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Liban - Neuf militaires aux mains de l’EI

« Nous craignons que les otages détenus par Daech aient été liquidés », souligne l’épouse d’un soldat

Depuis le sit-in permanent, place Riad el-Solh, ou depuis Ersal où elles ont été reçues par le président de la municipalité, les familles des 9 militaires encore otages de l'EI (Daech) invitent les autorités à négocier avec l'organisation jihadiste. La crainte qu'ils n'aient été liquidés est pourtant forte.

Hady Mzahem, Khalil Chaddad, Lameh Mzahem (policier libéré mardi) et Hussein Youssef (père de l’otage Mohammad Youssef).

Assis côte à côte dans la tente des familles des militaires otages, place Riad el-Solh, deux hommes d'âge mûr échangent quelques mots. Entre eux, plus besoin de paroles, désormais. Le sort a rapproché ces deux pères originaires de la Békaa-Ouest, durant les 16 derniers mois. À tel point qu'ils se considèrent aujourd'hui comme une seule et même famille. Sauf que l'un d'entre eux, Hussein Youssef, cache mal sa tristesse, malgré une grande dignité. Son fils, Mohammad, soldat de l'armée libanaise, est toujours détenu par l'État islamique. Alors que l'autre, Hady Mzahem, tente à grand-peine de contenir sa joie, par pudeur. « Une joie qui ne sera complète qu'à la libération des 9 otages restants », soutient-il. Son fils, Lameh, membre des FSI, figure parmi les 16 otages d'al-Nosra libérés, mardi. Il ne le quitte pas d'un pouce, et c'est avec le jeune homme qu'il est venu affirmer sa solidarité aux proches des otages encore en captivité. Une femme d'origine arménienne, Marie-Rose Yazigi, s'est invitée spontanément, pour exprimer sa sympathie à la cause des militaires otages. Un ancien candidat à la députation à Zahrani, Khalil Chaddad, est aussi présent. Il a fait sienne la cause des militaires otages des islamistes.


(Lire aussi : Les militaires libérés par al-Nosra ont passé un mois menottés et les yeux bandés)

 

À l'État d'entrer en contact avec l'EI
Avec calme, mais détermination, le père du soldat encore détenu par l'EI se dit plein d'espoir de voir son fils et les autres otages relâchés. « La libération des 16 militaires nous a redonné confiance dans l'engagement de l'État auprès du peuple libanais et des militaires otages », dit-il. L'homme n'hésite pas à saluer « l'exploit historique du gouvernement », de même que les positions du Premier ministre Tammam Salam et du chef de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim.

Hussein Youssef n'a jamais perdu espoir, porté par sa « foi en Dieu ». Mais depuis la libération des 16 otages, le porte-parole des familles d'otages, qui s'exprime spontanément mais sagement, espère que l'État saura « s'engouffrer dans les brèches pour engager des pourparlers avec Daech et négocier », afin de libérer les 9 militaires qu'il détient encore. « Il est important que Daech réalise que l'État est prêt à négocier avec l'EI, comme il a négocié avec al-Nosra », insiste-t-il, soutenant que le dialogue est interrompu avec le groupuscule islamiste depuis deux mois environ, plus exactement depuis la fermeture de la frontière entre la Syrie et la Turquie. « Mais les autorités se sont engagées à poursuivre le dossier et doivent trouver le moyen de rentrer en contact avec le groupe islamiste », dit-il.

Dans l'attente, M. Youssef n'a pas changé ses habitudes, et il vit toujours dans le sommaire campement, en face du Grand Sérail, au centre-ville de Beyrouth. Il promet qu'il « n'abandonnera jamais » la lutte qu'il mène depuis 16 mois, soutenu par les familles des otages, mais aussi et surtout par les militaires libérés. « Nous étions 25 familles dans l'attente. Nous sommes aujourd'hui 25 familles et 16 fils (otages libérés). Avec eux, nous continuerons notre lutte, pour que les nôtres retrouvent la liberté », martèle-t-il, montrant du doigt le jeune otage désormais libre, Lameh Mzahem, et son père, assis à ses côtés. « Mon plus beau sentiment est que cet ancien otage et son père se solidarisent avec moi. Mais, hier, je n'ai pu m'empêcher de pleurer, je suis un grand sentimental », dit-il, comme pour s'excuser.

 

(Lire aussi : Des combattants du Hezbollah auraient été libérés en même temps que les otages libanais)

 

Mères et épouses à Ersal
Au même moment, les femmes et mères des militaires détenus par Daech se trouvaient à Ersal pour y rencontrer le président de la municipalité, Ali Hojeiry. Wadha Assayed, épouse du soldat otage Khaled Mokbel Hassan, était membre de la délégation. « Nous avons demandé au président de la municipalité de Ersal, Ali Hojeiry, d'intervenir auprès de l'EI pour la libération de nos proches », affirme à L'Orient-Le Jour la jeune femme, jointe par téléphone. « Il nous a répondu qu'il a la capacité de le faire, mais qu'il doit être mandaté par les autorités libanaises, d'abord pour envoyer un émissaire auprès du groupuscule islamiste, ensuite pour en connaître les revendications, et enfin pour mener les négociations », explique-t-elle.


(Lire aussi : Berry : Un scandale pour la souveraineté)


Les familles des otages entendent bien transmettre le message aux responsables du dossier, à Abbas Ibrahim, certes, ainsi qu'au ministre de la Santé, Waël Bou Faour. Mais une question les taraude. « Sont-ils encore en vie? » se demande cette épouse et mère de deux jeunes enfants. Car elle craint que les militaires toujours en captivité « n'aient été liquidés ». « Les autorités nous avaient fait part de leurs craintes, il y a quelque temps déjà. Mais lorsque Daech a menacé de les tuer, après avoir eu vent du passage à tabac des islamistes à la prison de Roumieh, nous avons repris espoir. C'est ce qui nous fait penser qu'ils sont toujours vivants », indique Mme Assayed Hassan. « Nous voudrions tant avoir quelque chose de concret qui nous le prouve, une information sûre, une vidéo ou un enregistrement vocal », lance-t-elle, suppliante. La jeune femme refuse toutefois de baisser les bras. « L'espoir me porte. J'espère qu'il y aura très bientôt du nouveau, dit-elle. Que l'État les libère, comme il a libéré les otages détenus par al-Nosra ! »

 


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ET MANGÉS... PEUT-ÊTRE...

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 55, le 03 décembre 2015

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  • ET MANGÉS... PEUT-ÊTRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 55, le 03 décembre 2015

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