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Économie - Liban - Éclairage

Pourquoi les employés d’EDL ne veulent plus des prestataires de services

Le contrat de délégation de la gestion du réseau à trois sociétés privées, arrivant à échéance en août, fait l'objet d'une passe d'armes sur son renouvellement entre les différentes parties.

Le syndicat des employés d’EDL estime que le partenariat noué entre l’établissement et les prestataires est un « échec ». Photo P.H.B.

Restés longtemps discrets sur le sujet, les représentants du syndicat des employés d'Électricité du Liban (EDL) sont mobilisés depuis plusieurs semaines pour contrarier le renouvellement du contrat qui lie le fournisseur d'électricité à ses prestataires privés. « Nous avons publié cinq communiqués depuis le début de l'année pour sensibiliser l'opinion sur les conséquences négatives de ce partenariat pour le secteur de l'électricité au Liban », rappelle à L'Orient-Le jour le président du syndicat, Charbel Saleh. Cette polémique marque le retour d'un serpent de mer qui confronte l'opérateur à plusieurs dossiers qui continuent de miner sa gestion.

En avril 2012, le Conseil des ministres donnait son feu vert à la conclusion d'un contrat de près de 780 millions de dollars par lequel EDL a confié la gestion du réseau de distribution d'électricité pour quatre ans à trois sociétés privées – National Electricity Utility Company (Neuc), Bus et KVA. Conformément à l'un des volets du plan Bassil pour l'électricité, adopté par le gouvernement en 2010, ces prestataires se sont engagés à assurer la collecte des factures et la maintenance d'un réseau qu'ils ont également été chargés de moderniser en investissant environ 350 millions de dollars.


(Lire aussi : Efficacité énergétique : le Liban se donne encore 5 ans pour se rattraper)

 

Compétence contestée
Ce partenariat, qui devait arriver à échéance en avril, a depuis été prolongé de quatre mois afin de compenser le retard accumulé par les prestataires dans l'exécution de leurs missions, suite notamment aux mouvements sociaux menés par les travailleurs journaliers d'EDL entre 2012 et 2014. Plus de 2 000 de ces travailleurs temporaires employés par l'établissement public avaient été intégrés aux effectifs de Neuc, Bus et KVA en 2012 pour y effectuer les opérations de maintenance technique et de collecte des factures. Une mutation interprétée par ces employés précaires, en poste depuis parfois 15 ans, comme une manœuvre d'EDL visant à les empêcher d'intégrer la fonction publique.

Si la direction d'EDL affirme ne pas avoir encore tranché sur l'avenir du partenariat le liant à ses prestataires, le syndicat a clairement choisi son camp. « Neuc, Bus et KVA se sont contentés de dilapider l'argent public pendant quatre sans atteindre les objectifs fixés par le cahier des charges lors de l'attribution de ce marché », juge M. Saleh. Un « échec » que le syndicat attribue au fait que « ces sociétés n'avaient pas les compétences requises pour remplir leurs missions au moment de s'engager aux côtés d'EDL, raison pour laquelle elles ont largement compté sur l'expertise des journaliers ».

Mais le directeur général de Bus, Fadi Abou Jaoudé, dont la société gère le réseau du nord du Mont-Liban et du Liban-Nord, refuse pour sa part l'interprétation du syndicat. « Le recrutement de 550 journaliers d'EDL – qui composent 65 % de l'effectif actuel de Bus – a facilité l'exécution de notre mission tout en permettant à ces travailleurs de développer leurs compétences dans leurs domaines respectifs », déclare-t-il à L'Orient-Le Jour. M. Abou Jaoudé fait notamment référence aux « spécialistes recrutés par Bus, notamment une cinquantaine d'ingénieurs spécialisés qui ont apporté leur savoir-faire » aux journaliers reconvertis. Les directions de Neuc – qui gère le réseau du Mont-Liban et du Liban-Sud – et de KVA – compétente pour Beyrouth et la Békaa – n'ont, quant à elles, pas répondu aux demandes d'interview de L'Orient-Le Jour.


