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À La Une - Témoignage

Au lendemain de sa libération, Georges Khoury, ex-otage, revient sur ses conditions de détention

"C'était très difficile. Nous vivions dans le jurd de Ersal, à dix mètres sous terre, dans une grotte."

Le sergent Georges Khoury célèbre avec ses proches sa libération mardi 1er décembre après 16 mois de capture aux mains du Front al-Nosra. AFP PHOTO /IBRAHIM CHALHOUB

"C'est un rêve qui s'est réalisé, je suis aux anges !", lance l'ex-otage, Georges Khoury, contacté par téléphone par L'Orient-Le Jour au lendemain de sa libération. Le sergent, libéré mardi avec ses 15 camarades otages par le Front al-Nosra, parle vite, porté par un enthousiasme débordant. Derrière lui, l'on entend un joyaux brouhaha, la famille et les amis, venus fêter, chez lui à Kobeyat (Akkar, Liban-Nord), son retour à la liberté, après 16 mois de captivité.

Georges Khoury a été enlevé, le 2 août 2014, avec des dizaines de militaires et de FSI à Ersal, dans le cadre de combats entre les forces libanaises et des jihadistes du Front al-Nosra et du groupe Etat islamique. Le soldat est tombé aux mains de la branche syrienne d'el-Qaëda. Une chance dans son malheur. Aujourd'hui, 9 militaires sont toujours aux mains du groupe Etat islamique avec qui les canaux de communication semblent coupés.

Quand il aborde sa captivité, l'enthousiasme de Georges Khoury s'efface. "C'était très difficile. Nous vivions dans le jurd de Ersal, à dix mètres sous terre, dans une grotte. Nous sortions rarement, on nous l'avait interdit pour éviter que nous soyons attaqués, raconte-t-il. Les combattants du Front al-Nosra nous traitaient bien, nous les voyions de temps en temps, peut-être une fois par jour". Lui et ses camarades ont-ils tenté de fuir? "La grotte était gardée par al-Nosra", répond-il.

Au cours de leur détention, les otages ont été transférés de lieu à plusieurs reprises. "Il y a une une première grotte, puis une autre. Ensuite, nous avons été transférés dans une maison, explique-t-il. Je ne sais pas vraiment où nous étions, on nous bandait les yeux à chaque fois qu'on nous transportait d'un lieu à un autre". Le Front al-Nosra finira par se baser, les sept derniers mois, dans cette grotte à 10 mètres sous terre, toujours dans le jurd de Ersal.

(Reportage : « Quand Georges sera rentré, je le prendrai dans mes bras »...)

 

En captivité, au fond d'une grotte, les journées sont longues. "Mais nous étions seize jeunes hommes, si chacun d'entre nous racontait une histoire, la journée finissait par passer", poursuit le soldat.

Au cours des 16 mois de détention, les jihadistes de l'EI auraient tenté de ravir ses otages au Front al-Nosra. "C'est ce qu'al-Nosra nous a dit en tout cas. Nous, nous avons juste entendu des tirs", affirme-t-il. La captivité est également marquée par des pics de tension. "De temps en temps, nous entendions des tirs, des chutes de roquettes, évidemment que j'avais peur !", lance Georges. Régulièrement, l'armée libanaise bombarde le jurd de Ersal, à la frontière avec la Syrie, où se trouvent des positions jihadistes.

Autre moment terrible, l'exécution par al-Nosra de deux otages, Ali Bazzal, tué en décembre 2014, et Mohammad Hamiyé, assassiné en septembre 2014. "Nous n'avons rien su à leur sujet, ils ont juste disparu, ils ne les ont pas tués devant nous", raconte Georges laconiquement. La dépouille de Ali Bazzal avait été rendue à sa famille en avril dernier, et celle de Mohammad Hamiyé mardi, dans le cadre de l'accord d'échange conclu entre les autorités libanaises et les jihadistes.

Sur les conditions de son enlèvement, en août 2014, Georges ne dit rien, expliquant qu'"une enquête est en cours".

 

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Le front al-Nosra, ce doux agneau

LS

20 h 33, le 02 décembre 2015

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  • Le front al-Nosra, ce doux agneau

    LS

    20 h 33, le 02 décembre 2015

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