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Économie - Liban - Énergie

Le gouvernement mise aussi sur les petites centrales hydroélectriques

Le Liban et l'Italie ont lancé hier un projet de petite centrale hydraulique à Tannourine. Une initiative qui s'inscrit dans la volonté gouvernementale de multiplier les petites unités décentralisées pour fournir une production d'appoint.

L’ambassadeur italien au Liban, Massimo Marotti, et le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Arthur Nazarian, lors de la signature du protocole d’accord. Photo DR

Le ministre de l'Énergie et de l'Eau, Arthur Nazarian, et l'ambassadeur italien au Liban, Massimo Marotti, ont signé hier un protocole d'accord portant sur un projet de centrale hydraulique d'une puissance de près de 3 mégawatts (MW) sur le cours d'eau de Nahr el-Joz, à Tannourine. Dotée d'un budget de 2 millions d'euros entièrement financé par le gouvernement italien, cette nouvelle unité de production pourra fournir quelque 2,8 millions de kilowattheures (kWh) – soit l'équivalent de la demande annuelle de 900 personnes – à l'hôpital public de Tannourine, qui n'aura donc plus à payer de factures de générateurs. « Le retour sur investissement de cette centrale se fera en moins de cinq ans », a souligné M. Marotti pendant son discours. Le ministère de l'Énergie libanais sera chargé de sa mise en place, depuis la phase d'étude détaillée jusqu'à la finalisation des travaux. « Le choix des sociétés qui réaliseront le chantier sera effectué par le biais d'une procédure d'appel d'offres et la fin des travaux est prévue pour 2017 », explique le directeur général des Ressources hydrauliques et électriques du ministère de l'Énergie, Fadi Comair, à L'Orient-Le Jour.
« Cet effort du gouvernement italien fera progresser le Liban dans sa maîtrise des technologies des énergies renouvelables », a pour sa part déclaré M. Nazarian. M. Moratti a de son côté évoqué « l'intérêt de ce projet pour l'Italie où le prix de l'énergie est relativement cher par rapport au reste de l'Europe », et qui souhaite développer son savoir-faire en la matière pour compenser l'absence de centrales nucléaires dans ce pays.


(Pour mémoire : Le photovoltaïque hybride, une solution contre le rationnement au Liban)

 

Projet pilote
Bien que modeste, la future centrale hydraulique est donc présentée comme « un projet pilote » pour l'ensemble des parties. « Cette initiative va ouvrir la porte à d'autres initiatives de ce type », affirme M. Comair, qui précise qu'elle s'inscrit dans le cadre de la stratégie nationale axée sur l'efficacité énergétique et la préservation du climat.
Mais au-delà de l'aspect écologique, l'intérêt que porte le gouvernement libanais pour l'énergie hydraulique reflète surtout une volonté de coupler l'introduction des énergies renouvelables au Liban dans la production d'électricité avec l'optimisation de la gestion des ressources hydrauliques du pays. « Il devient de plus en plus difficile d'aborder l'un sans l'autre, surtout lorsqu'on doit en même temps rationaliser l'utilisation de l'eau et augmenter la production d'électricité », confirme M. Comair.

 

(Lire aussi : Dix pour cent d'électricité photovoltaïque d'ici à 2020 ?)

« La capacité totale du Liban s'élève à 2000 MW d'électricité alors que la demande atteint les 3000 MW et progresse de 8 % chaque année », rappelle-t-il. « Or, les étude réalisées par le ministère depuis une dizaine d'années ont permis d'évaluer le potentiel hydroélectrique du Liban à près de 900 MW », poursuit M. Comair. « Sur ce total, quelque 600 MW ne pourront être fournis qu'au moyen de turbines installées sur la vingtaine de barrages hydrauliques prévus par le plan stratégique de gestion des ressources hydrauliques de 2000 », expose-t-il encore. Une puissance difficilement exploitable dans l'immédiat dans la mesure où seul le quart de la vingtaine de barrages initialement prévus par le plan à l'horizon 2010 ont été achevés à ce jour.
« Les 300 MW restants pourront être produits grâce à des installations de puissance plus modeste – moins de 10 MW – sur les différents cours d'eau qui traversent le Liban », conclut-il avant de préciser que ces dernières présentent l'avantage de ne pas nécessiter de lourds travaux d'aménagements du territoire pour être opérationnelles. Un objectif que le projet pilote de Tannourine doit contribuer à atteindre.

Encore faudrait-il que l'ensemble des acteurs du secteur énergétique misent résolument sur le potentiel de la production hydroélectrique. Or, Électricité du Liban (EDL) n'y croit que modérément. « La part d'hydroélectrique au Liban ne dépasse pas 5 % aujourd'hui et restera une source d'énergie d'appoint », affirme, sous couvert d'anonymat, une source à la direction de l'établissement public. Mais avec un déficit estimé « entre 1 et 1,2 milliard de dollars », EDL pourrait malgré elle bénéficier d'une possible multiplication des centrales hydroélectriques de petites tailles qui, à défaut de remplacer l'énergie thermique, pourront contribuer à rééquilibrer son budget.

 

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