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Liban - Grille des salaires

Hanna Gharib à « L’OLJ » : Les droits des enseignants sont « avalés par les requins de la finance »

Faible participation au sit-in central des enseignants et fonctionnaires devant le siège du ministère de l'Éducation, à l'Unesco.

Les enseignants ont brandi des pancartes sur lesquelles ils ont inscrit leurs revendications. Photo Rania Raad Tawk

Les mouvements de protestation suspendus durant huit mois ont repris hier, quoique timidement, par les catégories socio-professionnelles concernées en vue d'obtenir l'approbation de la grille des salaires. Celle-ci doit être examinée par les commissions parlementaires avant d'être soumise une fois de plus au vote en séance plénière. La question des sources de financement est le principal problème qui retarde sans cesse son approbation.
Devant le siège du ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, la participation des manifestants était faible cette fois-ci, avec un nombre limité de fonctionnaires et d'enseignants. Les professeurs présents ont attribué cela au fait que le sit-in était organisé lors d'une journée de travail normal et qu'en suspendant les cours seulement une heure avant l'heure prévue pour le rassemblement, bon nombre d'enseignants ne pouvait arriver à temps.
« Ce mouvement de protestation a été décidé sans aucune préparation préalable d'une feuille de route ou d'un plan d'action, ou même une convocation à une assemblée générale en vue de décider ensemble des étapes suivantes », a déclaré Hanna Gharib devant le siège du ministère, à l'Unesco, à L'Orient-Le Jour.


Ancien président du syndicat des écoles publiques, M. Gharib, fer de lance, avec son homologue du privé, Nehmé Mahfoud, de la campagne pour l'adoption de la nouvelle grille des traitements et salaires dans le public et pour les enseignants du privé, a été écarté en janvier dernier de la tête du syndicat, dont il n'est plus que l'un des membres du conseil.
Il exprime sa déception envers tous les responsables politiques qui ne donneront rien au « pauvre enseignant après avoir donné à d'autres secteurs un réajustement de 121 % sans aucun problème ». En écoutant d'une oreille sourde des membres du Comité de coordination syndicale (CCS) déclamer leurs allocutions « tièdes », selon les mots de certains manifestants, le ténor syndical se contente de hocher la tête pour montrer sa désapprobation. Limogé depuis plusieurs mois, il n'a pas voulu prendre la parole hier. « Ce sit-in n'est qu'une mise en scène avec l'accord des responsables, qui ne veulent pas nous donner nos droits, rien ne changera, mais c'est fini ils ne pourront pas échapper à la grille des salaires et à l'octroi de la cherté de vie aux Libanais sur le dos desquels ils essaient de faire des économies », lance-t-il avec un regard désabusé et quelque part inquiet. « La corruption est partout, au niveau des politiciens, des administrations des écoles, des comités des parents, des syndicats, les requins de la finance ont tout avalé malheureusement », conclut ce personnage quasi mythique de l'action syndicale au Liban.


De leur côté, les membres du CCS ont mis l'accent dans leurs interventions respectives notamment sur le réajustement des salaires des fonctionnaires qui n'ont pas été révisés depuis 1996, malgré l'inflation qui a atteint 75 %, selon Abdo Khater, président de la Ligue des enseignants du secondaire. Ils ont par ailleurs invité les députés à adopter au plus tôt la grille des salaires pour sauver le peuple de « la misère » et de « l'humiliation » et assurer à une importante fraction du peuple libanais un niveau de vie décent. Le CCS a affirmé enfin que le rassemblement d'hier n'est qu'un début, une journée de grève générale ayant été fixée au 23 avril.


Les écoles publiques ont fermé leurs portes à partir de midi dans la région de Baabda et la banlieue tandis que les écoles privées, à l'exception de quelques-unes, ont continué à dispenser des cours normalement. Des sit-in ont également eu lieu dans plusieurs autres régions du pays à l'appel du CCS, notamment à Saïda, Jounieh, Jbeil, Nabatiyeh, Hermel, Zahlé et Aley. À Tripoli, où le président du syndicat des enseignants des écoles privées, Nehmé Mahfoud, avait appelé à une participation massive des enseignants de ces écoles, les cours ont été suspendus à midi et les membres du corps enseignant ont pu ainsi participer au sit-in devant le siège du département de l'Éducation dans le chef-lieu du Liban-Nord.
Le ministre de l'Éducation, Élias Bou Saab, en visite au lycée public de Jbeil, a estimé pour sa part que l'approbation de la grille des salaires était « un droit des enseignants qu'ils doivent obtenir ». Il a révélé par ailleurs que des réunions entre les différents pôles politiques se tiennent loin des médias afin de finaliser les chiffres concernant le financement de la grille et que l'ambiance est positive. « La réunion du Conseil des ministres prévue pour le 14 avril est une date-clé » à cet effet, selon lui.

Les mouvements de protestation suspendus durant huit mois ont repris hier, quoique timidement, par les catégories socio-professionnelles concernées en vue d'obtenir l'approbation de la grille des salaires. Celle-ci doit être examinée par les commissions parlementaires avant d'être soumise une fois de plus au vote en séance plénière. La question des sources de financement est le principal...

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