Notre consœur de la LBCI Dima Sadek a été entendue hier par l'avocat général près la Cour de cassation, le juge Imad Kabalan, suite à la plainte adressée contre elle par le Hezbollah l'accusant de diffamation. Elle a été libérée sous caution d'élection de domicile.
À la suite de la séance d'interrogatoire, l'avocat de la journaliste, Marc Habka, a déclaré que sa cliente « respecte le pouvoir judiciaire et a affirmé qu'elle n'a rien à voir avec tout ce dont elle a été accusée. Mme Sadek respecte, à l'instar de l'établissement où elle travaille, tous les partis politiques, dont le Hezbollah », a-t-il ajouté avant de poursuivre : « L'investigation a porté sur deux points essentiels : un épisode télévisé où a été évoquée la corruption, ainsi que des prises de positions qui lui ont été attribuées et dans lesquelles elle aurait accusé certains membres du Hezbollah de corruption. » Selon lui, « Mme Sadek continuera à travailler à la LBCI ».
« Nous avons confirmé aujourd'hui que la LBCI est neutre », a affirmé le PDG de la chaîne Pierre Daher, avant de signaler que « rien ne montre que Dima, ou encore la LBCI, ont pris des positions contre un camp politique ». M. Daher a rappelé que « conformément à la loi, la séance d'aujourd'hui (hier) est le point de départ de toute poursuite visant des journalistes. Et il revient au juge de décider du transfert du dossier au tribunal des imprimés ».
Pour sa part, Mme Sadek s'est dit « très réconfortée, car le dossier est devant le pouvoir judiciaire ».
« J'ai confiance... »
Plus tard dans la journée d'hier, Mme Sadek a répondu, via L'Orient-Le Jour, à l'avocat du Hezbollah, « car c'est la seule chose que je peux faire, selon mon avocat ».
« Le document qu'on m'a accusée de publier sur Facebook et Twitter, et dans lequel j'accuserais le Hezbollah de corruption n'existe pas », a-t-elle déclaré avant de poursuivre : « J'ai été libérée sous caution d'élection de domicile, la peine la plus légère dans un tel cas, ce qui signifie que le juge ne me considère pas coupable et n'aura plus besoin de moi. J'ai confiance dans le pouvoir judiciaire libanais et je suis couverte par la loi », a-t-elle encore dit avant de remercier Pierre Daher, « qui a été présent sur toute la ligne et a déclaré que la LBCI était neutre (et donc moi aussi), ainsi que mes collègues journalistes qui m'ont exprimé leur soutien ».
À son tour, notre consœur de la Future TV Paula Yaacoubian a commenté les poursuites engagées contre Mme Sadek. « C'est un procès vide visant à terroriser les journalistes », a-t-elle déclaré à L'OLJ, avant d'ajouter : « Je suis pour des poursuites à l'encontre de toute personne pratiquant la diffamation. Mais là, nous sommes devant une journaliste connue pour son professionnalisme et son objectivité. » Mme Yaacoubian a estimé « illogique que les journalistes soient encore poursuivis, tout comme il n'est pas sensé qu'un parti aussi organisé que le Hezbollah ne sache pas qu'il est impossible à une journaliste de la télévision de l'attaquer, via les réseaux sociaux, pour la simple raison qu'elle est amenée à accueillir ses représentants dans son talk-show ». Elle a appelé « au plus grand soutien à Dima Sadek car elle fait face à des comportements infantiles ».
L'audience de la LBCI
À l'instar de Mme Yaacoubian, le journaliste Charles Jabbour, membre de l'association Journalistes contre la violence, a estimé que « la plainte adressée contre ma collègue Dima Sadek s'inscrit dans le cadre de la terreur politique exercée contre les journalistes pour les empêcher de remplir leurs fonctions ». M. Jabbour nous a déclaré qu'« à travers ce procès, le Hezbollah a voulu donner une leçon aux journalistes ». Il ne manque pas, toutefois, de rappeler que « le pouvoir judiciaire a le droit de poursuivre les journalistes quand ces derniers pratiquent la diffamation, mais qu'il n'est pas en droit de le faire quand ils ne font que poser des questions aux personnes concernées ».
Selon le journaliste, « le Hezbollah a adressé une plainte contre Mme Sadek pour des raisons multiples, dont notamment la large audience dont bénéficie la LBCI, sans oublier le fait que le parti veut brider les ardeurs des médias désirant s'attaquer au dossier du Captagon ».
Notons que le président de l'ordre des rédacteurs Élias Aoun a estimé que « les procès contre les journalistes et se rapportant à leur métier relèvent de la compétence du tribunal des imprimés, et c'est le cas de notre collègue Dima Sadek », tout en exprimant son souhait « de voir le dossier transféré au tribunal compétent ».
Dans un communiqué publié hier, M. Aoun a affirmé que « l'ordre des rédacteurs se réfère aux lois en vigueur, en particulier celles se rapportant à la presse ». « Nous apprécions la référence de toutes les parties qui se sentent lésées par les journalistes ou les médias au pouvoir judiciaire, mais nous insistons sur le fait que le tribunal des imprimés tranche de tels litiges, sachant que les modifications de la loi des imprimés de 1994 ont annulé l'emprisonnement des journalistes », a ajouté M. Aoun.
Signalons enfin que certains journalistes ont organisé, hier, des sit-in à Halba (Akkar), et devant le Palais de justice à Beyrouth, pour protester contre les poursuites engagées contre les journalistes.
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Le Hezbollah est le cancer du Liban Il n'y a pas de thérapie connue pour nous en débarrasser. Nous vivons tous les jours au Liban sous les directives de l'Iran, via Hezbollah Avant de s'adresser à la justice libanaise, le Hezbollah devrait balayer devant sa porte Je suis nul en juridique, mais si j'étais le procureur, le juge ou le Président de l'audience, j'aurais rejeté l'inculpation du Hezbollah. Mais il ne le fera pas, il y a grand risque de voiture piégée dont le Hezbollah a l'art de montrer son innocence dans ce genre d'acte
FAKHOURI
15 h 43, le 05 novembre 2015