(Pour mémoire : La fin programmée du mouvement des journaliers d'EDL)

 

Querelles de chiffres
Plus particulièrement, pour M. Saleh, la nécessité de mettre un terme à cette association se résume par deux manquements « particulièrement graves de la part des prestataires et indépendants du retard lié aux grèves des journaliers ». Il désigne d'abord « la dégradation du service de collecte des factures, marqué par des retards qui peuvent parfois atteindre 70 jours, un taux de recouvrement qui a chuté de 97 % à 91 % et la multiplication des erreurs sur les bordereaux... »

Des propos qui font bondir M. Abou Jaoudé, qui affirme de son côté que « le cycle de facturation est progressivement passé de 80 à 40 jours depuis 2012 dans les régions gérées par Bus ». Il se prévaut également « d'une hausse du taux de recouvrement – à 97 % – ainsi que des montants que nous reversons à EDL, passés de 130,5 millions de dollars en 2012 à 183 millions en 2014, en attente des chiffres de 2015 ». M. Abou Jaoudé conclut en faisant état d'une « réduction des pertes liées aux opérations de facturation – vol, erreur de lecture des compteurs, etc... – de 43 % à 29 % depuis 2012 », révélées par « des campagnes d'audit » sur les différentes étapes de cette opération.

Si la plupart des chiffres avancés par les deux parties n'ont pu être vérifiés par nos soins ni confirmés par la direction d'EDL, un journalier travaillant pour l'un des prestataires évoque notamment auprès de L'Orient-Le Jour – sous le couvert de l'anonymat – « l'existence de nombreuses erreurs dans le traitement des factures ».

Le syndicat pointe ensuite du doigt le projet d'équipement des 1,5 million d'abonnés au Liban avec des compteurs communicants – ou « intelligents » – dont l'exécution accuse désormais près de deux ans de retard. Pour M. Saleh, « les pannes de courant ainsi que les variations d'intensité liées à l'insuffisance de la production d'électricité au Liban – EDL couvre à peine les deux tiers de la demande interne – annihilent tous les avantages de ces dispositifs ». Un argument là encore balayé par M. Abou Jaoudé, qui indique que ces compteurs « ont été testés au Liban dans des conditions réelles. » EDL est actuellement en train de terminer l'évaluation des compteurs proposés par les fournisseurs de chaque prestataire et devrait annoncer son verdict dans les prochaines semaines.
L'établissement public affirme enfin que « le renouvellement du partenariat sera discuté avant son échéance en août » et considère que le contrat actuel lui a permis de « prendre les mesures nécessaires en cas de non-conformité » dans son exécution. « Le syndicat d'EDL promet pour sa part » de défendre sa position jusqu'au bout et n'exclut pas d'appeler ses membres à faire grève en dernier ressort. Quant au sort des plusieurs centaines de journaliers qui ont décidé d'intégrer les effectifs des trois sociétés, il demeure suspendu à celui de ce contrat.

 

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Restés longtemps discrets sur le sujet, les représentants du syndicat des employés d'Électricité du Liban (EDL) sont mobilisés depuis plusieurs semaines pour contrarier le renouvellement du contrat qui lie le fournisseur d'électricité à ses prestataires privés. « Nous avons publié cinq communiqués depuis le début de l'année pour sensibiliser l'opinion sur les...

commentaires (2)

j'ai du mal à suivre cette tambouille mais une chose est sure c'est que le service s'est amélioré. pourquoi intégrer dans la fonction publique 6 milles personnels, vous avez un abonnement vous faites un prélèvement bancaire, un peu de modernisation on n'est plus au moyen âge

yves kerlidou

09 h 22, le 01 février 2017

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Commentaires (2)

  • j'ai du mal à suivre cette tambouille mais une chose est sure c'est que le service s'est amélioré. pourquoi intégrer dans la fonction publique 6 milles personnels, vous avez un abonnement vous faites un prélèvement bancaire, un peu de modernisation on n'est plus au moyen âge

    yves kerlidou

    09 h 22, le 01 février 2017

  • Choisir entre "pas des lumières" ou des corrompus indecrottables, un peu des deux sans doute.

    Christine KHALIL

    07 h 52, le 24 février 2016

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