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À La Une - témoignage

"La reprise des violences devait arriver tôt ou tard", estime un Palestinien de Jérusalem-Est

Zackaria Sabella, 31 ans et père de famille, revient pour L'Orient-Le Jour sur son quotidien depuis le début de la nouvelle vague de violences.

Un conducteur palestinien contrôlé par des policiers israéliens dans un quartier de Jérusalem-Est, le 14 octobre 2015. Photo AFP/MENAHEM KAHANA

Depuis le 1er octobre, une vague de violences oppose Israéliens et Palestiniens. Selon un décompte de l'AFP, publié le 23 novembre, les attaques anti-israéliennes, les heurts et les attaques mutuelles entre Palestiniens et colons israéliens ont fait 90 morts côté palestinien (dont un Arabe israélien), 16 côté israélien ainsi qu'un Américain et un Erythréen.

Les violences ont débuté dans la Vieille ville de Jérusalem, où se trouve la très sensible esplanade des Mosquées, le troisième lieu saint de l'islam et le site le plus sacré du judaïsme. Mais elles se concentrent désormais autour d'une autre poudrière: Hébron, dans le sud de la Cisjordanie.

Depuis le début de la crise, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu a pris toute une série de mesures visant à durcir la répression, de la démolition de maisons de Palestiniens accusés d'être les auteurs d'attentats, au refus de restituer les corps des Palestiniens tués, en passant par une loi prévoyant une peine minimale de trois ans de prison pour les lanceurs de pierres.

Zackaria Sabella, un Palestinien chrétien de 31 ans habitant à Beit Hanina, une banlieue de Jérusalem-Est à mi-chemin entre Ramallah et Jérusalem, raconte à L'Orient-Le Jour le quotidien des Palestiniens dans ces conditions.
"Une grande anxiété et beaucoup de stress". C'est ainsi que Zackaria Sabella résume son état d'esprit depuis la reprise des violences. "J'évite de sortir, je rencontre mes amis autant que possible dans des maisons. Si jamais nous décidons de sortir, nous nous rendons à Ramallah où nous nous sentons plus à l'aise, raconte le jeune Palestinien, près d'une petite fille. J'évite également de conduire dans les quartiers à prédominance juive".

 

L'une des peurs qui taraude Zackaria Sabella, comme beaucoup d'autres Palestiniens, est de se retrouver dans une situation où il pourrait être soupçonné de vouloir commettre un crime et d'être abattu dans la foulée. Une peur alimentée par une histoire qui a frappé pas si loin de lui. A la mi-octobre, alors qu'il était réuni avec un collègue, ce dernier apprend que le fils d'un de ses amis a été tué. "La presse israélienne a présenté Moustapha comme un terroriste ayant essayé de poignarder un policier israélien à Jérusalem. La presse palestinienne et des témoins racontent que Moustapha a été abattu après avoir refusé d'obéir à un policier qui lui ordonnait de retirer ses mains de ses poches, raconte Zackaria Sabella. Les photos de Moustapha, gisant dans une mare de sang, son corps dépouillé de ses vêtements par la police israélienne, confirment la version palestinienne : il n'y avait ni couteau ni tournevis à ses côtés".

 

(Pour mémoire : Majed Bamya à « L'OLJ » : « L'Autorité palestinienne n'est pas là pour assurer la sécurité de l'occupant »)


Le jeune Palestinien n'est pas surpris par l'éruption de ce nouveau round de violences. "La reprise des violences devait arriver tôt ou tard. Quand il n'y a pas de processus politique et quand les jeunes sentent que le statu quo devient la norme, ils explosent", répond-il. Selon lui, "ceux qui commettent des actes de violence sont des adolescents qui n'ont pas de perspectives économiques ou sociales d'avenir et qui en ont ras-le-bol. Ils ont entendu les mêmes histoires encore et encore et estiment qu'ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour changer leur réalité."
Selon lui, dans le contexte actuel, les Palestiniens, qui ne voient pas d'issue à la crise, sont de plus en plus en colère et deviennent moins tolérants. "Ils veulent se faire entendre. Certains expriment leur colère et leur frustration dans la violence, d'autres via l'art, l'écriture, ou par d'autres moyens".


Une frustration alimentée par la perception qu'ils sont de la vie des Israéliens. "Il me semble qu'ils ont une vie très confortable, contrairement à la mienne, plombée par l'occupation", souligne ainsi ce père de famille. "Les Israéliens sont maîtres dans le maintien du statu quo, poursuit-il. Nous sommes enfermés dans un cercle vicieux". Selon lui, "en l'absence d'une direction palestinienne et d'une révolution organisée, la tension finira tomber, mais pas pour longtemps. Le peuple palestinien va toujours être délaissé et se sentira encore une fois abandonné. Cela finira par déclencher une autre vague de violences..."

Aujourd'hui, s'il assure ne pas vouloir baisser les bras ou quitter son pays, Zackaria Sabella lâche, tout de même : "si la situation continue à se détériorer, je pourrai prendre une pause et partir pour quelques années".

 

 

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Depuis le 1er octobre, une vague de violences oppose Israéliens et Palestiniens. Selon un décompte de l'AFP, publié le 23 novembre, les attaques anti-israéliennes, les heurts et les attaques mutuelles entre Palestiniens et colons israéliens ont fait 90 morts côté palestinien (dont un Arabe israélien), 16 côté israélien ainsi qu'un Américain et un Erythréen.Les violences ont débuté...

commentaires (2)

Il a découvert le fil à couper le beurre, ce palestinien, vraiment !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

17 h 42, le 24 novembre 2015

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Commentaires (2)

  • Il a découvert le fil à couper le beurre, ce palestinien, vraiment !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    17 h 42, le 24 novembre 2015

  • ET LE PLUS TÔT SERA LE MIEUX !! IL NE FAUT SURTOUT PAS QUE LA PRESSION SUR LES VOLEURS DE TERRE SE RELÂCHE . LA TÊTE DE BASHAR LE RESISTANT CONTRE CELLE DE NATIBABA ET SES 40 VOLEURS !

    FRIK-A-FRAK

    16 h 08, le 23 novembre 2015

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