Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban

Crise des déchets : "Nous réclamons des comptes" à nouveau dans la rue ; menace d'escalade

L'accord sur l'exportation des ordures voté par le gouvernement "est nul et non avenu", estime le collectif.

Des manifestants du collectif "Nous réclamons des comptes" devant le siège de l'Inspection centrale, jeudi à Sanayeh à Beyrouth. Photo Ani

Alors que les différents collectifs citoyens qui ont régulièrement manifesté, l'année dernière, contre le gouvernement libanais gardaient un profil bas depuis quelques mois, le groupe "Nous réclamons des comptes" a organisé jeudi un rassemblement devant l'entrée du siège de l'Inspection centrale, à Sanayeh. Celle-ci a dégénéré en heurts avec les forces de l'ordre lorsqu'une partie des manifestants, dont les meneurs, ont pénétré dans les locaux de cette administration.

La manifestation avait pour but de dénoncer la "corruption" dans la gestion du dossier des déchets. Les participants ont menacé de recourir à l'escalade.

Après plusieurs tentatives de résolution de la crise des déchets qui ont échoué, c'est finalement un accord sur l'exportation des ordures qui a été approuvé par le gouvernement le 21 décembre. Les détails de cet accord n'ont pas été rendus publics. Selon des experts, l'option de l'exportation est onéreuse et revient à près de 200 dollars la tonne, une somme qui serait prélevée sur les montants dus aux municipalités au titre des recettes de la téléphonie mobile. Or l'une des critiques émises par les collectifs de la société civile et des experts sur les précédents plans de gestion des déchets était déjà le prix élevé de la tonne payé à la société privée chargée du ramassage et de la gestion des ordures.

Le Conseil des ministres a justifié ce choix par l'urgence et la nécessité de trouver une solution à la crise qui dure depuis le 17 juillet. Celle-ci a causé l'amoncellement des immondices dans les rues de la capitale et de ses environs.

 

(Lire aussi : 2015, une année placée sous le signe des déchets)

 

Jeudi matin, le rassemblement du groupe "Nous réclamons des comptes" a dégénéré en accrochages quand les manifestants sont entrés dans la bâtiment de l'Inspection centrale. Lors des accrochages, filmés par les caméras de télévision, qui ont eu lieu dans la cage d'escalier du rez-de-chaussée du bâtiment, des policiers ont fait usage de leur matraques. Un policier s'est évanoui et a été évacué par la Défense civile, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Des agents de la brigade anti-émeutes ont ensuite été dépêchés sur les lieux afin de mettre un terme aux heurts. Un dialogue s'est alors établi entre manifestants et forces de l'ordre.

 

 

من داخل دائرة المناقصات بالتفتيش المركزيالرجاء الالتحاق بالاعتصام لمن يستطيع #بدنا_نحاسب

Posted by ‎بدنا نحاسب‎ on Thursday, January 7, 2016

 

"Nous voulons attirer l'attention de l'Inspection centrale sur ce qui se passe au niveau des déchets", a expliqué Wassef Haraké, l'un des porte-parole du groupe. "Pourquoi ne réagit-elle pas à la décision de l'exportation ? Elle est au courant des magouilles et des accords conclus. Nous n'allons pas affronter les forces de l'ordre. Toutefois, nous ne laisserons personne nous réprimer", a-t-il ajouté.

 

 

#بدنا_نحاسب من داخل مبنى التفتيش المركزي في بيروت.

Posted by ‎بدنا نحاسب‎ on Thursday, January 7, 2016

 

 

L'accord sur l'exportation des déchets est "nul et non avenu"
Un peu plus tard, M. Haraké et des représentants du collectif ont pu rencontrer le directeur de l'Inspection centrale dans son bureau. A l'issue de la rencontre, un autre porte-parole du groupe a lu le communiqué suivant :

"Ce qui s'est passé au niveau de l'exportation des déchets est un nouvel épisode de bazars douteux, sans appels d'offres, sans transparence, sous prétexte de protéger l'accord des pressions. Plusieurs dirigeants au sein du gouvernement sont impliqués dans ce marché, de même que le Conseil du développement et de la reconstruction (...). Nous considérons, pour toutes ces causes, l'accord comme nul et non avenu. Mais nos remarques n'ont pas été prises en considération, sachant que le pouvoir en place a fait fi des lois et des manifestants qui étaient dans la rue, nous annonçons qu'à partir d'aujourd'hui, nous allons affronter le pouvoir en place, par de nouveaux moyens. Nous allons affronter la corruption".

 

(Lire aussi : Les mouvements civils confrontés à de nombreux défis)

 

Revenant sur les détails de la rencontre avec le chef de l'Inspection centrale, Wassef Harakéa déclaré : "On nous a affirmé que l'institution n'est pas responsable de l'accord sur l'exportation des déchets, et que c'est le gouvernement, prétextant de la raison d'Etat, qui a pris cette décision. L'inspecteur général financier, Salah el-Danaf, a même fait état d'une paralysie d'une des commissions de l'Inspection centrale".

Annonçant la fin du sit-in pour aujourd’hui, M. Haraké a lancé une mise en garde le gouvernement. "Nous allons vers l'escalade, après avoir eu recours à différents procédés. Ceux qui ont dit que la rue s'est endormie, que nous avons démissionné, se trompent. Après notre manifestation d'aujourd'hui, nous attendons une réponse sous 24 heures. Sinon, nous irons vers l'escalade", a-t-il prévenu.

 

Pour mémoire
La contestation s'essouffle au Liban, mais la crise des déchets perdure

Sakker el-dekkané dénonce « un marché » autour de l'incinération

Après l'incendie des détritus, le pont de Maameltein fragilisé

Les gaz à effet de serre dus aux déchets représentent près de 10 % des émissions nationales

Repère
Actes citoyens, précautions à prendre : que faire, au niveau individuel, face à la crise des déchets

Alors que les différents collectifs citoyens qui ont régulièrement manifesté, l'année dernière, contre le gouvernement libanais gardaient un profil bas depuis quelques mois, le groupe "Nous réclamons des comptes" a organisé jeudi un rassemblement devant l'entrée du siège de l'Inspection centrale, à Sanayeh. Celle-ci a dégénéré en heurts avec les forces de l'ordre lorsqu'une partie...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut