Que signifie, en l'état actuel des choses, la visite de Barack Obama à Riyad ?
Cette visite est importante, car elle peut paver la voie à des liens plus forts encore entre Washington et Riyad, et le prochain président américain en héritera. Obama vient à la rencontre des dirigeants saoudiens, mais également de ceux du Golfe. C'est une réédition de rencontres précédentes et devrait porter sur de nombreux dossiers, comme l'Iran et les énièmes inquiétudes du Conseil de coopération du Golfe (CCG) quant à un revirement/repositionnement américain par rapport à la République islamique. La crise syrienne sera bien entendu également à l'ordre du jour, et Barack Obama doit absolument prendre une décision à ce sujet, comme Bill Clinton l'a fait pour la guerre de Bosnie en 1994. Ceci doit être fait en collaboration avec des pays comme l'Arabie saoudite et la Turquie dans le but de mettre fin à la tuerie du peuple syrien. Les malentendus, les doutes sur l'engagement américain dans la région seront abordés lors de la visite du président américain qui, j'en suis sûr, se voudra rassurant. Il faut toutefois que les Saoudiens invitent Obama à avoir avec eux des discussions très détaillées et que les débats ne restent pas vagues.
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Si les relations entre Washington et Riyad devaient se détériorer encore plus, quelles seraient les conséquences ?
À mon avis, les relations entre l'Arabie saoudite et les États-Unis ne sont pas mauvaises, elles ont juste changé, évolué. Cela est dû à deux choses. Premièrement, il n'y a aucun pays dans la région qui ne soit aussi efficace, influent et capable d'implanter toute politique étrangère que l'Arabie saoudite. Ses capacités économiques et militaires en sont la preuve. Les États-Unis devraient toujours traiter avec l'Arabie dans la région. En outre, les relations entre les deux puissances ont été modifiées par plusieurs éléments, dont l'attitude saoudienne qui a changé. L'Arabie est aujourd'hui plus confiante et prend des initiatives, prend les choses en main. Le résultat est que la doctrine Obama et la doctrine Salmane se complètent. Barack Obama veut que les pays de la région prennent les commandes, et c'est ce que fait le royaume. Je vois comme un entrelacement entre les deux pays, qui cherchent à donner à leurs relations un élan positif, basé sur de nouvelles réalités. Celles-ci ont deux volets : le manque d'intérêt des Américains pour le Moyen-Orient, où ils n'ont jamais réellement voulu s'impliquer en profondeur, et des responsabilités régionales croissantes pour les Saoudiens.
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Si les relations entre Riyad et Washington ne peuvent redevenir ce qu'elles étaient, Obama peut-il néanmoins garantir leur maintien ? Quel en serait le gage ?
Un palliatif serait une solution en Syrie. Sur le long terme, les relations pourront être meilleures si elles sont basées sur des valeurs communes. Barack Obama a donné l'impression qu'il donnait à l'Iran la même importance qu'à l'Arabie saoudite, ce que les Saoudiens ont trouvé injuste, parce que le royaume et l'Iran ne partagent pas certaines mêmes valeurs. Je trouve ironique que les États-Unis considèrent l'Iran comme un partenaire potentiel alors qu'il bafoue constamment les lois internationales. Ils ne devraient pas suggérer que le royaume et la République islamique coopèrent, ou même « partagent » le Moyen-Orient, comme l'a affirmé Obama dans sa fameuse interview dans The Atlantic début mars.
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un interview irréaliste ! Ou alors Obama est encore qualifié de qualité ... ou de considération pour les nations arabes !!! Obama a été intéressé par son projet iranien sur le nucléaire dont on a aucune garantie du respect de l'accord par l'Iran. Qui nous dit que les iraniens n'ont pas caché toutes leurs usines de developpement nucléaire sous terre ?
15 h 43, le 21 avril 2016