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À La Une - Analyse

Daech franchit un seuil avec les attentats de Paris

"C'est une opération décidée de l'extérieur, avec des cadres venus de l'extérieur, qui va poser des tas de questions sur la perméabilité de la France".

Photo d'archives AFP

La vague d'attaques de vendredi soir à Paris montre que l'organisation de l'Etat islamique (Daech, en arabe) a franchi un nouveau seuil, estime le président de l'Observatoire international du terrorisme dans une interview accordée samedi à Reuters. Daech a non seulement montré ces derniers mois sa capacité de résistance au régime syrien soutenu par la Russie et l'Iran et à une coalition internationale qui va des Etats-Unis à la France et à la Grande-Bretagne en passant par la Turquie et des pays arabes, souligne Roland Jacquard. Mais en dix jours, cette organisation a également exécuté trois opérations meurtrières à l'extérieur de son territoire, contre un avion russe dans le Sinaï, à Beyrouth et à Paris.

"Ça veut dire qu'on a affaire à une organisation qui a un service de renseignement et un service action capables de monter de véritables opérations militaires hors de ses bases (...) avec des jeunes qui ont assez de sang-froid pour manier des armes de guerre contre leurs compatriotes." "C'est une opération décidée de l'extérieur, avec des cadres venus de l'extérieur, qui va poser des tas de questions sur la perméabilité de la France", ajoute cet expert. "Ça change la nature de la lutte contre le terrorisme et de la riposte."

(Voir aussi : Attentats à Paris : les photos et vidéos d'une nuit cauchemardesque)

Il fait notamment valoir que les activistes de Daech ont appris à s'abstenir d'aller sur les réseaux sociaux.
"On a développé beaucoup de moyens pour capter ces réseaux sociaux et les pénétrer alors qu'on a des gens qui retravaillent à l'ancienne, qui communiquent entre eux avec des téléphones jetables ou par messagers", explique Roland Jacquard. "Aujourd'hui il faut du renseignement humain à côté du renseignement technologique, sinon on n'y arrivera jamais."

Selon des éléments de l'enquête cités par Roland Jacquard, les trois assaillants de la salle de concert du Bataclan étaient français, comme le montreraient des conversations récupérées par les enquêteurs. L'un d'eux a fait l'objet d'une fiche S pour radicalisation, a déclaré le procureur de Paris François Molins.

"Des gens dans la nature?"

Selon ce dernier, ils sont arrivés au Bataclan à bord d'une voiture de type Polo immatriculée en Belgique et loué par un ressortissant français vivant en Belgique. L'enquête devra notamment établir si ce sont les mêmes hommes qui circulaient dans une voiture de marque SEAT et ont mitraillé des cafés avant l'attaque du Bataclan. Les trois kamikazes qui se sont fait sauter près du Stade de France pourrait en revanche avoir été étrangers, comme paraît le démontrer un passeport syrien trouvé sur l'un d'eux.

Pour le président de l'Observatoire international du terrorisme, cela pose la question de l'existence éventuelle d'"accompagnateurs", qui se seraient assurés qu'ils iraient jusqu'au bout de leur geste suicidaire et meurtrier. "Cela voudrait dire qu'il y a des gens dans la nature", souligne Roland Jacquard pour qui le fait qu'autant d'individus aient pu circuler dans Paris avec des ceintures d'explosifs est aussi matière à interrogation.

(Reportage : « Ils ont tiré en plein dans la foule en criant "Allah Akbar" »)

Les enquêteurs devront par ailleurs comparer les Kalachnikov utilisées par les assaillants avec celles qui ont été saisies en Allemagne dans une voiture immatriculée au Montenegro et conduite par un homme d'environ 50 ans, arrêté le 5 novembre. Pour Roland Jacquard, cela renvoie aux filières mafieuses des Balkans, qui vendent des armes aux groupes terroristes. Il estime que les autorités françaises vont profiter des facilités données par l'état d'urgence décrété vendredi pour multiplier perquisitions et interpellations ces prochains jours. Mais "il y aura forcément d'autres opérations (terroristes) de ce type, soit en France soit ailleurs", prédit-il.

La France entre dans une période particulièrement dangereuse avec la conférence sur le climat du 30 novembre au 11 décembre, les élections régionales, les fêtes de fin d'année et en janvier l'anniversaire de la tuerie de Charlie Hebdo.


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