Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Polémique

Obama, cible de critiques sans précédent en Arabie saoudite

Dans un récent entretien au magazine « The Atlantic », le président américain a déclaré que le royaume sunnite devait « partager » le Moyen-Orient avec l'Iran chiite.

En septembre 2015, Barack Obama rencontrait le roi Salmane à Washington pour le rassurer sur ses intentions avec l’Iran. Photo archives Reuters

Des déclarations peu diplomatiques de Barack Obama sur l'Arabie saoudite, alliée historique des États-Unis, suscitent des critiques sans précédent à Riyad et pourraient assombrir une visite du président américain le mois prochain, selon des experts.

Cette volée de réactions négatives fait suite à la publication d'un long article du magazine américain The Atlantic, qui détaille la doctrine diplomatique du président Obama et comporte des critiques du riche royaume pétrolier, lié à Washington par une « relation spéciale » depuis 71 ans.
M. Obama reproche aux Saoudiens d'avoir tenté d'influencer d'autres pays musulmans, notamment l'Indonésie, en exportant « le wahhabisme », leur version rigoriste de l'islam. Pour le président américain, le royaume sunnite doit « partager » le Moyen-Orient avec l'Iran chiite, la rivalité entre les deux ayant conduit à des guerres par procuration et provoqué le chaos, notamment en Syrie, en Irak et au Yémen.

Furieux, des commentateurs saoudiens ont vivement réagi, et, en premier lieu, l'ancien chef de renseignements, le prince Turki el-Fayçal, membre de la famille royale, qui avait aussi servi comme ambassadeur à Washington. « Vous nous accusez de fomenter des conflits confessionnels en Syrie, au Yémen et en Irak », a-t-il écrit dans une tribune publiée la semaine dernière dans la presse saoudienne. « Vous avez ajouté l'insulte à la blessure en nous demandant de nous entendre avec l'Iran, un pays que vous aviez (pourtant) décrit comme suppôt du terrorisme », a-t-il ajouté.

« Coups directs »
L'éditorialiste saoudien Abdel Rahmane el-Rached a embrayé avec une série d'articles dans les colonnes du quotidien ach-Charq el-Awsat. Il a fait remarquer que « la franchise d'Obama a mis en colère ses amis, non seulement l'Arabie saoudite, mais aussi la Grande-Bretagne, la Turquie et Israël », tous mentionnés par The Atlantic comme sujets de frustration et de déception pour le président américain. Il s'agissait de « coups directs », a estimé M. Rached à propos des critiques contre ces pays.

M. Obama s'est par ailleurs dit « fier » de sa décision de ne pas intervenir militairement en Syrie, même s'il avait averti le président Bachar el-Assad que le recours aux armes chimiques était une « ligne rouge ». Pour l'éditorialiste saoudien, ce revirement « est devenu le meilleur exemple de la perte de crédibilité des États-Unis ». La « véritable faute » de Washington, poursuit M. Rached, est « son manque de soutien militaire à l'opposition syrienne modérée », épaulée par l'Arabie saoudite et le Qatar, alors que la Russie et l'Iran soutiennent Damas.

Riyad et les autres pays du Golfe sont également vivement préoccupés par le rapprochement de Washington avec Téhéran à la suite de l'accord conclu en 2015 sur le programme nucléaire iranien, qui a entraîné une levée des sanctions. Selon des analystes, les pétromonarchies, Riyad en tête, reprochent à Washington de ne pas avoir tenu compte de leurs inquiétudes concernant les « actions déstabilisatrices » de l'Iran au Moyen-Orient. « Il est difficile d'imaginer un si mauvais calcul », a estimé le quotidien Arab News à propos du « rapprochement » entre Washington et Téhéran. « Obama a trahi ses amis loyaux de la région », a ajouté le journal qui, comme toute la presse locale, reflète le point de vue officiel.

(Lire aussi : « Washington ne doit plus s'embourber dans les marécages du Proche-Orient »)

 

Pas un « ami »
L'Arabie saoudite et les États-Unis sont de vieux alliés : leur partenariat remonte à 1933 lorsque le roi Abdel Aziz ben Saoud, en manque d'argent, avait signé un accord de 35 000 dollars donnant à une firme américaine le droit d'exploiter le pétrole saoudien. Les intérêts pétroliers et les questions de sécurité ont été depuis au cœur du partenariat, se concrétisant par d'importantes fournitures d'armes américaines. Les deux pays ont mené des guerres ensemble et sont officiellement associés dans le conflit contre le groupe État islamique.

Pour Toby Matthiesen, spécialiste du Moyen-Orient au St Antony's College (Université d'Oxford), la réaction saoudienne n'est pas une surprise. « Je pense qu'aucun président américain n'a été aussi franc. C'est vraiment sans précédent », dit-il, en qualifiant les remarques de M. Obama d' « embarrassantes » pour l'Arabie. La critique du « wahhabisme » met en cause le fondement même de la légitimité saoudienne, souligne Mohammad el-Oifi, spécialiste des médias arabes à l'Université Sorbonne Nouvelle de Paris. Frederic Wehrey de l'institut Carnegie Endowment for International Peace relève pour sa part le caractère « personnalisé » des réactions saoudiennes, directement adressées à M. Obama. Il « n'est pas perçu comme un ami de l'Arabie saoudite », note M. Oifi. Le président démocrate est en fin de mandat, et si un républicain est élu en novembre, les Saoudiens espèrent établir avec lui des « relations normales », ajoute-t-il.

