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Liban - Témoignages

Les Libanais de Paris se croyaient « à l’abri dans la Ville Lumière »...

Quelques Libanais installés à Paris témoignent des sentiments qu'ils ont ressentis lors des attentats en série qui ont endeuillé la France. Tristes, choqués, angoissés, ils racontent.

AFP PHOTO / JOEL SAGET

Ils ont quitté le Liban et son insécurité pour une vie meilleure en France, à Paris, plus particulièrement. Qu'ils soient étudiants, employés, chefs d'entreprise ou parents, c'est la peur au ventre que ces Libanais de France vivent, depuis les attentats en série qui ont secoué la capitale française, vendredi soir, faisant au moins 132 morts et 350 blessés. Une peur irraisonnée pour certains au point de les paralyser. Une peur contrôlée pour d'autres, mais si présente, désormais. Car le terrorisme a touché Paris, la Ville Lumière où ils se sentaient à l'abri. Il a aussi touché des lieux qui leur sont familiers, le Bataclan, le Petit Cambodge, les cafés de la rue de Charonne, le Stade de France... Des lieux où ils auraient pu passer la soirée, en ce début de week-end, où certains se trouvaient, d'ailleurs.

Leur vécu libanais ne change pas grand-chose à leurs sentiments, au choc qu'ils ont ressenti, à la psychose qui les gagne. Tristes, inquiets, solidaires de Paris, mais aussi de Beyrouth touchée la veille par un attentat, ils font part de leur dégoût, de leur révolte même, face à ce terrorisme au nom de la religion qui tue des innocents dans une salle de spectacle ou à la terrasse d'un café.


(Lire aussi : Attentats de Paris : Ils étaient sur les lieux, des Libanais témoignent)

 

Mauvais pressentiment
La peur de sortir la paralyse, elle se force toutefois de réagir. Elle craint d'être directement « touchée par un attentat et que personne ne le sache ». Telle est la réaction de Fabienne, 19 ans, deux jours après le drame. La jeune étudiante a pourtant vécu l'insécurité au Liban, les attentats, les morts innocentes. « Mais les choses auraient été différentes, affirme-t-elle. J'aurais tellement voulu être au Liban, entourée de mes parents. Ils m'auraient sécurisée, réconfortée et protégée. Et puis ici, le terrorisme a touché une zone géographique très vaste et fait tellement de victimes. » « J'ai le sentiment qu'il est partout. » L'étudiante en arts du spectacle fait part de sa tristesse pour la France. « J'essaie de me mettre dans la peau des Français », dit-elle. Mais elle ne peut s'empêcher d'être encore plus triste pour ses compatriotes libanais qui ont perdu la vie dans l'attentat de Bourj el-Brajneh, jeudi dernier.

Eddy n'a pas cédé à la panique. Il était même étrangement calme au moment des faits. D'autant qu'il se trouvait au Stade de France avec son oncle. « J'avais un mauvais pressentiment, malgré l'ambiance de fête. Je me demandais ce qu'il se passerait si un attentat avait lieu dans cet énorme stade. Nous avons d'ailleurs quitté les lieux avant la fin du match, car j'ai compris, à la première explosion, qu'il s'agissait d'une bombe. » L'étudiant de 20 ans, à Sciences Po-Paris pour un semestre d'échange, se dit toutefois choqué par tout ce qu'il a vu, mais aussi par la facilité avec laquelle les terroristes peuvent circuler en Europe. « C'est effrayant, admet-il. Je rentrerais bien au Liban. » Mais en même temps, il se dit touché par la belle solidarité qui s'est manifestée, durant et après le drame. « J'ai reçu des dizaines de messages de mes amis libanais et étrangers, affirme-t-il. Et puis à la messe du dimanche, une prière a été récitée pour les victimes de l'attentat du Liban. »

