Les ordures sortiront-elles de l’oubli profond des responsables en début de semaine ?

La crise des déchets pourrait connaître un dénouement très bientôt. C'est ce qu'a annoncé hier le ministre de l'Agriculture Akram Chehayeb, qui est en charge du dossier depuis août. Il a souligné qu'il présenterait prochainement un projet définitif au Conseil des ministres, mais qu'il ne pouvait donner plus de détails jusqu'à nouvel ordre.

Selon des sources bien informées interrogées par L'Orient-Le Jour, les négociations se poursuivent entre la commission chargée du dossier des déchets et les compagnies ayant présenté des offres pour l'exportation des ordures. Ces négociations sont « très avancées », selon ces sources, mais certains points n'ont toujours pas été tranchés, comme le prix (qui pourrait ne pas être aussi élevé que précédemment annoncé dans les médias), la destination (quel pays) et le type des déchets qui seront exportés (s'agira-t-il des déchets amoncelés ou seulement ceux produits à partir du début du contrat ?)

Pour savoir si les déchets accumulés depuis le début de la crise feront partie des stocks à exporter, il faut une nouvelle étude, soulignent ces sources, étant donné que de grandes quantités ont été incinérées ou enfouies un peu partout. Il va de soi, poursuivent-elles, que les ordures trop anciennes et fermentées nécessiteraient un autre traitement, d'où le fait que c'est un « package » qui sera annoncé probablement en début de semaine prochaine. En d'autres termes, un groupe de solutions qui englobera tous les déchets, anciens et nouveaux.

Enfin, soulignent ces sources, l'annonce de cette solution temporaire d'exportation (pour dix-huit mois) s'accompagnera de celle du lancement de la phase durable du plan Chehayeb de sortie de crise, en vue d'une gestion des déchets à plus long terme. C'est donc ce « package » qui sera présenté en Conseil des ministres, en principe, la semaine prochaine. Ce nouveau délai sera-t-il respecté cette fois ?

(Lire aussi : Aux saboteurs de la République...Afin que le dossier des déchets ne tombe pas dans l'oubli)

L'incinération donnée pour favorite
De son côté, la Coalition civile de refus du plan gouvernemental a mis en garde contre des efforts très discrets d'imposer, au final, l'installation d'incinérateurs centraux comme solution définitive au problème de gestion des déchets au Liban. Le communiqué de la coalition fait écho à des informations révélées dimanche par l'association de lutte contre la corruption « Sakker el-Dekkané », qui ont signalé qu'un appel d'offres serait en préparation pour l'achat d'incinérateurs centraux, parallèlement aux efforts déployés pour l'exportation des déchets durant dix-huit mois. Aucune source officielle n'a ni confirmé ni infirmé ces informations pour le moment.

Rappelons qu'une grande partie de la société civile s'oppose traditionnellement à l'incinération jugée trop chère, source de pollution grave quand elle n'est pas assez réglementée, et solution beaucoup trop centralisée, qui laisse peu d'espace aux initiatives personnelles et au rôle des municipalités.

Le communiqué de la coalition souligne que les tentatives précédentes, par certaines entreprises libanaises et organisations internationales, d'imposer l'achat d'incinérateurs ne se sont pas avérées concluantes. Il ajoute que ces parties ont alors essayé de « passer par la petite porte, via l'achat d'un incinérateur de petite taille installé à Dhour Choueir (NDLR : qui n'a toujours pas fonctionné, en raison d'un litige juridique) ». « C'était compter sans l'éveil des habitants de cette localité, qui ne se sont pas laissés faire, poursuit le texte. Aujourd'hui, ils tentent à nouveau de faire passer les incinérateurs dans les chambres noires, sous le sceau du secret. Mais ils doivent savoir que nous sommes aux aguets. »
Pour la coalition, « l'incinération ne passera pas ». « Le mouvement populaire ne s'est pas encore éteint, ajoute le texte. L'incinération sera un grave déclencheur de crise et de révolte que les autorités feraient mieux d'éviter. »

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