, la dernière en date, exécutée à toute berzingue de crainte de rater le coche pour raison d'élection municipale à venir, et qui profitera indûment à une poignée de proprios proclamés de terrains non edificande donc sans valeur, à hauteur de quelques 120 millions de dollars, et combien dûment aux habitués authentiques de St Balach! ,
Khlat Zaki
17 h 00, le 29 avril 2016