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À La Une - Conflit

Une heure après le feu vert du Parlement, la Grande-Bretagne frappe en Syrie

Une "installation pétrolière à environ 50 kilomètres de la frontière irakienne" visée.

Un avion de chasse britannique de type Tornado, décolle de l'aéroport de Lossiemouth, en Ecosse, le 2 décembre 2015. REUTERS/Russell Cheyne

Une heure seulement après le feu vert du Parlement, la Grande-Bretagne a conduit dans la nuit de mercredi à jeudi ses premières frappes aériennes en Syrie contre des installations pétrolières du groupe Etat islamique (EI).

Les députés venaient à peine de quitter la Chambre des Communes lorsque quatre Tornado de la Royal Air Force, assistés par un drone Reaper, ont décollé dans la nuit de Chypre pour frapper six cibles sur le champ pétrolier d'Omar, à environ 50 kilomètres de la frontière irakienne.
"Ces raids ont infligé des dommages réels aux ressources pétrolières dont dépendent les finances des terroristes", a affirmé le ministre de la Défense, Michael Fallon.
La mission des chasseurs-bombardiers s'est terminée à l'aube. Avec "succès" selon les premières analyses du ministère de la Défense. "Plusieurs de ces champs pétroliers avaient déjà été efficacement visés par d'autres membres de la coalition. Les avions et les armements de la RAF sont particulièrement adaptés à ce type de cible par leur capacité à limiter les dommages collatéraux", a-t-il dit.



(Repère : Des Malouines à la Syrie, les dernières interventions militaires du Royaume-Uni)


A peine les premiers avions rentrés à leur base chypriote d'Akrotiri, deux Tornado supplémentaires et six avions de combat Typhoon ont décollé du Royaume-Uni pour venir doubler la capacité britannique dans la région. "Des Tornado à l'aube", a titré le Sun en anticipant les premières frappes, alors que tous les journaux revenaient sur l'appui plus large que prévu des députés à l'extension de l'Irak à la Syrie des frappes contre l'EI.

Le vote, intervenu vers 22h30 GMT après plus de dix heures d'un débat passionné dans une chambre bondée, a été acquis par 397 voix pour, 223 voix contre.
La majorité confortable a été rendue possible par l'apport des voix de dizaines de députés travaillistes, qui, libres de leur choix, se sont joints aux conservateurs.

 

 

(Lire aussi : La France doit-elle impliquer l'armée syrienne dans la lutte contre l'EI ?)



"C'est la bonne décision"
La tirade enflammée en faveur des frappes de Hilary Benn, responsable des Affaires étrangères au Labour, a été accueillie par un tonnerre d'applaudissements. Placé un mètre derrière lui, son leader Jeremy Corbyn, opposé aux raids, a encaissé le coup.

Le Premier ministre David Cameron a plaidé pour que le pays prenne ses responsabilités et soutienne ses alliés. En particulier la France, meurtrie par les attentats à Paris, et qui a elle-même intensifié ses frappes en Syrie.
Le président français François Hollande a tout de suite salué cette "nouvelle réponse à l'appel à la solidarité des Européens". Les Etats-Unis et la Russie, déjà engagés au-dessus de la Syrie, ont également exprimé leur satisfecit.

La Grande-Bretagne devient le sixième membre de la coalition internationale à bombarder l'EI à la fois en Irak et en Syrie. Environ 8.300 raids aériens ont été conduits en un an, dont plus de 80% ont été assurés par les Etats-Unis.
"C'est la bonne décision", a assuré David Cameron, partisan de cette extension depuis des mois mais qui attendait d'avoir la garantie d'un consensus au Parlement. Celui-ci avait rejeté, fin août 2013, des frappes aériennes contre le régime de Bachar el-Assad en Syrie, échaudé par les opérations en Afghanistan et en Irak en 2003 lancées sous l'ex-Premier ministre travailliste Tony Blair.
"Nous ne devons pas utiliser les erreurs du passé comme excuse à l'indifférence et à l'inaction", a plaidé David Cameron.

 

(Lire aussi : Samantha Power : « Élan enthousiaste » à Vienne pour une transition politique en Syrie)



Apport "marginal"
Le Premier ministre a ajouté que la contribution militaire de son pays pourrait "faire une vraie différence", grâce notamment à l'utilisation de missiles de précision Brimstone.

Les experts s'accordent pourtant à dire que l'apport de la Grande-Bretagne sera "marginal".
"Une participation aux frappes sera importante symboliquement et utile opérationnellement, elle ne changera pas le cours de la guerre", a souligné Malcolm Chalmers, directeur de recherche à l'institut RUSI.
La décision d'intervenir en Syrie est loin de faire l'unanimité au Royaume-Uni.

Le soutien de l'opinion publique, fort au lendemain des attentats meurtriers à Paris, a faibli: d'après un sondage de l'institut YouGov publié mercredi, 48% des sondés soutiennent une intervention en Syrie, contre 59% une semaine auparavant.
"Ne bombardez pas la Syrie!" "Nous voulons la paix!", ont scandé quelque 2.000 manifestants devant le parlement mercredi soir, avant de huer le résultat.

Les experts de Chatham House, Tim Eaton et Chris Phillips, déplorent une "réaction impulsive" et pointent "le manque de stratégie réfléchie à long-terme".
Même le quotidien conservateur The Times publiait jeudi un éditorial de Matthew Parris relevant amèrement que la seule justification donnée était "que la Grande-Bretagne ne doit pas rester à l'écart". "La Grande-Bretagne, écrit-il, va bombarder parce que c'est le genre de choses qu'on fait. Mais ça n'apportera rien à la campagne alliée et tout ça va se terminer dans un sacré bordel

 

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commentaires (3)

Les frappes rapides de David Cameron encouragent Obama. Il va envoyer encore 10 soldats de ses "forces spéciales" en Syrie, en plus des dix qui y sont déjà. Il n'est pas donné à tous les présidents d'être ridicules.

Halim Abou Chacra

12 h 19, le 03 décembre 2015

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Commentaires (3)

  • Les frappes rapides de David Cameron encouragent Obama. Il va envoyer encore 10 soldats de ses "forces spéciales" en Syrie, en plus des dix qui y sont déjà. Il n'est pas donné à tous les présidents d'être ridicules.

    Halim Abou Chacra

    12 h 19, le 03 décembre 2015

  • TOUT CE MONDE BOMBARDE MAIS L'E.I. S'ÉTEND... IL N'Y A QUE LES BOMBARDEMENTS RUSSES QUI L'ONT VRAIMENT TOUCHÉE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 35, le 03 décembre 2015

  • Ce défilé de frappes très souvent inefficaces , quand il s'agit des occicons , cachent bien un "jeu" ! on le saura bientôt avec la présence de la seule force venue pour éradiquer les bactéries partout où elles se trouvent , même celles qui siègent dans les palais et palaces , véritables cellules souches du salafowahabisme bensaoudique .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 49, le 03 décembre 2015

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