 

Lire aussi
Heurs et malheurs de la politique étrangère de Barack Obama

Les États-Unis bombardent la Libye mais ne veulent pas y mettre les pieds

Les États-Unis vilipendés pour leur manque de leadership

Des déclarations peu diplomatiques de Barack Obama sur l'Arabie saoudite, alliée historique des États-Unis, suscitent des critiques sans précédent à Riyad et pourraient assombrir une visite du président américain le mois prochain, selon des experts.Cette volée de réactions négatives fait suite à la publication d'un long article du magazine américain The Atlantic, qui détaille la...
commentaires (7)

Une question reste en suspend et à laquelle on évite de répondre, pourquoi Obama et ses 6 conseillers juifs de la maison blanche les ont jeté à ces bensaouds nocifs . POURQUOI DONC ?. Étaient ils obligés ? Je ne pense pas , dire Obama est un lâche ça fait un peu court . WHY ? ?????????

FRIK-A-FRAK

15 h 42, le 25 mars 2016

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • Une question reste en suspend et à laquelle on évite de répondre, pourquoi Obama et ses 6 conseillers juifs de la maison blanche les ont jeté à ces bensaouds nocifs . POURQUOI DONC ?. Étaient ils obligés ? Je ne pense pas , dire Obama est un lâche ça fait un peu court . WHY ? ?????????

    FRIK-A-FRAK

    15 h 42, le 25 mars 2016

  • Propos étonnants, mais ô combien lucides et vrais, dans la bouche d'un président américain. Nous aurions souhaité la même lucidité (et un peu plus de courage) vis-à-vis de l'autre allié des Américains dans la région. Quant à ceux qui s'en offusquent tant en Arabie saoudite que dans les médias qu'elle finance, leur attitude prête tout simplement à sourire (restons polis). Ainsi donc, il y a encore des gens (intellectuels de surcroît) qui trouvent anormal de critiquer le wahhabisme ? Il y a encore des journalistes pour souhaiter davantage d'intervention américaine au Moyen-Orient ? l'exemple de Bush et de l'Irak ne leur aurait rien appris ?

    Melki Elias

    15 h 32, le 25 mars 2016

  • Vu les résultats de sa politique fiasco au Moyen Orient ...Obama en fin de mandat , ne peut plus convaincre ...! comme à peu prêt, Normal 1er en France , mais lui avait un avantage , il n'était déjà pas crédible en début de mandat ...! (il y a 4ans déjà)...

    M.V.

    15 h 28, le 25 mars 2016

  • Obama n'a que faire de l'Arabie Saoudite ! Le seul intérêt qu'il a c'est d'aller faire le clown à Cuba proie facile, pour une publicité gratuite avec sa femme et ses filles habillées comme de mannequins de la grande mode Il prefere s'amuser à danser le tango C'est plus facile que rechercher des solutions dans notre région Par sa lâcheté, Poutine a réussi à montrer ses muscles Il ne va pas s'arrêter au MO Il va encadrer les continents en s'implantant dans le Pacifique, l'Atlantique et la Méditerranée Et les USA seront confinés à leur continent Le début du déclin, même si la candidature d'un fou comme Trump ne réussira à remonter la descente de la pente du pays qui a toujours motivé ses actions guerrières en se prenant pour le gendarme du monde

    FAKHOURI

    12 h 58, le 25 mars 2016

  • POURQUOI ? NE VOIENT-ILS PAS QUE L,ACCORD NUCLEAIRE ETAIT ACCOMPAGNE SECRETEMENT DE SOLUTIONS DES DOSSIERS PARALLELES DE LA REGION ? LES POURPARLES ONT COMMENCE DANS TOUS LES PAYS ARABES EN CRISE ET LES SANCTIONS NE SONT POINT LEVEES ENCORE CONTRE L,IRAN QU,EN PAROLES... ELLES LE SERONT UNIQUEMENT UNE FOIS DES SOLUTIONS AUX CRISES TROUVEES SANS LA PARTICIPATION ACTIVE DONT REVAIENT LES IRANIENS...

    LA LIBRE EXPRESSION SE DECONNECTE

    11 h 24, le 25 mars 2016

  • Pauvre Obama qui n'est qu'une marionnette entre les mains de ses 6 conseillers juifs de la maison blanche. Le prochain pdt en fera de même quel ou qu'elle qu'il ou qu'elle soit. La menace sur l'état usurpateur étant l'explication de ce volte face des décideurs de la politique américaine. La force face à l'injuste fait réfléchir. Petit cadeau aux huluberlus.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 04, le 25 mars 2016

  • Quand Obama parle de politique au Moyen-Orient, c'est sa lâcheté qui parle. Malheureusement il est le président le plus complexé et le plus lâche que les Etats-Unis ont eus. On en perçoit avec grand choc les tragiques conséquences en Irak et en Syrie. Obama porte une très grande responsabilité dans ce colossal désastre. L'histoire le dira avec force.

    Halim Abou Chacra

    05 h 00, le 25 mars 2016

Retour en haut