Également touchée par cette formidable solidarité qui s'est organisée, Magali, une professionnelle de l'hôtellerie, raconte comment « les Parisiens ont ouvert leurs appartements pour héberger les personnes en détresse qui n'arrivaient pas à rentrer chez elles ou à rassurer leurs proches ». La jeune femme observe avoir réagi à la libanaise, dès les premiers instants du drame. « J'ai contacté mes parents, je les ai rassurés et j'ai demandé de mes proches et amis, comme on le fait au Liban. Car les lieux touchés me sont familiers. J'aurais pu y être, mes amis aussi. J'y retournerai d'ailleurs au plus tôt. » Mais elle est formelle. « On ne s'habitue jamais à des attentats terroristes, même si on en a vécu au Liban. » C'est avec tristesse qu'elle évoque les nombreux morts, « les disparus que leurs proches recherchent encore », tout en constatant que ces attentats ont porté un coup fatal à la capitale française. « La vie est aujourd'hui paralysée. Les lieux touristiques sont fermés. Les centres d'achat et les musées également. »


(Voir aussi : Attentats à Paris : les photos et vidéos d'une nuit cauchemardesque)

 

Les vieux réflexes libanais
Mêmes propos d'un chef d'entreprise, Edmond, qui constate avec « effroi » que ces attentats de grande envergure « ont touché chaque personne dans sa chair ». « Chacun d'entre nous connaît une personne décédée ou blessée dans l'attentat », déplore-t-il. « Difficile dans cette situation de ne pas ressentir de la peur pour soi ou pour ses enfants, note-t-il. On se croyait à l'abri dans la Ville Lumière. Mais on a vite fait de retrouver les vieux réflexes libanais, comme celui de téléphoner pour savoir quelle route emprunter ou pour demander de proches. » Le père de famille avoue qu'il s'attendait à une attaque terroriste. Le gouvernement avait prévenu les Français. « Mais on ne s'attendait pas à des attaques-suicide », lance-t-il, tout en se demandant si la France « a bien géré la montée de l'islamisme radical ».

Trois mères de famille « ayant fui le Liban en guerre pour vivre en sécurité » avouent être en « état de choc » et vivent dans « la psychose », dans « l'angoisse du lendemain ». Elles ne peuvent s'empêcher de demander pourquoi « on tue encore aujourd'hui au nom de la religion ». « Je suis sous sédatif depuis vendredi. Mes adolescents auraient pu être au Bataclan. Ils recherchent certains de leurs copains portés disparus », affirme Randa qui a perdu deux voisins dans les attentats. Nadine, elle, se dit « mortifiée ». « Je ne bouge plus de la maison. J'ai peur de prendre les transports en commun. Même mes enfants, aussi choqués, je leur demande de prendre des taxis », affirme-t-elle, craignant « que les choses n'aillent encore plus loin ». Dans cet état de choses, comment peut-on vivre normalement ? demande Tina, déterminée, mais sans savoir comment, à ne pas transmettre son angoisse à ses jeunes.

 

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commentaires (3)

Pas tous, évidemment ! Mais beaucoup d'entre eux quand même....

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

14 h 57, le 17 novembre 2015

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Pas tous, évidemment ! Mais beaucoup d'entre eux quand même....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 57, le 17 novembre 2015

  • "Sacrés" Franco-libanais ! Quels Niais.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 18, le 17 novembre 2015

  • La solution tactique suggérer par le « Décret Français n° 2015-1478 du 14 novembre 2015 modifiant le décret n° 2015-1476 du 14 novembre 2015 portant application de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 » est une usine à gaz qui ne sert qu’à donner l'impression qu'on contrôle la situation. La solution stratégique : Puisque l’islam est avant tout une constitution politique basé sur des prescriptions religieuses. Il faudra convaincre toutes les forces politiques et religieuses du monde musulman et décréter le texte suivant : « Les versets cités dans le coran et autres textes sacrés et qui sont contraire à la norme des civilisations du 21iem siècle sont annulés puisque ils ont été mis en place par les pouvoirs successifs pour assouvir des objectifs de pouvoir qui facilitent la dictature et la conquête de territoire. » Citer en annexe toutes ces versets contradictoires aux versets humanistes et qu’il faudra éliminer du Coran du Hadices et des autres textes sacrés. Sans cette réforme pas de solution, l’islam restera une mine intarissable de djihadiste qui passeront à l’acte justifiant leurs esprits criminels et pervers, puisque ils se basent sur des textes sacrés dictés par Dieu.

    DAMMOUS Hanna

    22 h 18, le 16 novembre 2015

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