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Moyen Orient et Monde - Sommet

La diplomatie « kerfuffle » de Bibi n’a rien pu changer

La 16e rencontre Obama-Netanyahu passée à la loupe.

Face-à-face apparemment tendu hier à la Maison-Blanche entre Benjamin Netanyahu et Barack Obama. AFP Photo/ Saul Loeb

La diplomatie « kerfuffle » (mot écossais pour bagarre), comme l'appelle le Los Angeles Times, du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui a précédé sa rencontre hier avec le président Barack Obama à la Maison-Blanche, n'a rien pu changer. Elle s'était manifestée par une annonce publique qu'il était contre la solution de deux États (israélien et palestinien), et par sa nomination d'un porte-parole ayant qualifié Barack Obama « d'antisémite » et le secrétaire d'État John Kerry de « comique». Sans parler des rancunes anciennes : l'autorisation de construire de nouvelles colonies juives et sa guerre contre l'accord avec l'Iran. Face à ces données, la Maison-Blanche a annoncé la semaine dernière, et pour la première fois depuis deux décennies, que la solution des deux États n'est plus possible avant la fin du mandat du président Obama. Ce qui a dû perturber Bibi. D'autant que Robert Malley, le coordinateur de la Maison-Blanche pour le Moyen-Orient, qui, après avoir énuméré les échecs des efforts américains depuis le président Bill Clinton pour l'aboutissement de la solution des deux États, a dit : « Le président est arrivé à cette conclusion, qu'à présent, pour dépasser le changement majeur opéré par Netanyahu, les parties (israélienne et palestinienne) ne seront pas en position de négocier un accord final. »

Tout cela a dû être au centre de la rencontre entre le président américain et le Premier ministre israélien qui, pour sa part, craint, selon un analyste de ce dossier, « que son pays ne perde une importante dimension de son standing international. Rendant Israël un pays comme un autre, et même comme un « apartheid». Ce qui risquerait d'élargir le mouvement européen « Boycott Israël », qui exige notamment que les produits provenant d'Israël précisent leur source exacte, car ceux des territoires occupés avaient souvent été estampillés par le label « Made in Israël ».

(Lire aussi : Henry Laurens : « Je suis aujourd’hui d’un pessimisme total sur le conflit israélo-palestinien et la région »)

 

Sur le tapis, « sécurité au Moyen-Orient » et « valeurs communes »
Ces actions prouvent que le moule des relations israélo-américaines a changé. Le New Jersey Jewish News écrit : « Le voyage de Bibi à Washington, ce n'est pas des vacances » et Haaretz titre : « Netanyahu va-t-il rencontrer Obama en position de faiblesse ? » Ajoutant : « Israël va apprendre avec difficulté que sans un profond pacte idéologique avec les USA, il n'aura pas non plus une alliance stratégique viable avec ce pays. »
M. Netanyahu va essayer de sortir de vieux tours de ses manches en annonçant qu'il va débuter des mesures de détente avec les Palestiniens mais, pense-t-on, « too little, too late ». Il a aussi demandé deux milliards de dollars additionnels à l'aide américaine annuelle qui est déjà de 3 milliards. Il l'aura éventuellement mais ce qu'il n'aura pas ce sera l'équivalent de 50 milliards en armes pour garder Israël en position de supériorité avec l'Iran. Pour la simple raison que son grand allié, le Congrès, s'en ira dans un an avec Obama, que le monde est aux prises avec le chamboulement que l'on connaît et que le budget américain se débat avec ses moult problèmes.

 

(Lire aussi : Quand le nouveau conseiller com' de Netanyahu accusait Obama d'antisémitisme)

 

Il n'est pas sûr que cette rencontre au bureau Ovale change le degré d'animosité entre les deux hommes. Comme il sera encore plus difficile pour M. Netanyahu de dissiper l'atmosphère empoisonnée prévalant dans la communauté juive américaine à cause de sa campagne acharnée contre l'accord nucléaire avec l'Iran.
Hier matin, bien avant la rencontre de ces deux hommes, le New York Times écrivait : « Si l'actuelle animosité entre les États-Unis et Israël n'est pas unique en son genre dans l'histoire des relations entre leur gouvernement, elle est la pire depuis plus de deux décennies. M. Netanyahu sent que le président américain ne le respecte pas et qu'il n'a pas à cœur l'intérêt d'Israël et M. Obama se sent lésé quand il est qualifié d'anti-israélien, en dépit de l'immense aide sécuritaire qu'il a fournie à ce pays. » Néanmoins, le président Obama a dit hier, avant la réunion : « C'est là l'occasion de discuter des questions sécuritaires car les choses sont en train d'empirer au Moyen-Orient. Et la sécurité d'Israël reste notre grande préoccupation. » D'où aussi la nécessité de « faire baisser la tension entre Palestiniens et Israéliens ». M. Netanyahu a souligné la nécessité d'œuvrer sur une base de « valeurs communes ».

Suite à leur rencontre, Barack Obama et Benjamin Netanyahu se sont donc efforcés de mettre en avant la solidité des liens entre les États-Unis et Israël. Pour leur première rencontre depuis plus d'un an, le président américain et le Premier ministre israélien ont ainsi insisté, devant les journalistes, sur l'importance de leur coopération au moment où le Proche-Orient est secoué par de violentes secousses. M. Obama a jugé que cette visite était une « preuve du lien extraordinaire » existant avec l'État hébreu tandis que M. Netanyahu saluait une occasion de renforcer « l'amitié, qui est forte, et l'alliance, qui est forte », entre les deux pays.
De son côté, le Premier ministre israélien a affiché sa détermination à trouver une solution au conflit israélo-palestinien. « Nous n'avons pas abandonné nos espoirs de paix, nous ne le ferons jamais », a-t-il lancé, affirmant son engagement en faveur d'une solution à « deux États » caractérisée par « un État palestinien démilitarisé qui reconnaisse l'État juif ».

 

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La diplomatie « kerfuffle » (mot écossais pour bagarre), comme l'appelle le Los Angeles Times, du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui a précédé sa rencontre hier avec le président Barack Obama à la Maison-Blanche, n'a rien pu changer. Elle s'était manifestée par une annonce publique qu'il était contre la solution de deux États (israélien et palestinien), et par sa...

commentaires (2)

Tactique typique de Netanyahu ...il exagère son intérêt ...pour ce qu'il ne veut pas acheter ...et minorise ce qui l'intéresse vraiment ...c'est drôle les iraniens utilisent la même tactique...!

M.V.

09 h 05, le 10 novembre 2015

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Commentaires (2)

  • Tactique typique de Netanyahu ...il exagère son intérêt ...pour ce qu'il ne veut pas acheter ...et minorise ce qui l'intéresse vraiment ...c'est drôle les iraniens utilisent la même tactique...!

    M.V.

    09 h 05, le 10 novembre 2015

  • RIEN QU'À VOIR LES DEUX FACES... ON DEVINE LES DEUX PLACES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 41, le 10 novembre 2015

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