Rechercher
Rechercher

Liban - Social

Enseignants et fonctionnaires frappent à nouveau à la porte du Parlement

L'année scolaire 2015-2016 sera-t-elle compromise, tout comme celle qui l'avait précédée, avec le début, à partir d'aujourd'hui, de la série des journées de grève des enseignants ? Telle est la grande appréhension des parents et des directeurs des écoles privées.

Le syndicat des enseignant des écoles privées a une nouvelle fois recours à la rue pour faire pression sur le Parlement qui retarde l'adoption de la nouvelle grille des salaires. Photo d'archives OLJ.

L'enseignement primaire et complémentaire des secteurs public et privé seront en grève aujourd'hui suite à l'appel lancé par le syndicat des enseignants des écoles privées avec le Comité de coordination syndicale (CCS). Ce dernier a appelé aussi à une grève aujourd'hui dans les administrations et institutions publiques, et les instituts d'enseignement technique.
Le syndicat des enseignants des écoles privées avait décidé dès le début de l'année scolaire d'engager une nouvelle épreuve de force avec les responsables sur fond de divisions politiques qui paralysent le pays et une situation socio-économique qui se fait de plus en plus pesante pour les Libanais.
Le Comité de coordination syndicale a également appelé les enseignants et les fonctionnaires à observer un sit-in ce matin à 11h, devant le ministère des Affaires sociales à Beyrouth et d'autres bâtiments publics. L'objectif de cette grève est de faire pression sur la Chambre afin d'obtenir l'inscription de l'échelle des traitements et salaires dans le secteur public à l'ordre du jour de la session parlementaire, mais dont les priorités sont la nouvelle loi électorale et la loi sur la récupération de la nationalité.

L'appel à la grève des enseignants a été lancé après la réunion du conseil exécutif du syndicat des enseignants en fin de semaine dernière. Si l'inscription à l'ordre du jour n'a pas lieu, le syndicat et le CCS ont menacé de « redescendre dans la rue », précise un communiqué du conseil exécutif. Le CCS, qui réclame l'adoption par le Parlement de la nouvelle grille des salaires dans le secteur public et les écoles privées, avait en effet annoncé auparavant qu'il prévoyait d'observer trois jours de grève, les 20 et 26 octobre ainsi que le 4 novembre.
Celle du 20 octobre avait été remplacée par un sit-in devant le siège de la Cour des comptes durant lequel le président du syndicat des enseignants des écoles privées, Nehmé Mahfouz, avait affirmé que les membres de la profession et le CCS allaient poursuivre leur action jusqu'à ce que la grille des salaires soit placée à l'ordre du jour de la Chambre des députés.

M. Mahfouz compte sur le fait que la grève d'aujourd'hui coïncide avec la tenue de la conférence nationale de dialogue et attirera de ce fait l'attention des décideurs. « La grille des traitements et salaires est plus importante que la loi électorale, et plus aussi que la loi sur la récupération de la nationalité », avait-il lancé vendredi dernier depuis le siège du syndicat.
« Que veulent-ils ? Qu'on meure noyés en essayant de quitter le pays ? » avait-il ajouté rappelant ainsi le cas de centaines de Libanais qui essayent de rejoindre l'Europe via la Turquie en prenant clandestinement des bateaux depuis le port de Tripoli.
Les professeurs du secondaire public, par contre, ne suivront pas l'ordre de grève, s'étant contentés d'une journée de grève symbolique mardi dernier. Leur non-participation est due au fait qu'ils se sentent lésés à leur niveau par la grille proposée. Aujourd'hui sera donc une journée de classe normale dans le cycle secondaire. Mais ils n'ont pas pour autant décidé de boycotter la grève prévue par le syndicat de M. Mahfouz le 4 novembre si le Parlement décidait d'ignorer une fois de plus les demandes des grévistes.

