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À La Une - Reportage

La frontière belge, nouvel obstacle sur la route de l'Angleterre

Des contrôles systématiques visent depuis mardi à empêcher les migrants de la "Jungle" de Calais de gagner la Belgique.

Craignant l'afflux de migrants qui quitteraient la "Jungle", le camp de migrants proche de Calais dont le démantèlement progressif est programmé, la Belgique avait annoncé le 23 février 2016 avoir rétabli provisoirement des contrôles à sa frontière avec la France, provoquant l'incompréhension de Paris. AFP/JOHN THYS

"Je veux une nouvelle vie en Angleterre et on doit faire demi-tour", explique, dépité, un jeune Irakien tout juste refoulé à la frontière franco-belge, où des contrôles systématiques visent depuis mardi à empêcher les migrants de la "Jungle" de Calais de gagner la Belgique.

Sac de couchage et baluchon sur l'épaule, Ako, 23 ans, qui se présente comme un "peshmerga" (combattant) du Kurdistan irakien, traverse à pied la frontière pour reprendre la route départementale en direction de Dunkerque, à une dizaine de kilomètres plus à l'ouest. Quelques heures plus tôt, avec trois camarades, le jeune homme a été "intercepté un peu plus à l'intérieur du territoire belge", explique un policier belge présent au poste-frontière de La Panne, dernière station balnéaire avant la frontière française. "J'étais à Dunkerque et je voulais aller en Belgique pour gagner l'Angleterre", raconte Ako, parti d'Irak il y a deux mois.

Après un contrôle dans une camionnette de la police, où ils ont reçu un ordre de quitter immédiatement le territoire, les quatre amis se rincent le visage à l'eau froide d'une petite bouteille et repartent. "Direction Calais", dit Ako, avant de disparaître vers la France.

Alors que les contrôles douaniers avaient disparu depuis des années entre les deux pays, chaque voiture, bus ou train est à nouveau systématiquement inspecté par des policiers. Les frontaliers français qui viennent acheter du tabac en Belgique se prêtent de bonne grâce aux injonctions policières, ouvrant le coffre de leur voiture et présentant leur carte d'identité.

Craignant l'afflux de migrants qui quitteraient la "Jungle", le camp de migrants proche de Calais dont le démantèlement progressif est programmé, la Belgique avait annoncé mardi avoir rétabli provisoirement des contrôles à sa frontière avec la France, provoquant l'incompréhension de Paris.

 

(Lire aussi : La Grèce ne veut pas devenir "le Liban de l'Europe")

 

Chevaux et hélicoptère
"L'afflux continue. Mercredi, il y a eu 105 personnes reconduites à la frontière et jeudi le nombre est monté à 224", a indiqué vendredi à l'AFP un responsable du ministère belge de l'Intérieur. Le ministre, Jan Jambon, doit faire le point sur le bilan des opérations lundi prochain.

En attendant, la police belge ne se contente pas de contrôler les routes de La Panne. Vers midi, deux cavalières de la police fédérale se lancent au petit trot sur le sentier sablonneux qui marque la frontière, cheminant entre les dunes en direction de la mer du Nord. Un hélicoptère survole aussi le littoral.

"Si les gens voient qu'il y a des contrôles, c'est évident qu'ils vont tenter de passer par d'autres moyens", explique à l'AFP un porte-parole de la police fédérale, Peter Dewaele, en se voulant discret sur les endroits réellement contrôlés. "L'opération durera le temps qu'il faudra", ajoute-t-il simplement.

Le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait qualifié jeudi d'"étrange" la décision de la Belgique de rétablir des contrôles à sa frontière pour faire face à d'éventuels mouvements de migrants en provenance du camp de Calais.

Le tribunal administratif de Lille (nord) a validé jeudi l'arrêté d'expulsion des migrants établis dans la partie sud du campement, mais, selon une source préfectorale, l'évacuation n'était pas à l'ordre du jour dans l'immédiat.

 

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