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Liban - Trois questions à...

Derbas : Un plan visant à faciliter le retour des Syriens en Syrie a déjà été lancé

Le ministre des Affaires sociales répond aux questions de « L'Orient-Le Jour » au lendemain de l'adoption de la résolution 2254 au Conseil de sécurité.

Le ministère des Affaires étrangères a publié samedi un communiqué dans lequel il dénonce une disposition du texte de la résolution 2254 (2015) adoptée vendredi par le Conseil de sécurité de l'Onu, priant le secrétaire général de l'Onu de réunir les représentants du gouvernement syrien et de l'opposition pour des négociations officielles sur un processus de transition politique dans ce pays, « en visant le début du mois de janvier 2016 » pour entamer ces pourparlers.

La disposition dont il s'agit stipule qu'il importe au plus haut point au Conseil de sécurité de l'Onu de créer des conditions permettant aux réfugiés et aux personnes déplacées de retourner de leur plein gré et en toute sécurité dans leur région d'origine, et aux régions touchées de se relever, conformément au droit international, notamment aux dispositions de la convention et du protocole relatifs au statut des réfugiés, et en tenant compte des intérêts des pays qui accueillent des réfugiés.

C'est l'utilisation du terme de « plein gré » qui a suscité une appréhension généralisée auprès de plusieurs parties politiques libanaises, et c'est dans ce contexte que L'Orient-Le Jour a interrogé le ministre des Affaires sociales, Rachid Derbas, sur la situation des réfugiés syriens au Liban et les mesures envisagées par l'État libanais au cas où un consensus international est trouvé concernant la crise syrienne.

(Lire aussi : « La solution au problème des réfugiés est d'appuyer la solution politique en Syrie »)

Que veut dire pratiquement le terme « de leur plein gré » ? Ceci sous-entend-il une impossibilité d'imposer le retour des réfugiés dans leur pays une fois la crise terminée ?

Il est encore tôt de se prononcer sur l'interprétation d'un terme figurant dans la disposition et d'alimenter des frustrations infondées dans les esprits des Libanais. Il vaudrait mieux adopter une attitude pragmatique loin des réactions à chaud. Il est inconcevable qu'on vienne avec des bulldozers faire sortir les réfugiés du Liban, qui reste un pays d'accueil et de refuge malgré les contraintes qui pèsent de plus en plus sur lui. Il est primordial donc de trouver des zones sûres afin d'encourager à l'amiable et en douceur les réfugiés à regagner leur pays d'origine. Un réfugié qui vit dans la misère, mais qui travaille au Liban, ne voudra jamais rentrer de son plein gré dans une zone de guerre où aucune alternative de survie n'est envisageable jusqu'à présent. Nous ignorons la durée exacte des pourparlers, et le ministère des Affaires sociales n'a épargné aucun effort quand il lui a été demandé de trouver des zones sûres à l'intérieur du territoire syrien vers lesquelles des réfugiés pourraient se diriger pour vivre et travailler en toute dignité et sans aucun danger.

Le seul pays qui a accepté de créer des zones sûres près de ses frontières est la Turquie. La grande majorité des réfugiés qui se trouvent au Liban est originaire de villages non limitrophes du Liban, mais qui sont au cœur des zones de combat. Ce qui est certain en tout cas, c'est que le gouvernement est conscient de ce problème et qu'il essaye de trouver, par l'intermédiaire de la cellule de crise mise en place pour la gestion du dossier des réfugiés syriens, une solution auprès de la communauté internationale et des pays donateurs afin d'encourager, et non pas de forcer, le retour des réfugiés dans leur pays natal, et ce, bien avant la publication de la résolution onusienne.

(Pour mémoire : Derbas : Les anciennes méthodes d'aide ne sont plus efficaces)

Quelles sont les mesures que vous comptez prendre pour accélérer le retour des réfugiés syriens à la lumière de la paralysie gouvernementale ?

Il faut être réaliste. Nous ne pouvons rien faire seuls, en tant que gouvernement libanais, surtout que toute question à trancher s'éternise une fois arrivée devant le Conseil des ministres en raison des divergences politiques. Il faut demander de l'aide aux pays arabes et à l'Onu afin de mettre au point, ensemble, une feuille de route, ainsi qu'un plan global permettant un dénouement acceptable à cette crise humanitaire en dehors des aides à fonds perdus et répétitives. Le retour de ces personnes qui vivent dans la misère peut être possible si on leur assure des débouchés et une stabilité politique, ou du moins sécuritaire, dans les régions syriennes où elles seraient intéressées de vivre. Le cessez-le-feu est une étape importante et primordiale dans la résolution de ce problème. Il faudra les tenter presque pour revenir en Syrie.
Ceci n'est pas difficile à faire : nous pourrons même témoigner du départ d'un bon nombre de Libanais afin de travailler ou d'investir en Syrie, dont la reconstruction à venir est censée ouvrir un horizon favorable aux investisseurs et entrepreneurs de tous bords. Et donc, a fortiori, à une main-d'œuvre locale qui ne demandera pas mieux que de retourner travailler dans son pays.


Qu'en est-il des réfugiés syriens qui ont décidé de rentrer en Syrie avant la fin de la crise ?

<Durant quatre ans et demi de crise, le nombre officiel maximal de Syriens qui se sont réfugiés au Liban et enregistrés auprès du HCR s'est élevé à 1 300 000, mais, depuis quelques semaines, ce chiffre est tombé à 1 070 000 réfugiés. Chaque Syrien enregistré sur la liste des aides du HCR et dont le nom figure par la suite à la frontière libano-syrienne est automatiquement rayé de la liste. C'est ainsi qu'on arrive à les tracer. Il est certain que beaucoup de réfugiés travaillent au noir et qu'ils n'ont pas besoin de s'inscrire sur cette liste. Leur présence est presque clandestine au Liban. Ce sont ces personnes-là qui violent la loi libanaise, et notamment le code du travail, en occupant des postes strictement réservés aux Libanais, sachant qu'ils sont bien moins payés... Mais il faudrait quand même relever que l'argent des aides octroyées par les pays donateurs ou par la communauté internationale aux réfugiés (quelque 3 milliards de dollars) a également aidé des centaines de familles libanaises vivant sous le seuil de pauvreté.

Toujours est-il que la présence des réfugiés syriens continue d'alimenter la polémique et que leur retour reste une nécessité et une fin recherchée par l'État. Un plan visant à faciliter et encourager le retour des Syriens en Syrie a déjà été lancé, et le ministère des Affaires sociales n'attend pas la fin de la crise dans ce pays et le résultat des pourparlers pour engager des discussions auprès de la communauté internationale ou des pays arabes dans ce sens.


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