 

(Lire aussi : Nehmé Mahfouz menace d'un nouveau recours à la rue si la grille des salaires n'est pas approuvée)

 

Les enseignants, pas les écoles
Pour sa part, le secrétaire général des écoles catholiques, le père Boutros Azar, a tenu à rappeler que « ce ne sont pas les écoles qui seront en grève, mais les enseignants », et qu'à ce titre, ils devront assurer un jour d'enseignement supplémentaire pour chaque jour de grève. Le responsable a demandé aux directions des écoles catholiques de préciser ce détail avec leur personnel enseignant.
Hier encore, tard en soirée, des enseignants du secteur privé étaient hésitants entre suivre les instructions du syndicat qui les invitait via SMS à être en grève ce matin ou se plier aux pressions de leurs directions respectives et dont certaines ressemblent plus à des menaces.


(Pour mémoire : Hanna Gharib à « L'OLJ »  Les droits des enseignants sont « avalés par les requins de la finance »)


« Ce n'est pas notre employeur qui décide si nous devons être en grève ou non! Il est normal qu'il essaye par divers moyens de nous empêcher d'arrêter le travail car son devoir en tant que directeur d'école, c'est d'assurer les cours aux élèves quelles que soient les contraintes ! La décision nous appartient et nous devons respecter les directives du syndicat. Celui-ci ne nous oblige pas d'ailleurs à manifester, mais il nous invite à observer la grève au sein de nos établissements respectifs qui restent notre lieu de travail », explique Antoine, enseignant dans les classes complémentaires d'une école catholique.
« Selon le texte de loi, nul n'a le droit de sanctionner un enseignant pour sa participation à la grève. Mais cela dit, je comprends les parents qui voient d'un mauvais œil ces mouvements contestataires, car ils sont au travail ce jour-là et s'endettent souvent pour régler des scolarités toujours à la hausse ! » ajoute Karim, un enseignant de langue arabe dans une école privée.

Les comités des parents ont de leur côté exprimé à nouveau leur désapprobation face à de nouvelles interruptions des cours qui perturbent l'année scolaire de leurs enfants. « Les enseignants devraient plutôt réclamer l'élection d'un président de la République qui veillera au bon fonctionnement des institutions et à l'octroi des droits », pouvait-on lire dans le communiqué des comités des parents des écoles privées du Kesrouan. Les parents craignent par ailleurs que l'adoption de cette nouvelle grille des salaires ne se concrétise par une augmentation de la scolarité.
Le spectre d'une grève générale s'installe donc à nouveau dans les esprits sans en arriver pour autant à la menace de boycott des examens officiels. Pour le ministre de l'Éducation, Élias Bou Saab, il n'est pas question que l'année scolaire soit compromise malgré la reconnaissance qu'une amélioration des conditions de vie des enseignants est un droit et une nécessité mais pas au détriment des intérêts des élèves. Le ministre a par ailleurs critiqué l'action des syndicats. « Réclamer l'adoption de la nouvelle grille des salaires est un droit, mais les professeurs doivent savoir qu'ils se sont parfois trompés dans la méthode utilisée, a-t-il déclaré. Le CCS en est arrivé à vouloir m'apprendre à faire mon travail, et je souhaite que chaque partie connaisse son rôle, et son travail. »

Le CCS réclame depuis quatre ans déjà le vote de la nouvelle grille des salaires dans le secteur public et les écoles privées. Le principal problème qui entrave l'approbation de cette grille est la détermination des sources de financement. Les organismes économiques avaient averti dans le passé du danger que pouvait représenter l'adoption de cette grille sur la fiscalité de l'État qui n'a pas trouvé encore, selon eux, les moyens de financer ces augmentations de salaires à l'échelle nationale.

 

Lire aussi
Frais de scolarité, école publique, bons plans : à l'heure de la rentrée, la parole aux parents

L'enseignement primaire et complémentaire des secteurs public et privé seront en grève aujourd'hui suite à l'appel lancé par le syndicat des enseignants des écoles privées avec le Comité de coordination syndicale (CCS). Ce dernier a appelé aussi à une grève aujourd'hui dans les administrations et institutions publiques, et les instituts d'enseignement technique.Le syndicat des...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut